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Des « légendes vivantes », stars d'un instantané coloré de la diversité linguistique australienne

Catégories: Australie, Langues, Médias citoyens, Peuples indigènes, Rising Voices

Capture d'écran de la carte Gambay.

Quelle meilleur moyen qu'une carte multimédia pour visualiser la diversité linguistique des Aborigènes d'Australie et des Iles du Détroit de Torrès ?

«  Gambay », qui signifie «  ensemble » en butchulla [1](parlé dans la région de Hervey Bay au Queensland) est une carte [2]sur plus de sept cent quatre-vingt langues natives d'Australie. Chaque point sur la carte représente une région linguistique différente, et les points de même couleur indiquent que ces langues ont des points communs. Seulement une vingtaine sont utilisées couramment dans la vie quotidienne, d'où l'importance d'établir des liens entre langues similaires pour qu'elles puissent se soutenir mutuellement.

Capture d'écran de Gambay map's Language Legends feature.

First Languages Australia [3] a constitué un partenariat avec le Comité consultatif des langues indigènes du Queensland (Queensland Indigenous Languages Advisory Committee [4]), qui a partagé la technologie développée pour Nyurrangu Ngardji [5], une application similaire montrant les langues du Queensland.

Les  « Légendes vivantes de la langue [6] », des locuteurs de langues aborigènes et des Iles du Détroit de Torrès et militants locaux, ont apporté d'importantes contributions. Ces personnes ont enregistré des témoignages vidéo soulignant l'importance de soutenir et revitaliser les langues pour les générations actuelles et futures. Ces vidéos sont un moyen idéal pour ces représentants de se présenter à leurs propres communautés en tant qu'individus engagés pour la promotion de leur langue, et sur lesquels on peut compter pour tout conseil et soutien à ce sujet.

Ces témoignages vidéos insistent tout spécialement sur la façon dont les communautés linguistiques choisissent de se représenter, vérifient leur localisation et l'orthographe du mot utilisé pour nommer leur langue. Selon Melissa Holden [7] de First Languages Australia, cette dernière caractéristique est particulièrement pertinente car les langues australiennes étaient purement orales avant l'établissement de l'Etat australien, et que :

they have been named/spelled various ways over the years by the missionaries, government officials, linguists and other researchers who have worked with the language communities; and by community members themselves.

Elles ont été nommées et orthographiées différemment au cours des années par les missionnaires, les fonctionnaires, les linguistes et autres chercheurs qui ont travaillé avec les communautés, ainsi que par les communautés elles-mêmes.

Cette carte remet le pouvoir de décision dans les mains des membres de chaque communauté, pour qu'ils choisissent la façon dont ils seront représentés.

Une autre « Légende vivante de la langue », Bridget, qui parle le Warrgamay [8], écrit :

I’m a Djambi in our language. That means old woman. I’m a linguist, I prefer to use the term community linguist or first language linguist. I translate resources from English into our languages, and look at the materials that we need to support language learning. I work a lot with our community. We have a lot to do with our people, talking and agreeing on ways to support language.

I live it and breathe it everyday. Language work is the best thing I can do. Who wants to go out and do other things, when I can be saving our languages?

Dans notre langue, je suis une djambi. Ca veut dire une vieille femme. Je suis linguiste, je préfere utiliser le terme linguiste communautaire ou linguiste des langues premières. Je traduis de l'anglais dans nos langues et je regarde de quel matériel d'apprentissage nous avons besoin pour soutenir l'enseignement des langues. Je travaille beaucoup avec notre communauté. Nous avons beaucoup à faire avec les nôtres, parler et se mettre d'accord sur les façons de soutenir les langues.

Je le vis et le respire chaque jour. Le travail de la langue est la meilleure chose que je puisse faire. Qui veut sortir et faire autre chose, quand je peux sauver nos langues ?

En plus des « Légendes vivantes » et des centres linguistiques régionaux, les populations aborigènes et des Iles du Détroit de Torrès ont d'autres moyens numériques de participer à Gambay et de contrôler la représentation de leurs langues et de leurs communautés. Le contenu actuel de la carte pourrait être utilisé à l'école dans des matières essentielles comme l'anglais, les maths, les sciences, l'histoire, la géographie et l'éducation civique. Les notes qu'elle fournit sont liées au programme scolaire national australien et couvrent chaque année scolaire.