Un cadre supérieur de la police d'Ouganda est le troisième haut-fonctionnaire assassiné en trois ans

Capture d'écran montrant Andrew Felix Kaweesi lors d'une récente conférence de presse.

Andrew Felix Kaweesi, inspecteur général adjoint de la police ougandaise, qui était aussi son porte-parole et chef du département pour le développement des ressources humaines, a été assassiné par quatre hommes armés en moto (généralement appelée boda boda), le 17 mars, 2017. Il n'avait que 48 ans. La fusillade a eu lieu alors qu'il quittait sa maison à Kulambiro, dans la banlieue de Kampala, la capitale, pour se rendre au travail. Les hommes armés ont également mis fin à la vie de son chauffeur, Godfrey Mambewa, et de son garde du corps, le caporal Kenneth Erau.

Kaweesi est le troisième haut-fonctionnaire tué de cette manière au cours des trois dernières années. Avant lui, il y a eu la procureure principale de l'État, Joan Kagezi, qui travaillait sur plusieurs dossiers de grande envergure. L'un d'entre eux concernait le double attentat à la bombe de juillet 2010, qui a eu lieu lors de la retransmission à la télévision de la finale de la Coupe du Monde, tuant 74 personnes et blessant 70 autres. Le groupe militant Al-Shabaab a revendiqué la responsabilité de cette attaque. Mme Kagezi allait interroger un témoin sur la façon dont les explosifs ont été rassemblés et amenés à Kampala, mais elle a été tuée le 30 mars 2015 sur son chemin de retour à la maison lorsqu'elle s'est arrêtée devant un marchand de fruits. Elle était en compagnie de trois de ses enfants, qui n'ont pas été physiquement blessés.

Le deuxième fut Mohammed Kiggundu, ancien commandant des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle actif en Ouganda et en République Démocratique du Congo. M. Kiggundu intégré l'armée régulière ougandaise il y a une dizaine d'années. En novembre 2016, des hommes armés ont monté une embuscade contre sa voiture et lui ont tiré plus de 40 balles. M. Kiggundu et son garde du corps sont tous deux morts sur le coup.

Les tireurs ont utilisé des motos dans les trois assassinats. Bien que des suspects aient été arrêtés à la suite des deux premiers meurtres, rien de plus n'est arrivé dans le processus judiciaire. Le fait que les cas restent non résolus n'a pas été tout à fait oublié par les utilisateurs des médias sociaux :

nous sommes une nation à la mémoire courte Joan Kagezi, Robinah Kiyingi, des religieux musulmans, tués en toute impunité. Pas d'arrestations/condamnations convaincantes

Plusieurs religieux musulmans ont été abattus en Ouganda au cours des dix dernières années ; la police soutient qu'il y a un lien avec les ADF. Le chef du groupe rebelle a été arrêté il y a plus de deux ans et reste en garde à vue. Beaucoup d'internautes semblent d'accord, cependant, que lorsqu'on tire près de 80 balles contre une voiture en plein jour il ne s'agit pas seulement d'assaillants ordinaires :

Le moment du meurtre est inquiétant. On serait aveugle de penser que ce sont des voyous en boda boda qui agissent de manière aléatoire.

Dans les images prises après ce dernier meurtre, des personnes en deuil font entendre leurs voix en arrière-plan, demandant pourquoi quelqu'un a-t-il pu tuer M. Kaweesi, un père de famille et un policier paisible. M. Kaweesi avait trois enfants et attendait un quatrième.

Environ 17 suspects ont été arrêtés pour interrogatoire.

Le président ougandais Yoweri Museveni, a publié sur sa page Facebook une déclaration sur le meurtre :

En conséquence de ces meurtres répétés dans la capitale et dans d'autres villes, j'ai ordonné l'installation immédiate de caméras dans toutes les grandes agglomérations urbaines ougandaises et le long des routes. Depuis quelques temps, nous envisagions de réaliser ce projet, mais nous le reportions en raison d'autres priorités comme les routes et l'électricité […]

Au cours d'une veillée funéraire pour M. Kaweesi, le président a déclaré que la police avait été infiltrée par des voyous et a demandé à l'Inspecteur général de la police (IGP) de nettoyer le service, en particulier le Département d'enquêtes criminelles (CID).

Les députés et autres dirigeants politiques ont également parlé de la mort de M. Kaweesi :

Le chef de l'opposition, le colonel à la retraite Kizza Besigye, a déclaré que les Ougandais vivaient dans un État mafieux où le crime organisé prospère :


Une utilisatrice des médias sociaux a exprimé sa préoccupation :

L'insécurité dans ce pays est vraiment effrayante. Andrew Félix Kaweesi est parti en un clin d'œil.

Bien que sur le côté opposé de la fracture politique (la police a souvent empêché les manifestations de l'opposition), un autre utilisateur de Twitter, exprimant son empathie avec la famille pour la perte de M. Kaweesi a écrit :

Malgré tout, je n'aurais pas souhaité la mort d'Andrew Félix Kaweesi. C'est un père avec une famille à nourrir.

Urban Television a cité les paroles d'un évêque à son enterrement :

Mgr Kaggwa : #Kaweesi nous a laissé un défi, relevons-le pour transformer nos communautés

L'utilisateur de Twitter Bernard Sabiti a noté :

Un autre indicateur de la fibre morale de # Kaweesi: Aucune autre ‘veuve’ à part Mme Annet Kaweesi ne s'est montrée. Insolite pour un ‘homme africain’

En Afrique, il est assez courant pour les maîtresses du défunt de faire connaître leur présence aux funérailles.

Sabiti a également partagé une photo qui illustrait l'humilité de M. Kaweesi :

Des images de #kaweesi en train de calmer un jeune partisan du FDC ivre, erratique, à l'approche des élections de 2016 illustrent son humanité.

Sur Facebook, le journal Daily Monitor a publié le message suivant, soulignant l'intégrité de M. Kaweesi :

Une fois, j'ai été appelé par un collègue pour lui demander d'intervenir en sa faveur pour le libérer d'une infraction routière, mais quand j'ai appelé M. Afande Kaweesi, il m'a ouvertement dit qu'il ne pouvait pas enfreindre la loi pour aider le journaliste. Il a ordonné au journaliste de payer une amende.

Andrew Felix Kaweesi a été enterré le 21 mars 2017, dans sa ville natale dans le district de Lwengo, en Ouganda. Au moment de la publication de ce billet, il n'y a pas eu d'autres développements dans l'affaire.

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