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En Arménie, les magouilles pré-électorales et fake news entachent les élections au parlement

Catégories: Asie Centrale et Caucase, Arménie, Cyber-activisme, Élections, Gouvernance, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique, Relations internationales

L'Assemblée Nationale de l'Arménie. Image Wikimedia, creative commons.

Le parti Républicain loyal à l'actuel Président arménien Serge Sargsian paraissait prêt à engranger la victoire [1] dans le scrutin de ce dimanche, mais le vote a été perturbé par de nombreux soupçons d'irrégularités, les apparentes tentatives du pouvoir de bâillonner les activités en ligne de journalistes et de militants, et au moins un incident de désinformation.

L'importance de ces élections réside en ce que la réforme constitutionnelle adoptée en 2015 [2] prévoit l'élection par le parlement du président arménien, et la primauté dans les institutions de la fonction de premier ministre.

M. Sargsian affirme que les changements pour lesquels il avait fait campagne en vue du référendum contesté n'étaient pas pensés pour lui bénéficier, même si d'aucuns s'attendent à ce qu'il accepte le poste de premier ministre si son parti obtient une majorité au parlement.

Aux premières loges de l'élection se trouvait la Russie, et maints journalistes dans le pays et la région du Caucase en général ont signalé un élément de fausse information [fake news] propagé par des comptes Twitter à l'allure de bots fortement pro-Kremlin.

L'image diffusée par ces comptes était une supposée note de l'USAID appelant les mouvements civiques à soutenir l'opposition. Les représentants de Washington en Arménie avaient déjà signalé la note comme étant un faux [3], ce qui ne l'a pas empêchée de circuler à nouveau à la veille du scrutin.

Intéressant. Des comptes russes recommencent leur spam des élections arméniennes 2017 avec la fausse note de l'USAID déjà démontée par @usembarmenia.

Que Moscou, qui soutient Sargsian, ait été ou non derrière la désinformation, les preuves ont abondé de tentatives locales de manipuler le vote.

Une figure éminente de la société civile, Babken DerGrigorian, [10] a rapporté des notifications de Google que des hackers sponsorisés par le gouvernement ont essayé de pirater son compte e-mail, tandis que plusieurs journalistes de premier plan ont constaté la suspension de leur accès à leurs comptes Twitter juste avant le scrutin, avant de les voir restaurés à la suite d'une action concertée de leurs abonnés arméniens.

Les sources médiatiques arméniennes fréquentables, dont @CivilNetTV & @Hetq_Trace ont eu leurs comptes Twitter suspendus le soir précédant les élections

Ces signalements inquiétants ont été réunis par le Atlantic Council's Digital Forensic Research Lab [laboratoire de recherche scientifique et technique du numérique du Conseil Atlantique], qui a sorti un point d'information intitulé Fakes Bots and Blocking in Armenia [15][Bots de fausse information et coupures en Arménie]. Le texte concluait :

A la veille d'un scrutin majeur, le cyberespace arménien est particulièrement vulnérable à la manipulation et désinformation. Les tentatives identifiées jusqu'à présent étaient à petite échelle et de portée limitée, mais elles illustrent les moyens variés par lesquels les acteurs en ligne peuvent tenter de manipuler l'espace numérique.

Un tiers environ des citoyens de cette république sud-caucasienne de 3 millions d'habitants vivent dans la pauvreté. En 2015, la capitale Erevan avait été secouée par des manifestations contre la hausse des prix de l'énergie, sous le nom Erevan électrique, [16] qui révélait un mécontentement massif contre la corruption endémique dans le pays.