La propagation de fausses informations a eu un impact certain sur les élections présidentielles américaines de 2016. La probabilité que les ‘fakes news’ influencent aussi les élections présidentielles 2017 est prise très aux sérieux dans les médias et les bureaux de campagne des candidats.
Pour se faire, de nombreuses initiatives ont vu le jour pour aider le grand public à faire la part des choses entre les nouvelles vérifiées et les instruments de propagande ayant pour but de nuire.
Decodex est un outil numérique créé par l'équipe des décodeurs du journal Le Monde et qui a pour but de permettre aux internautes de classer les sites selon leur degré de fiabilité. L'outil se présente à la fois comme un moteur de recherche ou une extension sur les navigateurs tels que Chrome ou Firefox. Decodex est disponible au grand public depuis le 1er février 2017:
Samuel Laurent qui dirige l'équipe des décodeurs explique la méthodologie derrière l'outil:
Nous avons recensés 600 sites, majoritairement français mais aussi anglais et américains et quelques allemands, avec 5 niveaux de fiabilité, repérés par cinq couleurs. Nous distinguons en gris les sites collectifs, donc non classés, comme Wikipedia, en bleu les sites parodiques, comme Le Gorafi ou NordPresse, en rouge les sites pas du tout fiables, complotistes ou trompeurs, comme le portail IVG.net qui, sous couvert d’informations, veut manipuler les femmes pour les décourager d’avorter, en orange les sites peu fiables ou très orientés, type FdeSouche, ou les attrape-clics qui republient des informations non recoupées, et enfin en vert les sites très fiables.
D'autres initiatives existent aussi depuis quelques années sur le web anglophone pour répertorier les fausses informations sur internet comme Hoax Buster ou Snoopes. Plus spécifiquement, des outils de vérifications des affirmations des personnes publiques ont déjà été mis en place: Fact Check, Politifact ou Africa Check pour en citer quelques-uns dans le monde anglophone. Le web francophone propose aussi “Désintox” (sur le site de Libération) et “Factuel” (sur le site web de RTS mais retiré depuis 2015). Des extensions anglophones sur chrome/firefox aident aussi à faciliter la navigation des internautes: BS Detector ou encore Kchehck.
Faire la part des choses entre vrai et fausse information n'est pas une tâche aisée. C'est pourquoi il existe de nombreux articles et guides pour aider les internautes à discerner les vraies informations des mensonges. Voici une liste non-exhaustive de ressources pour aider à y voir plus clair :
- Comment vérifier les images des réseaux sociaux ?
- Comment déceler un fake ?
- Comment détecter et exposer les fake news (en anglais)
- Manipulation des images sur internet: “comment détecter une photo retouchée?”
- Le manuel du lecteur de news: l'édition fake news (en anglais)
La difficulté pour toutes ses initiatives est de pouvoir apporter cette vérification en temps réel pour que les journalistes puissent confirmer/infirmer les affirmations des politiques sur le champ. C'est pour répondre à cette attente de vérification en temps réel que le projet Truth Teller (Washington Post) a été crée. L'idée est donc de produire un outil entièrement automatisé qui dirait si oui ou non le discours prononcé est véridique. Le directeur du projet Cory Haik explique:
Le défi de ce détecteur de mensonges c'est de faire un Shazam de la vérité. Comment vérifier en temps réel les déclarations et discours des politiques? Un logiciel détecteur de mensonges, qui transcrit quasiment en temps réel les discours politiques et les compare automatiquement avec un stock de vérifications déjà effectuées par les journalistes de la rédaction.
Hélas le projet Truth Teller était sans doute trop ambitieux à ce stade et il est pour l'instant mis en standby.
2 commentaires
La fausse information, “vérité alternative” pour certains, ne suffit pas pour le détournement. Une classification (par qui) des articles corrects ou non et un marquage de telle ou telle publication, ne garanti pas que l’omission, ou une sélection, ne serait-ce qu’en “une”, fait partie de la “désinformation” et de l’orientation. Sur les premiers avis du monde, il est quasiment partout indiquer que le lecteur doit prendre soin d’exercer son esprit critique et de s’informer de nouvelles après d’autres sources. Mais qui a accès à ces sources? qui peut passer suffisamment de temps à ces comparaisons? Il serait plus simple que chaque journal annonce “obligatoirement” sur chacun des articles une marque de rattachement idéologique. Ce qui serait vérifiable, mais déjà s’identifier comme lecteur partisan (en achetant dans un kiosque, ou en tenant un journal dans le métro) peut être dissuasif, (ce qui libère les choix dans la lecture numérique), dans ce cas utopique certains médias disparaitraient plus rapidement.
L’intérêt de l’initiative du monde est de faire réfléchir et réagir, la “post-vérité”, ou fake news doit être le sujet de l’année 2017.