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En Serbie et Macédoine, nationalistes et populistes célèbrent le triomphe de Trump

Catégories: Amérique du Nord, Europe Centrale et de l'Est, Etats-Unis, Macédoine, Serbie, Slovénie, Dernière Heure, Droits humains, Élections, Gouvernance, Médias citoyens, Politique, Relations internationales
Widely shared photo-montage by unknown author presenting Donald Trump as a Crusader carrying the old Macedonian flag.

Ce photo-montage largement diffusé d'un auteur anonyme représente Donald Trump en Croisé envoyé de Dieu brandissant l'ancien drapeau de la Macédoine.

Dans plusieurs pays des Balkans, des politiciens d'extrême droite ainsi que leurs partisans ont exulté après la victoire de Donald Trump [1]à l'élection présidentielle américaine.

Plusieurs raisons sont à l'origine de telles réactions, allant d'une haine généralisée de la famille Clinton à la solidarité avec les milieux d'extrême droite américains en passant par un sentiment islamamophobe partagé. L'opinion publique dans cette région s'avère également de plus en plus réceptive à la propagande russe [2] qui avait soutenu sa candidature.

En Serbie, l'image que l'on se fait de Trump se base sur le principe de “l'ennemi de mon est ennemi est mon ami”. Dès lors en s'opposant au clan Clinton, accusé des bombardements durant la guerre du Kosovo [3] de 1998-1999 et des autres interventions de l'OTAN dans les conflits yougoslaves [4], Trump fut propulsé au rang de favori parmi des politiciens nationalistes d'extrême droite [5] comme Vojislav Šešelj [6], président du Parti Radical Serbe.

Le lendemain matin de l'élection, le rédacteur en chef du journal serbe à sensation Informer a annoncé qu'un panneau d'affichage félicitant Trump serait érigé en son honneur avec le texte suivant : “Nous félicitons Trump le Serbe !”

Nous voilà, dans les rues :)))

Le journal Informer est considéré comme étant très proche du gouvernement du premier ministre serbe Aleksandar Vučić et fut auparavant impliqué dans des affaires de lynchages médiatiques [9], par le biais de campagnes de diffamation [10] et de menaces proférées [11] à l'encontre de jounalistes d'investigation [12] qui avaient révélé au grand jour des affaires de corruption d'Etat. [13]

Le site d'information Balkan Insight a rapporté [14] qu'au-delà des frontières serbes, en particulier au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine, “beaucoup d'Albanais et de Bosniens pleurent la défaite de Hillary Clinton”.

Comme partout ailleurs, les commentaires sur les résultats des élections américaines déferlaient sur les réseaux sociaux macédoniens. L'utilisateur de Twitter Srbak commentait la contradiction entre le fait de tenir le clan Clinton responsable [des maux des Balkans] tout en ignorant les conséquences de la politique conduite par le défunt autocrate Slobodan Milošević [15].

- Bête
– Plus bête
– C'est la faute de Hillary si la Serbie était gouvernée par un monstre coupable de génocide et de violation de tous les droits humains.

Les politiciens macédoniens ont dans l'ensemble fait preuve de modération dans leurs déclarations officielles [17] sur tous les candidats. Malgré tout, de nombreux membres du parti au pouvoir, la VMRO-DPMNE (droite), se sont réjouis de la victoire des Républicains, qu'ils considèrent leurs alliés et soutiens. Beaucoup ont relayé la capture d'écran d'un billet sur Facebook du dirigeant du parti Antonijo Milošoski, député et ancien ministre des affaires étrangères. Il y troquait dans le nom du parti, Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne [18], “révolutionnaire” pour “républicaine”.

En honneur de la victoire de Trump, Milošoski “a rebaptisé la VMRO-DPMNE !

Il y a eu beaucoup d'autres réalisations avec Photoshop. Un des exemples les plus outrés (voir l'image en tête du présent article) présentait Trump en croisé Templier (guerroyant contre les musulmans) envoyé de Dieu (symbolisant les valeurs familiales traditionnelles) faisant claquer au vent le drapeau de la Macédoine [22] de 1992 à 1995, avec le Soleil de Vergina [23] (qui représente la continuité de la nation macédonienne depuis l'époque d'Alexandre le Grand).

De nombreuses conversations ont porté sur la victoire de l'extrême-droite aux USA en rapport avec les élections de décembre prochain en Macédoine, sur le même ton de jubilation maligne que lors du Brexit [24]. D'un autre côté, certains ont aussi relevé que les Américains avaient voté pour le changement, ce qui transposé dans le contexte macédonien signifierait une défaite de l'extrêm-droite.

Le portail alternatif d”information Okno.mk a relayé une observation [25] de l'influente voix des médias sociaux Slobodan Jakjosk i:

Би рекол дека тие што не ја разбираат победата на Трамп и импликациите врз светот, Балканот и нас не го сфаќаат духот на времето.

Сржта на проблемот е што либералната демократија од финансиски неолиберален тип не функционира. На глобално ниво. Не функционира, затоа што и тој економски раст што го испорачува се редистрибуира крајно нееднакво. Незадоволниците од овој систем со право бараат суштински промени.

Тие промени, секако, им ги нудат десничарски демагози и популисти во вид на едноставни решенија („ќе изградам ѕид, ќе забранам влез на муслимани, ќе излеземе од ЕУ“).

Нашиот случај е различен бидејќи тој систем кај нас ВЕЌЕ е крахиран, веќе краткото искуство со либералната демократија е доживеано како целосен неуспех и веќе 10 години владеат десничарски популисти кои на огромен дел од населението му испорачуваат едноставни решенија за егзистенцијалните проблеми.

Да, зборувам за клиентелистичкиот систем на ВМРО. Ако мислите дека вработениот во администрација после години невработеност НЕ ЗНАЕ за фактот дека некого утепала полиција и се обидела да скрие, дека државата безочно се краде, дека УБК прислушкува и снима сè живо и диво, тогаш се лажете.

Многу добро знаат. Но, кога егзистенцијата ти е доведена во прашање, ќе замижеш пред секакви неправди и ќе си рационализираш дека оние што се осмелуваат да ти го нарушаат ресурсниот раат се предавници, комуњари, исти… или на крајот на краиштата, не се замараш со политика.

Je dirais à ceux qui ne comprennent pas la victoire de Trump et ses conséquences pour le monde, que les Balkans et nous [la Macédoine] n'avons pas saisi l'esprit de l'époque.

L'essence du problème est que la démocratie libérale néo-libérale à caractère financier ne fonctionne pas. Et ce, à un niveau mondial. Elle ne fonctionne pas parce que la croissance économique qu'elle produit est distribuée inégalement. Les mécontents de ce système sont en droit de demander des changements essentiels.

De tels changements leurs sont proposés par les démagogues d'extrême-droite sous forme de solutions simples (“Je construirai un mur ; j'interdirai aux musulmans d'entrer ; nous sortirons de l'Union Européenne”).

Le cas macédonien est différent car ce système a déjà fait faillite ici. L'éphémère expérience de la démocratie libérale est perçue comme un échec total, qui a conduit à 10 ans de gouvernement de populistes de droite apportant des solutions simples aux problèmes vitaux d'une grande partie de la population.

Oui, c'est du système clientéliste [26] de la VMRO que je parle. Si vous ne pensez pas qu'une personne embauchée après des années de chômage par une administration étatique boursouflée ignore que la police a tué quelqu'un et a tenté de maquiller l'affaire [27], qu'il y a un vol généralisé des ressources publiques [28], que la police secrète mène une omniprésente surveillance illégale [29], vous vous bercez d'illusions.

Ils le savent tous parfaitement. Mais si votre gagne-pain est en jeu, alors vous fermez les yeux aux injustices de toutes sortes et justifiez que ceux qui osent défier ce système de dépouilles sont des traitres, des cocos, etc… Et, en dernier ressort, disent qu'ils ‘ne font pas de politique’.

Pendant ce temps, en Slovénie, d'anciens compatriotes de l'épouse de Donald Trump, Melania [30], ont organisé une fête dans un bar [31] de sa ville natale de Sevnica. L'idéologie y cédait le pas au simple patriotisme local.