Dans le cadre de la campagne pour la libération des prisonniers politiques aux Philippines, des activistes ont lancé un jeûne de solidarité — un mouvement de protestation organisé en lien avec les prisonniers politiques eux-mêmes et leurs familles. Le jeûne a débuté le 3 décembre 2016 et prendra fin le 10 décembre, Journée internationale des droits de l'Homme.
Au 31 octobre 2016, on comptait 401 prisonniers politiques aux Philippines, la plupart d'entre eux étant des activistes de zones rurales accusés d'être des rebelles. Selon leurs avocats, les prisonniers sont détenus sous de faux chefs d'accusation tels que le meurtre, l'incendie criminel et l'enlèvement. Cependant, les militants de la campagne insistent : ce sont des activistes ordinaires qui luttent pour des réformes foncières, les droits humains et la bonne gouvernance.
Les proches des prisonniers ont publié un communiqué exigeant leur libération immédiate :
Political prisoners are victims of the government’s injustice. They are persons caring for the marginalized sectors of the society but they were jailed for trumped up charges. They are not criminals. Our loved ones have already lost too many years, suffering in prison. Some of them have already died while in detention.
Les prisonniers politiques sont victimes de l'injustice du gouvernement. Ce sont des personnes qui se soucient des membres de la société les plus marginalisés, et pourtant ils ont été emprisonnés sous de fausses accusations. Ce ne sont pas des criminels. Nos proches ont déjà perdu trop d'années, à souffrir en prison. Certains sont même morts en détention.
La question des prisonniers politiques est liée à la rébellion communiste armée — un conflit entre le gouvernement, le Parti Communiste des Philippines (CPP), la Nouvelle Armée Populaire (NPA) et le Front national démocratique (NDF) — une situation qui dure depuis 1969. Selon le gouvernement, les prisonniers sont des rebelles qui doivent payer pour leurs crimes. Mais ces derniers refusent d'être considérés comme des criminels.
Lorsqu'un nouveau gouvernement est entré en fonction il y a six mois, l'un de ses objectifs annoncés était de relancer les négociations de paix avec les rebelles. Il reconnaissait également que la libération des prisonniers politiques serait un premier pas vers la réconciliation, l'apaisement des tensions et de le retour de la justice dans le pays.
Si le gouvernement a déjà permis de libérer plus d'une dizaine de négociateurs de paix, les activistes réclament également la libération de plus de 401 prisonniers politiques, en particulier les plus âgés d'entre eux, qui souffrent pour certains de graves maladies.
Bien que le gouvernement philippin ait donné son accord de principe, les activistes craignent la lenteur du processus et l'inconstance des déclarations de certains responsables publics. Par le passé, il a par exemple été suggéré qu'une façon de résoudre le problème rapidement serait de prononcer une amnistie générale, avant que cette option soit reléguée au second plan pour des raisons juridiques.
Afin de sensibiliser un public plus large à cette question et faire pression sur le gouvernement pour qu'il libère les prisonniers politiques avant la fin de l'année, les activistes ont organisé diverses activités et manifestations dans les jours précédant la célébration de la Journée des droits de l'Homme.
Les internautes expriment également leur soutien à la cause sur Twitter :
who are the political prisoners? they are.
we are (outside bars).#FreeAllPoliticalPrisoners#AmnestyNow pic.twitter.com/G4PtdJHsCa
— Jamjam? Pinpin! (@jamcaholic) December 5, 2016
Qui sont les prisonniers politiques ? Eux.
Nous, nous ne sommes pas derrière les barreaux.
De jeunes activistes ont également lancé sur les réseaux le hashtag #fastingchallenge, encourageant le public à participer à la grève de la faim solidaire en postant des photos des plats qu'ils s'engagent à ne pas manger d'ici la Journée des droits de l'Homme.
I blame the administration that jailed our political prisoners for my rice-less sinigang dinner! #FREEALLPOLITICALPRISONERS pic.twitter.com/lea2IpTpdM
— Dani Nacpil (@daniellenacpil) December 5, 2016
A cause de l'administration qui détient nos prisonniers politiques, je n'aurai pas de soupe sinigang au dîner !
Dans les jours à venir, d'autres groupes doivent se joindre au mouvement de solidarité, dans le but de contraindre le gouvernement à mettre un terme à la détention de 400 prisonniers politiques aux Philippines.