LibreRouter : Pourquoi acheter un routeur quand on peut construire le sien ?

Altermundi community network collaborators work on a piece of hardware in Argentina. Photo via Altermundi blog.

Les collaborateurs du réseau communautaire AlterMundi travaillent avec des partenaires au Mexique. Photo du blog d'Altermundi.

Pour se connecter à Internet, la plupart des personnes dans le monde comptent sur des sociétés privées pour leur fournir ce service et le matériel nécessaire – contre paiement . Nous dépendons d'entreprises comme Asus, Cisco, Eriksson et Huawei, qui fabriquent des modems et des routeurs permettant d'accéder au net.

Mais ce n'est pas la seule façon de se connecter. LibreRouter, un nouveau projet développé par un groupe de hackeurs originaires de pays et milieux différents, facilitera dorénavant l'accès sans passer par un fabricant institutionnel.

En août 2016, l’IETF (Internet Engineering Task Force, Groupe de travail d'ingénierie de l'Internet), où sont développées les normes techniques d'Internet, ont reconnu dans un document qu’ « un ensemble de déploiements de réseau alternatifs était apparu ces dix dernières années dans le but d'apporter aux gens la connectivité Internet ou de fournir une infrastructure de communication locale ». Le document souligne que cette classification implique « des architectures et une topologie différentes de celles des réseaux courants et s'appuie sur des modèles économiques et de gouvernance alternatifs ».

Inspiré par les déclarations de l'IETF et rassemblé autour de l'idée commune de fabriquer un matériel qui permette à des réseaux communautaires de croître et de fonctionner, ce groupe a développé LibreRouter. Dans ce groupe, on trouve des réseaux communautaires, c'est-à-dire des réseaux locaux développés par des coalitions de communautés – comme AlterMundi en Argentine, Guifi.net en Catalogne, Ninux en Italie et le Village Telco en Afrique du Sud.

Les réseaux communautaires peuvent jouer différents rôles. AlterMundi, par exemple, est une association civile argentine qui promeut la création de réseaux autonomes permettant aux villes de certains pays d'avoir accès à Internet, là où des opérateurs commerciaux ne voient pas d'intérêt financier à y vendre leurs services. Les leaders du réseau communautaire Ninux expliquent que l'un des catalyseurs ayant initié le projet était l'inquiétude constante face à la centralisation d'Internet.

Découvrir LibreRouter

La création de réseaux requiert un équipement matériel : les routeurs qui jouent un rôle central dans la façon dont les réseaux se connectent entre eux.

L'idée originale de LibreRouter, qui était de fabriquer un routeur pour des réseaux communautaires, a débuté en 2013, lors d'une réunion à Berlin réunissant Steve Song, Elektra, Pau Escrich, Nico Echaniz, Jesica Giudice et Gui Iribarren, qui travaillaient tous sur des réseaux communautaires différents.

Ils ont commencé à travailler ensemble sérieusement quand de nouvelles règles établies par la Commission Fédérale Américaine des Communications ont forcé les fabricants à limiter les routeurs domestiques, empêchant les modifications nécessaires pour créer un réseau communautaire.

La même année, le projet s'est vu attribuer une subvention de la part du Fonds Régional pour l'Innovation Numérique en Amérique Latine et aux Caraïbes, une initiative de  LACNIC (Latin American and Caribbean Network Information Centre) et une autre, de la part du Fonds pour la Recherche et l'Education sur Internet pour aider à son développement.

Gui Iribarren, vice-president de AlterMundi, l'une des organisations dirigeant le projet, en parle dans un entretien avec Global Voices :

GV: Quelles sont les différences entre ce routeur et ceux que l'on peut acheter dans un magasin d'informatique ? Qu'est-ce qui le rend unique ?

GI: La diferencia más fundamental radica en las libertades que ofrece. En primer lugar, evidentemente no implementamos ningún bloqueo sobre el software (como lo hacen el resto de los fabricantes, desde las nuevas regulaciones), de forma que cualquiera puede modificar el firmware de fábrica (LibreMesh, un Software Libre basado en OpenWrt/LEDE), o incluso reemplazarlo completamente por otro (“reflashearlo”) fácilmente.

Por otro lado, es un proyecto de Open-Source Hardware, es decir, publicaremos todos los documentos de diseño de la placa base para que cualquiera pueda entenderla, modificarla y producir su propia versión. No existen muchos routers en el mercado que ofrezcan esta posibilidad, y de hecho la empresa Dragino – que esta a cargo del desarrollo de la placa y tiene años de trayectoria en este rubro – ha liberado los diseños de productos anteriores.

Por último, hay diferencias enormes respecto a las prestaciones del hardware. Los routers que se comercializan (a precios accesibles) hoy en día para realizar enlaces en exterior normalmente incluyen una única radio WiFi. Existen en el mercado routers con 2 radios, pero son de uso hogareño, necesitan modificaciones de software (cada vez más difíciles) y adaptaciones físicas para que soporten la intemperie y tengan mayor alcance.

El LibreRouter está preparado de fábrica para ser instalado en exteriores y trae incluidas 3 radios que son utilizadas inteligentemente por el software LibreMesh para construir “nubes mesh” de alta performance, requieren solamente una correcta orientación de las antenas y pueden establecer dos enlaces simultáneos en la banda de 5ghz, en direcciones independientes.

De alguna manera, condensa en un único dispositivo las funciones que normalmente se obtienen combinando un router hogareño básico de 2.4ghz, y dos routers de exterior de 5ghz; pero a un costo total menor, con una instalación más sencilla, y ampliando posibilidades de desarrollo futuro.

GI: La différence fondamentale est la liberté qu'il apporte. Tout d'abord, nous ne mettons évidemment aucune forme de blocage sur le logiciel (comme le font les autres fabricants depuis les nouvelles règles), de manière à ce que tout le monde puisse modifier le microprogramme par défaut (LibreMesh, un Logiciel Libre basé sur OpenWrt/LEDE), ou même remplacer totalement le microprogramme par une autre version (“reflash it”) avec beaucoup de facilité.

D'autre part, ce sera un équipement Open source, ce qui signifie que nous publierons tous les documents relatifs à la conception de la carte mère, afin que n'importe quel utilisateur puisse comprendre, changer et créer sa propre version. Il n'y a pas beaucoup de routeurs sur le marché qui offrent cette possibilité et en réalité l'entreprise Dragino, qui est responsable du développement de la carte mère et qui travaille sur cette partie depuis des années, a sorti les documents de conception de ses anciens produits.

Enfin, il y a des différences énormes de performance du matériel. Aujourd'hui, les routeurs qui sont commercialisés (à des prix accessibles) incluent normalement une seule radio WiFi. Il y a des routeurs sur le marché qui ont deux radios, mais pour un usage domestique, il est nécessaire de modifier le logiciel (une tâche de plus en plus difficile) et aussi le matériel pour qu'ils puissent être utilisés en plein air et avoir une meilleure portée.

LibreRouter est prêt pour être installé en plein air et est équipé de trois radios utilisées intelligemment par le logiciel LibreMesh pour fournir une haute performance “Réseaux maillés sans fil”, réclamant juste d'orienter l'antenne correctement et capable de créer deux bandes passantes de 5GHz simultanées dans des directions indépendantes.

D'une certaine façon, il inclut en un seul dispositif des fonctions qui sont normalement obtenues en combinant un routeur domestique basique de 2,4GHz et deux routeurs externes de 5GHz, mais pour un coût beaucoup plus bas, avec une installation plus facile et de multiples possibilités de développement pour l'avenir.

GV: Pourquoi un réseau communautaire comme AlterMundi aurait-t-il besoin d'un LibreRouter?

GI: Las redes que fomentamos desde AlterMundi están construidas y mantenidas por gente relativamente no técnica. Con lo cual, desde el principio nos concentramos en que tanto la puesta en marcha como el mantenimiento de los nodos sean lo más simple posible. Sin embargo, con el escalamiento de las redes fuimos encontrando complejidades (como por ejemplo la necesidad de montar dos o más routers en ciertas ubicaciones) que complican el entendimiento por parte de la población en general, y por eso veníamos dándole vueltas a la idea desde 2013. El punto de inflexión ocurrió con las mencionadas restricciones de fábrica, que directamente hacen inviable la posibilidad de que gente no técnica transforme un router hogareño (económicamente accesible) en un nodo comunitario, poniendo en peligro la continuidad de las redes en todo el mundo.

[Nota de Gui Iribarren: AlterMundi no es en si misma una red comunitaria, sino una
asociación civil que fomenta la creación de redes autónomas, como QuintanaLibre, NonoLibre, etc]

GI: Les réseaux que nous développons avec AlterMundi sont conçus et gérés par des personnes aux compétences technologiques limitées. C'est pour cela que depuis le début, nous nous sommes assurés qu'aussi bien l'installation que l'entretien des nœuds soient aussi simples que possible. Cependant, avec la surtension sur les réseaux, nous avons rencontré quelques problèmes complexes (comme devoir installer deux routeurs ou plus dans certains sites) qui a rendu le fonctionnement du réseau plus difficile pour le grand public, et c'est ainsi que l'idée de LibreRouter a émergé en 2013. Le tournant est intervenu avec les restrictions industrielles précédemment mentionnées qui ont directement rendu impossible pour les gens aux compétences technologiques limitées de transformer un routeur domestique (économiquement accessible) en nœud communautaire, mettant ainsi en danger la continuité des réseaux dans le monde entier.

 [Note de Gui Iribarren: AlterMundi n’est pas un réseau communautaire en soi, mais c’est une association civile qui encourage la création de réseaux communautaires comme QuitanaLibre, NonoLibre etc.]

D’autre part, Pau Escrich, de Guifinet network a écrit un article en espagnol intitulé : « LibreRouter, un Projet qui fait rêver » dans lequel il affirme que si le projet est ambitieux, il répond à un véritable besoin. Selon ses propres mots, « ceci est un vrai défi pour les hackeurs de réseaux libres qui, à mon avis, sont sur le point  de faire un pas important vers la liberté et l'autonomie dans le domaine de la technologie et de la communication ».

On estime que début 2017, la première version de ce routeur sera livrée aux réseaux communautaires soutenus par AlterMundi en Argentine et par le Village Telco en Afrique du Sud. Les bénéficiaires paieront seulement pour le coût de fabrication du matériel (autour de 90 €) qui sera utilisé pour financer la deuxième phase de production, ayant pour but de permettre à tout le monde d'acquérir un LibreRouter.

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