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Les paysannes de l'Inde du Nord enlèvent leur voile et défient le patriarcat

Catégories: Asie du Sud, Inde, Arts et Culture, Cyber-activisme, Droits humains, Femmes et genre, Histoire, Médias citoyens
Veiled women going to work in the Thar desert. Image from Flickr by Nagarjun Kandukuru. CC BY 2.0 [1]

Des femmes voilées se rendent au travail (désert du Thar, Inde du Nord). Image de Nagarjun Kandukuru, source Flickr. CC BY 2.0

Le port du voile intégral en Inde du Nord n'est pas une coutume religieuse. Dans une grande partie de la région, et plus particulièrement dans les zones rurales, les femmes, qu'elles soient hindoues, jaïnistes, sikh ou musulmanes, et surtout si elles sont mariées, sont obligées d'observer ce rituel et de voiler leur corps. Le ghoonghat [2] (ou encore laaj, chunni ou odhni) est le nom du voile ou foulard utilisé pour se couvrir le visage.

L'origine de la coutume dans la région est le sujet d'un débat enflammé, mais il est certain que la tradition existe en Inde depuis plusieurs siècles. Au fil du temps de plus en plus de femmes ont abandonné le voile, mais dans les zones rurales et dans certains quartiers urbains, sa présence est encore forte.

Mes beaux-parents “hautement éduqués” m'ont fait porter “le voile” après le mariage !!! #mariéepasmarquée@renverserle patriarcat

Manju Yadav est institutrice à Mirzapur (district de Faridabad dans l'Etat de l'Haryana). Elle a lancé une campagne [7] dont l'influence s'étend jusqu'ici à 47 villages pour soutenir les femmes désirant abandonner le voile intégral. Elle explique son engagement dans le reportage de Keep Trending [8] :

Face à la caméra, elle explique que la pratique du ghoonghat est considérée comme un signe de modestie et de respect par les villageois. Pour eux, couvrir le visage des femmes est une marque de respect importante envers les hommes.

La campagne est soutenue par le commissionnaire adjoint de l'administration locale, Chander Shekhar, qui affirme que la pratique du ghoonghat a un impact négatif sur l'estime de soi des femmes.

Pour Manju Yadav, les hommes demandent aux femmes de porter le voile pour les contrôler. “Demandez à un homme de se couvrir le visage pour une journée: il en serait incapable” affirme-t-elle.

En juillet, quarante-sept présidentes de village (sarpanch [9]) du district de Faridabad se sont engagées [10]à mettre fin à la pratique du ghoonghat dans leur village.

Les réactions ont été nombreuses. Chanchal Mishra [11] écrit sur Facebook:

Au nom de la culture et des traditions de telles hypocrisies existent depuis des siècles. Face à la longue liste des coutumes illogiques dont les femmes sont les heureuses bénéficiaires, je m'interroge: où est celle réservée aux hommes ?

Dans son commentaire sur la page BBC Inde, Ash Chowdhury [12] apporte de plus amples informations sur la pratique :

Je viens d'un de ces villages où ces coutumes perdurent et où il n'est pas obligatoire de porter le voile (ghunghat) tout le temps, c'est seulement quand la dame est mariée et qu'elle est dans la maison de ses beaux-parents ou en présence de la famille de son époux

Et Kavaseri Vasudevan Venkataraman Iyer suggère [13] :

Si les femmes veulent porter le voile, laissez-les. Si elles ne veulent pas, laissez-les. C'est aussi simple que ça. Les hommes devraient comprendre et bien se conduire et ne pas les harceler.