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Nostalgies et réalités prennent vie dans les sombres dessins de Leonardo González

Catégories: Amérique latine, Venezuela, Arts et Culture, Médias citoyens, Migrations & immigrés
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Lost Childhood (Enfance perdue, 2016) de l'illustrateur vénézuélien Leonardo González. Réalisation en référence à la jeunesse marquée par la violence des bandes armées dans les quartiers urbains du Vénézuela. Image utilisée avec autorisation.

Leonardo González est un illustrateur vénézuélien basé à Berlin. Son travail est très particulier dans la mesure où il montre comment son propre pays est vu et subi depuis l'étranger et, dans le même temps, il offre sa propre vision des événements qui le touchent là-bas, dans cette Europe qui est devenue son chez-lui.

Le producteur et écrivain César Elster [2] a décrit son travail ainsi :

(…) a tropical-punk, realistic universe in which carefully written, beautifully drawn-yet-fucked-up characters constantly go through a wide range of gloom emotions.

(…) un punk tropical, un univers réaliste soigneusement écrit dans lequel des personnages déboussolés, bien que magnifiquement dessinés, traversent un large éventail d'émotions négatives.

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Illustration de Leonardo González à partir de la Cota Mil, l'artère urbaine qui traverse une importante partie de la ville de Caracas.

Pour González, il est plus facile de créer des personnages inspirés de sa propre réalité que de raconter quelque chose par de simples mots. Comme beaucoup de personnes ayant quitté leur pays, il vit dans un entre-deux : entre le maintenant de celui qui émigre et dans le passé qu'il a laissé derrière lui, comme les amis, la famille et les lieux qui lui manquent. Mais dès qu'il s'agit du Vénézuéla, il faut ajouter à cette nostalgie l'inquiétude liée à la crise profonde qu'affronte le pays actuellement.

Les images de González sont fortes, provocantes, habitées par des êtres connectés par les extrêmes et qui vivent entre précarité, nostalgie et joie fragile qu'il maintient grâce au papier et à l'encre qui les soutiennent. À ce sujet, González a expliqué à Global Voices par e-mail :

Ahora estoy creando sobre mi país porque me afecta personalmente y me duele que mi familia y amigos estén mas flacos que antes, literalmente [Dibujar] es lo mínimo que puedo hacer para darles ánimo. Mucha gente ha encontrado su voz en mis imágenes y [eso] me incita a seguir hablando por ellos.

Je suis en train de créer quelque chose sur mon pays parce que cela me touche personnellement et parce que ça me fait mal de voir ma famille et mes amis plus maigres qu'avant. Littéralement, [dessiner] c'est le moins que je puisse faire pour leur donner du courage. Beaucoup de gens se sont retrouvés dans mes dessins et [cela] m'incite à continuer de parler pour eux.

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Illustration de Leonardo González évocant la crise alimentaire du Vénézuéla et la redistribution de produits proposée par l'État.

Si, parmi les illustrations de González, on trouve des œuvres qui reflètent des situations complexes et qui sont racontées par l'artiste en une seule image, on en également d'autres où plusieurs images sont associées pour raconter des histoires plus longues. C'est le cas de son œuvre Night out [3] (2015) qui raconte comment deux jeunes ont vécu les attentats du 13 novembre 2015 à Paris [4]et les conséquences de ceux-ci à Barcelone, en Espagne.

Quand les personnages de González parlent, ils s'expriment aussi bien en espagnol qu'en anglais, comme s'il n'y avait pas pour lui de différences entre une langue et une autre. Ses histoires, ses illustrations sur le Vénézuéla ou l'Europe, se mélangent aussi pour nous montrer comment on vit le monde depuis une fenêtre dessinée et signée par lui-même.