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A Standing Rock, les manifestants se dressent contre le Dakota Access Pipeline

Catégories: Etats-Unis, Cyber-activisme, Droits humains, Environnement, Ethnicité et racisme, Guerre/Conflit, Manifestations, Médias citoyens
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Cette image a été prise par Josué Rivas, [1]photographe basé en ce moment à Standing Rock.

Depuis des mois, les Sioux Lakotas se rassemblent pour bloquer une incursion du Dakota Access Pipeline sur leurs terres. Ils se disent les Protecteurs de l'eau, car la construction de l'oléoduc compromettrait la qualité de l'eau potable dans la Réserve sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord.

Les Lakotas ont été rejoints par plus de deux cents autres tribus ainsi que par des militants du monde entier. En septembre 2016, suite à la destruction de sites sacrés sioux, l'administration Obama a temporairement arrêté les travaux.

Cependant, le 27 octobre, la police anti-émeutes a marché sur les manifestants, utilisant le campement de ceux-ci sur un terrain privé pour justifier leur mouvement.

A l'origine, l'oléoduc devait passer près de Bismarck, dans le Dakota du Nord, mais fut détourné pour traverser les terres des Lakotas. Cet extrait d'un documentaire sur les femmes de Standing Rock résume les enjeux. “Nous luttons encore dans le même conflit depuis le XVIIIe siècle”, affirme l'une des personnes interrogées.

Avant les médias sociaux, nous n'avions pas cette influence

Cet article examine quelques uns des billets publiés et partagés par les gens présents à Standing Rock et ceux qui y sont connectés d'une façon ou d'une autre.

Les médias sociaux ont donné la parole à ceux qu'on aurait autrement fait taire. Parmi ceux qui défendent les droits relatifs à l'eau et à la protection des terres indigènes, beaucoup sont pauvres. Dans ce court film publié sur la BBC [2], Juliana Brown Eyes explique :

We live in a rural area. We live in an impoverished area. Before social media, we didn't have this kind of pull — you know — in the world.

Nous vivons à la campagne. Nous vivons dans une région pauvre. Avant les médias sociaux, nous n'avions cette influence, vous savez, dans le monde.

Elle a diffusé l'image ci-dessous sur Instagram [3]. Elle s'est rendue à Standing Rock pour protester contre le Dakota Access Pipeline. Elle avait peint ses mains en bleu pour symboliser l'eau.

Oglala Lakota Tribal members Scotti Clifford & Juliana Brown Eyes-Clifford from the band Scatter Their Own have been arrested for protesting against the Dakota Access Pipeline. They have been standing in solidarity with their relatives in Standing Rock SD to protect the sacred water! You can contribute to the Legal Defense Fund for Sacred Stone Spirit Camp. https://fundrazr.com/d19fAf [4]

A photo posted by Juliana Brown Eyes (@julianabrowneyes) on

Les membres de la tribu Oglala Lakota Scotti Clifford et Juliana Brown Eyes-Clifford du groupe Scatter Their Own ont été arrêtés pour avoir manifesté contre le Dakota Access Pipeline. Ils faisaient acte de solidarité avec leurs familles de Standing Rock pour protéger l'eau sacrée ! Vous pouvez participer au Fonds pour la défense légale du camp de Sacred Stone Spirit sur https://fundrazr.com/d19fAf. [5]

 

Enterre mon coeur…

Sur Instagram, schwifty.squanch [6] a publié une image comparant la bataille de Wounded Knee en 1890 [7] et la situation a Standing Rock en 2016. En 1890, au moins 150 Sioux Lakotas ont été massacrés par la cavalerie américaine.

Elle écrit :

The pipeline was supposed to be built north of #Bismarck [8] #NorthDakota [9] but was called off due to the ‘potential danger’ it held for the community. So what'd they decide? ‘Let's put it north of the #Natives [10]. But this is the crazy part it threatens a city but not a small community? Because why? We're expendable?

L’oléoduc devait être construit au nord de Bismarck, mais ça a été annulé à cause du “danger potentiel” qu'il représentait pour la ville. Alors qu'est-ce qu'ils ont décidé ? De le mettre plus au nord, chez les Indiens. Mais c'est de la folie, ça menace une ville mais pas une petite communauté ? Et pourquoi ? On n'est pas importants ?

#nodapl this is not a native Issue it's a human issue this is going on literally less than an hour from where I am it's scary it's heart breaking and unnecessary. What's going on is there is a pipeline attempting to be built that is right north not even a mile north of the #StandingRockSiouxTribe and less than a half mile west of the #MissouriRiver and a mile north or the #CannonballRiver there is the community of #Cannonball directly south of this pipeline. When the pipeline bursts it'll take less than 2 minutes for the people water to be contaminated it'll take an hour and the capital of #SouthDakota and so on and so fourth. The pipeline was supposed to be built north of #Bismarck #NorthDakota but was called off due to the ‘potential danger’ it held for the community. So what'd they decide? ‘Let's put it north of the #Natives. But this is the crazy part it threatens a city but not a small community? Because why? We're expendable? The pipeline shouldn't even be built because if it is moved south of this reservation it's directly above another if it's moved south of there it's directly above a major city if it's moved south of there it's over another rez and so on and so fourth. This is not just #NativeLands we are protecting it's ALL of ours. Anyone who lives in the #greatplains region this is your battle too. #nodapl #WakeUp [11]

A photo posted by B.M.W. (@schwifty.squanch) on

Sur Facebook, [12]l'auteur Anthony Roberts résume la lutte en de simples termes : “le Pouvoir de l'amour contre l'Amour du pouvoir”.

Peut-on trouver une solution ?

Les dirigeants cheyennes et sioux ont dénoncé le traitement qui leur est réservé auprès du bureau du shérif du comté de Morton, la police de la région.

tribal-chiefs-speak-out-nodapl [13]

Dave Archambault II, chef tribal des Sioux de Standing Rock, a déclaré :

We are being arrested for trespassing on our own land […] All we have is support. All we have is unity. All we have are our prayers. And it's strong. We still have a chance.

On nous arrête pour intrusion sur notre propre terre […] Nous n'avons que du soutien. Nous n'avons que de l'unité. Nous n'avons que nos prières. Et c'est fort. Nous avons encore une chance.

Le rédacteur en chef de Mother Jones Wes Enzinna a communiqué sur ce qu'il appelle un “signe encourageant” : une réunion du shérif du comté de Morton avec les chefs tribaux.

Signe encourageant : le shérif du comté de Morton et les chefs tribaux se rencontrent sur le pont de la route 1806.

Le grand éveil

Après la destruction du camp par les unités anti-émeutes, la musicienne Kelli Love a publié sur Facebook [18] un poème qu'elle a écrit :

I speak to your warrior heart,
Sometimes it is not easy to find compassion and love in the face of violence.
To pray for the men in uniform waging war on my brothers and my sisters…
so I will pray for the great awakening
To fall on every man in all the lands.

Je m'adresse à ton coeur de guerrier,
La compassion et l'amour sont parfois difficiles à trouver face à la violence.
Prier pour les hommes en uniforme alors qu'ils font la guerre à mes frères et à mes soeurs…
Alors je vais prier pour le grand éveil
Qu'il touche chaque homme sur toutes les terres.

Cette histoire est longue et complexe : la lutte pour la protection de l'eau et des terres indigènes remonte à plusieurs générations. C'est une histoire de dégradation de l'environnement et de vols de propriétés qui remonte à bien avant Standing Rock en 2016. C'est une histoire de guerres, de massacres et de traités honorés et rompus. Elle oppose le droit à la culture contre l'endoctrinement culturel. Elle concerne l'intégrité des familles des peuples autochtones. Ce sont toutes ces problématiques, et bien d'autres encore, qui se jouent en ce moment à Standing Rock.

Si vous voulez en savoir plus sur cette lutte, consultez les quelques liens ci-dessous [en anglais] :

N'hésitez pas à en ajouter d'autres dans les commentaires de cet article.