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Les autorités chinoises poursuivent la répression des voix dissidentes et détiennent le célèbre fondateur d'un média citoyen

Catégories: Asie de l'Est, Chine, Droits humains, Médias citoyens, Advox
Huang Qi. Photo via Radio Free Asia.

Huang Qi. Photographie publiée par Radio Free Asia.

Cet article de Catherine Lai a initialement été publié [1]sur le site de Hong Kong Free Press (HKFP) le 30 novembre 2016. Il est reproduit sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Le fondateur du site d'informations citoyen 64Tianwang a été arrêté par la police après que son domicile a été fouillé. Huang Qi est le troisième défenseur des droits de l'homme d'envergure à faire les frais de la répression des autorités en l'espace d'une semaine, après la disparition de l'avocat Jiang Tianyong et du journaliste-citoyen Liu Feiyue, qui, selon des militants, seraient maintenus en garde à vue.

Dans la soirée du lundi 28 novembre, la police de la province du Sichuan a fait irruption chez le fondateur de 64Tianwang et a procédé à une fouille de son domicile avant de l'arrêter. Selon les déclarations d'une militante locale recueillies par Radio Free Asia (RFA), les policiers disposaient d'un mandat de perquisition.

La nouvelle de sa disparition a été postée sur Twitter par Pu Fei, un journaliste bénévole du site. Le tweet a depuis été supprimé, et son auteur reste injoignable, selon des informations postées sur le site hongkongais Weiquanwang. Les tentatives de le joindre par téléphone suggèrent que l'appareil de Pu a été éteint.

La mère de Huang Qi a déclaré à RFA que la police avait pris de nombreuses photos et fouillé dans les affaires de son fils.

Selon deux témoins, des officiers de police de Mianyang et de Neijiang — deux zones touchées par le tremblement de terre de 2008 au Sichuan — étaient présents. Huang Qi avait été condamné en novembre 2009 à trois ans de prison après avoir enquêté sur les failles des infrastructures qui avaient mené à la mort de milliers d'enfants lors de la catastrophe.

Plus récemment, Huang Qi a été détenu en marge d'une réunion importante de l'élite du Comité central du Parti communiste chinois en octobre dernier. Des photos révèlent que son domicile a été fouillé, et ses affaires dispersées sur le sol. Son ordinateur a également été confisqué par les autorités.

Les appels de HKFP sur le portable de Huang Qi sont restés sans réponse.

64Tianwang est un site d'information indépendant qui publie des articles sur les violations des droits del'homme en Chine, notamment les détentions arbitraires par la police et les démolitions forcées, ou sur des pétitions et des manifestations de militants. Il vient de recevoir le prix 2016 de la Liberté de la presse décerné par Reporters sans frontières. Selon 64Tianwang, neuf de ses journalistes-citoyens sont actuellement derrière les barreaux, et cinq sont en liberté sous caution.

Mercredi 30 novembre, le réseau d'organisations de défense des droits de l'homme chinoises et internationales, Chinese Human Rights Defenders (CHRD), a publié un communiqué [2]réclamant la libération de Huang Qi, de l'avocat Jiang Tianyong et du journaliste-citoyen Liu Feiyue.

Jiang Tianyong and Liu Feiyue. Photo via Radio Free Asia.

Jiang Tianyong et Liu Feiyue. Photo publiée par Radio Free Asia.

Jiang Tianyong est un avocat des droits de l'homme, radié du barreau chinois en 2009, qui dénonçait la répression  s'abattant sur les avocats en Chine. Il a disparu sans laisser de traces le lundi 28 novembre. Liu Feiyue, fondateur du site Civil Rights and Livelihood Watch, aurait été emmené par la police le 24 novembre. Un membre de sa famille a déclaré qu'il était détenu pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État », bien qu'aucune notification officielle ne leur ait été transmise par la police.

Le CHRD écrit :

From information CHRD has received, police are believed to be holding the men in unknown locations, raising fears that they are at risk of torture […] The detention and disappearance in quick succession of these well-known leading figures of China’s rights defense movement further signal the escalation of President Xi Jinping’s relentless crackdown on civil society.

Selon nos informations, la police détient ces hommes au secret, laissant ainsi craindre qu'ils soient soumis à la torture […] Les détention et disparition successives de ces figures connues du mouvement de défense des droits de l'homme en Chine témoignent une nouvelle fois de l'escalade opérée par le Président Xi Jinping dans la répression systématique de la société civile.