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Les propagandistes de Trump en Macédoine déclinent toute responsabilité dans sa victoire

Catégories: Amérique du Nord, Europe Centrale et de l'Est, Etats-Unis, Macédoine, Dernière Heure, Développement, Élections, Médias citoyens
A meme from the USA Newsflash Facebook page. USAnewsflash.com is one of the websites registered to a domain user in Macedonia that was recycling fake pro-Trump on the web and social media.

«Si c'est Hillary qui gagne, nous sommes tous perdants». Ce mème a connu une large diffusion depuis la page Facebook USA Newflash. USAnewsflash.com est l'un des web sites tracés comme appartenant à des Macédoniens, qui recycle des «informations» pro-Trump sensationnalistes et mensongères récoltées sur la Toile et les médias sociaux.

Comme le Pdg de Facebook Mark Zuckerberg, [1] les spammeurs politiques de Macédoine à la tête de centaines de très populaires sites d'information et pages Facebook pro-Trump ne pensent pas qu'il aient pu avoir une quelconque influence sur les résultats de l'élection américaine.

En juin, Global Voices a montré [2] comment ses difficultés économiques avaient pu contraindre la ville de Veles [3] à «soutenir Trump». Plusieurs habitants de cette ville auparavant industrielle [4] se sont mis à lancer des sites «d'information» et des pages Facebook pro-Trump pleines de gros titres sensationnalistes, pour faire du clic et des bénéfices grâce à la pub en ligne. Ces «web-entrepreneurs» recyclaient en priorité les articles favorables à Trump et des mensonges sur ses opposants. Ces sites se dotaient de noms de domaine accrocheurs: UsaNewsFlash.com, 365UsaNews.com, WorldNewsPolitics.com [5] [en anglais] ; leurs pages Facebook avaient des centaines de milliers de lecteurs [6]. Les derniers mois, de nombreux médias internationaux ont découvert l'affaire – parmi eux, The Guardian [7] – et fait remarquer que la plupart de ces sites reprenaient la désinformation émanant de sites et blogs conservateurs aux USA.

Après la victoire de Trump à l'élection le 9 novembre, l'agence Meta.mk, qui avait mis au jour cette affaire en avril [8] [angl.], a pris contact [9] avec plusieurs propriétaires de ces sites. Ils ont refusé  [9] de mettre la victoire de Trump à leur crédit:

– Немам никаков коментар за победата на Доналд Трамп на претседателските избори во САД. Не мислам дека имав некакво влијание во победата на републиканскиот кандидат. Со веб-страницата веќе не работам и не знам дали понатаму ќе работам на веб-страници поврзани со политиката во САД – вели еден од младите велешани со кој „Мета“ разговараше и во април годинава.

Со него се согласува и друг велешанец кој вели дека веб-страницата на која тој работел веќе не постои и дека пролетоска последен пат бил објавен напис таму.

«Je ne ferai pas de commentaires sur la victoire de Trump à l'élection présidentielle américaine. Je ne crois pas avoir influé sur la victoire du candidat républicain. Je ne travaille plus sur ce site et je ne sais pas si je vais poursuivre cette activité avec des sites liés à la politique américaine», a déclaré l'un des jeunes gens de Veles avec lesquels l'agence «Мета» était entrée en contact au mois d'avril.

A quoi a acquiescé un autre habitant de Veles travaillant lui aussi pour plusieurs sites web, qui affirme que la page web sur laquelle il travaillait n'existe plus et a publié son dernier article au printemps.

From the Facebook page of another website linked to an owner in Macedonia. World News Politics has more than 860, 000 followers on Facebook.

Tiré de la page Facebook d'un autre site lié au même propriétaire macédonien. World News Politics a plus de 860.000 lecteurs sur Facebook.

Le site macédonien leader sur les nouvelles technologies IT.com.mk a commenté [10] [en macédonien] les paroles de Mark Zuckerberg niant cette «idée assez dingue» [11] que Facebook aurait influé sur l'élection, en faisant un parallèle avec l'industrie macédonienne du spam politique. Zuckerberg affirme que les algorithmes de son réseau social ne placent pas les utilisateurs dans une bulle faisant chambre d'écho, mais favorisent une information diversifiée.

Ваквото рационализирање од првиот човек на Facebook доаѓа откако Buzzfeed и другите медиуми директно го обвинија Facebook за ширење дезинформации и ја посочија и Македонија како делумен виновник, но и откако победата на Доналд Трамп за претседател на САД остави многумина во шок, кои пак сега се обидуваат да објаснат што се случи, и во некои случаи и директно бараат виновник за да посочат со прст.

Марк Закерберг не ја адресираше директно Македонија или македонските е-печалбари, но во контекст на таа тема посочи дека работат на подобрување на алгоритмот и спречување на ширење на дезинформации преку платформата.

По интересот за текстот кој го објавивме вчера [12], сакаме да потенцираме и дека пред да ги обвините овие корисници кои ние ги нарекуваме е-печалбари за срамотење на Македонија и да ги напаѓате за нивните обиди за печалба, треба да ја погледнете и локалната медиумска сцена од друг агол и ќе забележите дека тие само го реплицираат она што го гледаат на локално ниво од многу медиуми кои дневно ги бомбардираат и им ставаат clickbait линкови и спонзорираат секакви текстови на Facebook, без разлика на колку тоа е етички или не… Го земаат истиот метод и го применуваат на глобално ниво, а разликата е во тоа што на глобално ниво функционирa AdSense и пазарот е многу поголем.

Ces rationalisations de la part du Pdg de Facebook ont fait leur apparition après les accusations directes de Buzzfeed et d'autres médias contre Facebook, jugé coupable de propager de la désinformation, et aussi contre la Macédoine, partiellement responsable. La victoire de Donald Trump ayant choqué beaucoup de monde, tout le monde essaie à présent de s'expliquer et, autant que possible, de trouver un bouc émissaire.

Mark Zuckerberg n'a pas fait d'allusion directe à la question des «e-profiteurs» macédoniens, mais il a souligné que Facebook travaillait à améliorer son algorithme pour prévenir la diffusion de désinformation via sa plateforme.

Nous prenons en compte l'intérêt qu'a suscité le texte que nous avons publié hier sur «un apport historique» dans le développement d'internet [12] [en macédonien], et nous voudrions souligner qu'avant d'accuser ces utilisateurs, que nous appellerons les «e-profiteurs» pour humilier la Macédoine et discréditer ses tentatives de faire du profit, vous auriez intérêt à regarder nos médias sous un autre angle. Vous remarquerez qu'ils ne font que répéter ce que l'on trouve à un niveau local dans de nombreux médias, qui les bombardent tous les jours de contenus qui “font du clic”, des médias qui sponsorisent tous types de textes sur Facebook, sans se demander s'ils sont ou non éthiques… Ils ont repris leurs méthodes et les appliquent au niveau local. La seule différence, c'est qu'AdSense [la régie publicitaire de Google] fonctionne à un niveau mondial, où le marché est bien plus important.

Quelques jours avant l'élection américaine, cette production artisanale a de nouveau attiré l'attention des médias internationaux, surtout après que Buzzfeed l'a étudiée dans deux articles détaillés, le premier portant sur la machine de production de fausses nouvelles [13] [angl.] et le deuxième sur l'utilisation par certains groupes de Facebook comme plateforme de spam [14] [angl.]. Le service allemand de radiodiffusion internationale Deutsche Welle [15] [angl.] a suivi le propriétaire de l'un de ces sites, lequel lui a déclaré qu'il ne faisait pas cela parce qu'il était d'accord avec Trump, mais parce que publier des articles sur Trump lui rapportait un revenu mensuel correct de 600 à 1000 euros.

Photo: Trump-Vélès (à l'époque communiste, la ville s'appelait Tito-Vélès en l'honneur du dirigeant de la Yougoslavie Josip Broz Tito [19]).
Tweet: Тrololo (argot internet macédonien pour trollage politique)

Les méthodes de ces éditeurs web sont considérées comme «normales» dans la sphère des médias macédoniens, et ont été perfectionnées durant la dernière décennie par les médias progouvernementaux et les équipes de propagande du parti au pouvoir sous le régime populiste de droite. Des variantes de ces stratégies ont été employées dans d'autres pays de la région [20] [angl.], particulièrement en Serbie.