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Révélations sur les fortunes des hommes politiques serbes

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Serbie, Cyber-activisme, Economie et entreprises, Gouvernance, Idées, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique
Cover photo of KRIK's database with properties of Serbian politicians featuring Slavica Đukić-Dejanović, Milan Krkobabić, Aleksandar Vučić, and Ana Brnabić.

Photo de couverture de la base de données de KRIK, qui recense les propriétés des hommes politiques serbes. En vedette: Slavica Djukic-Dejanović, Milan Krkobabić, Aleksandar Vucić et Ana Brnabić.

KRIK, une association de journalistes qui enquête sur la criminalité et la corruption, a commencé mi-décembre à rendre publique sa base de données qui recense les propriétés des hommes politiques serbes. Les résultats de leurs investigations ont fait les gros titres de plusieurs journaux et suscité des débats houleux en ligne.

Cette base de données, intitulée “Imovina političara [1]” [lien en serbe] (“Propriétés des hommes politiques”) fait des révélations sur les biens immobiliers d'hommes politiques de premier plan ainsi que de leur famille, et aussi sur leurs relations d'affaires et leurs démêlés avec la justice. L'objectif de ce projet, soutenu par la Fondation Open Society [2] de Serbie, le Fonds national de soutien à la démocratie (NED) et les dons de ses lecteurs, est de “faire comprendre aux citoyens qui sont les gens qui dirigent leur pays”. (Ndlr: le Fonds Open Society est soutenu aussi [3] [lien en anglais] par Global Voices). 

Les Serbes peuvent désormais lire que la famille du ministre des Finances Dušan Vujović [4] [en serbe] possède plusieurs maisons et appartements en Serbie et aux Etats-Unis, ou encore que le gendre du ministre des Ressources naturelles et de l'Energie Aleksandar Antić [5] [en serbe] a été reconnu coupable de production d'amphétamines dans la compagnie pharmaceutique dont il était copropriétaire avec la sœur du ministre.

KRIK a choisi de ne pas dévoiler en une fois tous les résultats de ses investigations, mais de publier quotidiennement les dossiers de quelques hommes politiques. Les principaux journaux comme Blic [6] [en serbe] et Danas [7] [en serbe], ont repris ces révélations en une.

Profili sadrže informacije o stanovima, kućama, automobilima i kompanijama aktuelnih ministara, kao i detalje o tome kako su ih stekli. Iz baze može da se sazna koji političari su učestvovali u divljoj gradnji i imaju nelegalizovane objekte. Tu su i podaci o podignutim kreditima, lizinzima, osobama sa kojima su sklapali poslovna partnerstva i prekršajima koje su počinili…

KRIK će bazu konstantno dopunjavati novim političarima i funkcionerima. Takođe će u već postojeće profile dodavati nove informacije.

Informacije u profilima zasnivaju se na zvaničnim dokumentima, a skeniranu dokumentaciju možete pogledati u svakom profilu.

Za procenu vrednosti nekretnina, KRIK je angažovao agenciju za promet nekretnina, koja je proračunavala tržišne vrednosti.

Chaque profil comporte des données sur les appartements, maisons, automobiles et sociétés des ministres en exercice, et explique comment ces biens sont arrivés en leur possession. La base de données contient des informations sur les propriétés des hommes politiques construites illégalement ou sans permis. Ainsi que des données sur les crédits, les biens en leasing ou les personnes avec qui ils ont conclu un partenariat et commis des infractions.

KRIK mettra régulièrement à jour sa base avec de nouveaux profils d'hommes politiques et d'officiels, et complétera les profils existants avec de nouvelles informations.

Les informations contenues dans ces profils proviennent de documents officiels dont on peut télécharger une copie numérisée sur son propre ordinateur.

Pour l'évaluation de l'immobilier, KRIK a engagé une agence spécialisée qui a calculé leur valeur réelle sur le marché.

Pour protéger la vie privée des hommes politiques, de leur famille et de leurs associés, les journalistes ont supprimé certaines données accessibles à partir des documents numérisés : données personnelles, numéros de maisons et d'appartements. Par contre, ils ont laissé visibles les noms des rues, pour que l'on puisse se faire une idée de la valeur d'une propriété à partir de sa localisation.

Ces investigations ont suscité de vifs débats sur la toile, principalement sous le hashtag #imovinapoliticara [8], qui signifie “propriétés des hommes politiques”. Les journalistes et les citoyens ont commenté ces révélations et leurs implications.

Le ministre de la Défense possède une mystérieuse compagnie offshore qui a signé un contrat avec un opérateur téléphonique.

Le ministre de la Défense a organisé la réception traditionnelle à la Maison des officiers des Forces armées de Serbie [14] [en serbe], mais ne s'est pas montré à l'événement du mardi. Serait-ce à cause des #imovinapoliticara [propriétés des hommes politiques]?

Lien: Le ministre Đorđević reconnaît la possession d'une société offshore

Le ministre Antić, l'usine de production d'ecstasy de sa sœur et son gendre hors-la-loi…

Un utilisateur de Twitter a imaginé un jeu de mots faisant référence à l'organisation criminelle familiale Cosa Nostra [18] (c'est-à-dire la mafia), à partir des premières lettres du nom de famille du ministre Krkobabić:

Les membres du clan Krkobabić gardent toutes leurs entreprises “à l'intérieur de la famille”.
Krka Nostra.

D'autres utilisateurs ont estimé que pour un journal, publier en une des journaux les informations de la base de KRIK équivalait à soutenir les auteurs de cette enquête. Ces dernières années, KRIK et ses partenaires faisaient l'objet d'une campagne presque continue de diffamation et d'intimidation orchestrée par les tabloïds pro-gouvernementaux :

Les journaux qui pompent les résultats de l'enquête KRIRK devraient leur reverser de l'argent.