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En Australie, une proposition de taxer les boissons sucrées déclenche un débat enflammé

Catégories: Océanie, Australie, Alimentation, Economie et entreprises, Médias citoyens, Santé
Sugar Tax report [1]

Le rapport sur la taxe sucre. Courtoisie du Grattan Institute (CC BY-NC-SA 3.0)

Les Australiens sont partagés quant à une suggestion du Grattan Institute [1] de prélever un nouvel impôt sur les boissons sucrées pour contribuer à combattre l'obésité. Le groupe de réflexion indépendant a publié un rapport intitulé “Un impôt sur les boissons sucrées, amortir le coût de l'obésité dans la société”, qui recommande que :

Australia should introduce a tax on sugary drinks to recoup some of the costs of obesity to the community.

The best option is an excise tax of 40 cents per 100 grams of sugar, on all non-alcoholic, water-based drinks that contain added sugar.

L'Australie introduise une taxe sur les boissons sucrées pour rembourser la société de certaines dépenses dues à l'obésité.

La meilleure option est de lever une taxe de quarante cents pour cent grammes de sucre sur toutes les boissons non alcoolisées à base d'eau et qui contiennent des sucres ajoutés.

Le Premier ministre adjoint Barnaby Joyce a immédiatement rejeté l'idée, qu'il a qualifiée de “follement débile”. La diététicienne Miranda Blake n'a pas apprécié :

Le gouvernement a essayé l'approche “arrêtez de manger autant” pendant des décennies. Le résultat ? Une obésité qui bat les records mondiaux.

Joyce est député au Parlement et chef de file des Nationals [6], un parti proche du secteur de l'agriculture.

Selon une métaphore empruntée au football, certains médias pourraient être accusés de “jongler avec l'homme plutôt qu'avec le ballon” (signifiant une attaque de sa personne plutôt que de ses idées) :

“Est-il trop tôt pour prédire que le Programme d'amincissement “Push Back” de Barnaby Joyce deviendra un hit mondial ?” [en référence à la suggestion de B. Joyce de “poser ses deux mains sur la table et de la repousser”, NdT]

Les accusations d'hypocrisie sur les impôts élevés sur l'alcool et le tabac furent inévitables. Christian Peterson réplique au tweet de Joyce qui affirme que le Bureau des impôts australien “ne résoudra pas vos problèmes de poids” :

Mais apparemment ça va régler votre dépendance à l'alcool et à la nicotine. Il y a quand même une raison pour laquelle les hypocrites et les politiciens sont un cliché de notre culture.

La cible d'Adam Cleave, qui travaille dans le secteur commercial pour Imperial Tobacco, est un vieil ennemi :

Le budget pourrait être équilibré si on réduisait le nombre de groupes de pression subventionnés qui n'existent que pour bannir ce qu'ils n'aiment pas.

Aaron Lane a publié un lien vers sa propre recherche pour le groupe de réflexion libéral The Institute of Public Affairs (@TheIPA [13]). Ce dernier est un partisan d'un gouvernement réduit et s'oppose à un “Etat-nounou”.

La taxe sucre est déjà dans la liste des idées qui ne marchent pas. Ma recherche pour @TheIPA de 2014.

De nombreux utilisateurs de Twitter ont exprimé leur cynisme quant au motif réel de cette proposition :

L'impôt sur le sucre est comme la taxe carbone. Une arnaque pour se faire encore plus d'argent sur le dos de la population.

D'autres, comme Caitlin Syrett, rejettent la notion de responsabilité individuelle :

. @BarnabyJoyce : “Je crois en la liberté individuelle.”
Statistiques : “Regardez où ça nous mène.”

Comme on peut l'imaginer, l'expert de la santé dentaire Matthew Hopcraft avait en tête… les dents :

J'entends beaucoup de bruit contre la taxe sucre comme un moyen de lutter contre l'obésité, les caries, le diabète.
Mais je n'entends pas beaucoup d'alternatives crédibles.

Le rédacteur de la rubrique économie du Sydney Morning Herald a, lui, une opinion tranchée sur cette taxe :

Parler “d'Etat-nounou” est un prétexte pour protéger les bénéfices des entreprises qui vendent des produits dangereux pour la santé.

Pendant ce temps, d'autres sont sortis des sentiers battus :

Une aide pour que les petits salaires et les retraités s'achètent des fruits et légumes frais serait plus utile que de réfléchir à un impôt sur le sucre.

Finalement, quels sont les coûts réels de la crise d'obésité, et quel effet un impôt sur le sucre pourrait-il avoir ?

Stephen Duckett, co-auteur du rapport, aborde la question dans ce podcast [33], inclus gracieusement  sous licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 3.0) :