Retour (imaginaire) de la panique politique en Russie : Poutine réfléchit à sa réélection en 2018

Photo: Pixabay

Une vidéo qui circule en ce moment sur RuNet montre deux femmes d'âge mûr paniquées à l'idée que Poutine pourrait quitter ses fonctions présidentielles. Une vidéo à l'authenticité douteuse, ce qui dépeint plutôt bien la situation qui se profile dans le pays pour l'année en cours, alors que les politologues russes et les militants de toutes obédiences se préparent à la première élection présidentielle depuis 2012.

Dans le clip vidéo ci-dessous, les deux retraitées racontent qu'elles «étaient en train de recueillir des signatures de soutien à Poutine», quand «le député local», pensent-elles, s'est approché d'elles pour leur dire qu'elles perdaient carrément leur temps. Poutine allait quitter le Kremlin, leur annonça le député, et c'est le maire de Moscou Sergueï Sobianine qui le remplacerait.

La nouvelle cause un vrai choc à nos deux militantes. L'une d'elles se plaint d'en avoir perdu le sommeil, tandis que son amie, la main sur le cœur, fait cette déclaration déchirante : «Nous sommes poutinistes! Nous ne voulons que lui !»

Après quoi une troisième femme, plus jeune, confirme tristement la rumeur aux deux femmes sous le choc: «C'est ce qui va se passer – c'est Sobianine, et non Poutine, qui va se présenter.»

La vidéo a été postée par «Justice sociale», un mouvement pro-Poutine de Krasnodar, qui s'est fait connaître grâce à «Lydia Arkadievna», l'une de ses militantes, qui a eu son heure de gloire sur internet avec un bavardage décousu et des attaques absurdes contre le leader d'opposition Alexeï Navalny. «Arkadievna» s'est particulièrement illustrée par des accusations (mensongères) à son encontre, comme quoi il aurait fait interner sa femme en hôpital psychiatrique pour courir les prostituées.

Quand les militants de «Justice sociale» ne font pas la chasse aux signatures pour documenter combien les Russes aiment Vladimir Poutine, il arrive qu'on les trouve en train de manifester devant la permanence de Yabloko (le plus ancien parti libéral russe) à Krasnodar.

Si les soupçons de mise en scène de la vidéo des retraitées se confirment, ce ne sera pas la première vidéo fabriquée en vue de l'élection présidentielle russe à devenir virale. La principale tentative [lien en anglais] à ce jour, dans laquelle quatre personnages de dessin aminé en costumes tabassent un homme sur la route, date de septembre 2014. La vidéo recense près de 13 millions de vues sur YouTube.

Mais pourquoi donc «Justice sociale» tente-t-elle de saper l'autorité de Sergueï Sobianine, celui-là même qui fut, en 2013, le rival numéro un d'Alexeï Navalny pour la mairie de Moscou?

Ce n'est pas la première fois que le bruit court d'un remplacement de Poutine par Sobianine : on peut considérer que cette rumeur est liée à la victoire de Sobianine sur Navalny en 2013, que de nombreux experts ont considérée comme une sorte de test du Kremlin.

Selon toute vraisemblance, le vrai sujet de ce film où des petites vieilles effrayées à la perspective d'une présidence Sobianine tiennent le premier rôle n'est pas le maire de Moscou. Il s'agit plutôt de rappeler à la population à quel point Poutine est essentiel au système politique russe. Le message pouvant être celui-ci : Vladimir Vladimirovitch (Poutine), vous êtes obligé de vous présenter l'an prochain, sinon ces vieilles dames et des millions d'autres vont tout simplement disjoncter.

Sobianine, quant à lui, se garde bien de défier celui qui l'a placé à la tête de l'administration moscovite. En 2013, presque aussitôt après sa victoire sur Navalny, il disait encore aux médias qu'il ne comptait pas briguer la présidence en 2018. Deux ans plus tard, il a de nouveau abordé le sujet de ses ambitions politiques, déclarant sobrement qu'il réfléchirait à se présenter pour un nouveau mandat quand celui-ci arriverait à son terme (c'est-à-dire en 2018 aussi).

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