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Netizen Report : 31 coupures d’Internet en Inde en 2016, combien dans votre pays ?

Catégories: Chine, Inde, Iran, Japon, Nigéria, Paraguay, Royaume-Uni, Venezuela, Cyber-activisme, Droit, Droits humains, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Advox

Centre de données de Microsoft Bing. Photo de Robert Scoble via Flickr (CC BY 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Depuis le 1er janvier 2017, l’Inde a connu sept coupures d’Internet [1] au niveau régional. En 2016, 31 ont été recensées. Dans un nombre croissant de pays [2], il semble que cette méthode devienne toujours plus utilisée par les autorités locales et régionales confrontées à des contestations publiques à propos de politique et d'élections, à des tensions ethniques ou religieuses ainsi qu'à des incidents violents.

Le Software Freedom Law Centre de New Delhi a mis en ligne le mois passé une carte interactive [1] qui indique le lieu et les détails relatifs à chaque coupure d’Internet enregistrée en Inde, ainsi qu’une brève description des événements publics coïncidant avec la coupure.

Dans un récent article de blog [3], le directeur de ce centre, Mishi Chaudhary, soutient que le gouvernement de Narendra Modi doit reconsidérer l’usage récurrent de cette méthode pour contrôler les activités et les discours publics, puisque le pays dépend toujours plus des technologies de la communication en réseau pour les services gouvernementaux, la santé publique, la finance, etc., comme le prône le programme « Digital India ». « Digital India ne pourra pas remplir sa promesse d’autonomisation numérique, écrit-elle, si les coupures deviennent une pratique régulière. »

L’État de Jammu-et-Cachemir est de loin le plus affecté par cette tactique : il a connu 10 coupures pour la seule année 2016 et cinq par année depuis 2014. Cette situation n’a rien d’exceptionnel. Dans les régions périphériques, souvent marginalisées, où les tensions politiques et ethniques sont vives, les coupures de réseau sont, dans certaines parties du monde, si fréquentes qu’elles ne représentent plus un sujet d’actualité.

Au Tibet et au Xinjiang, deux régions peuplées principalement par des minorités ethniques de Chine, les coupures d’Internet constituent une réponse habituelle [4], parfois longue de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, aux troubles publics ou à des célébrations telles que le Nouvel An tibétain [5]. De même, dans la péninsule égyptienne du Sinaï, les coupures de réseau de plusieurs heures [6] sont devenues depuis 2013 la routine des affrontements entre l’armée et les groupes armés d’insurgés dans le nord, le long de la frontière avec Israël et la bande de Gaza.

En 2016, la Brookings Institution a estim [7]é [7] que les coupures d’Internet ont coûté, à l’échelle internationale, 2,4 milliards de dollars. Cette estimation repose sur l’étude de l’impact sur le PIB des pays concernés, en fonction de la portée et de la durée des coupures de réseau. Par contre, calculer leurs implications pour les citoyens qui ne peuvent plus communiquer, accéder aux informations et aux services publics ou réaliser de transactions financières, entre autres, s’avère impossible.

Iran : peine de mort confirmée pour un jeune homme de 21 ans

Un jeune Iranien a été condamné à la peine de mort [8] pour avoir publié sur LINE des messages publics allant à l’encontre de l’islam et du Coran. Sina Deghan, arrêté en 2015 à l’âge de 19 ans pour ces publications, a vu sa sentence confirmée par la Cour suprême iranienne au mois de janvier de cette année.

Blogueur nigérian arrêté pour une publication sur Instagram

Le journaliste et blogueur nigérian Kemi Olunloyo a été arrêté [9] le 13 mars pour avoir publié sur Instagram une lettre concernant une liaison extraconjugale entre un prêtre et un membre de sa congrégation. Son rédacteur en chef, Samuel Walson, a également été arrêté et tous deux sont accusés [10] de diffamation et de publication de « fausses informations ».

Journaliste paraguayenne critiquée pour avoir dénoncé des menaces de viol en ligne

Suite aux menaces de viol adressées en ligne à une journaliste paraguayenne, décrites par l’auteur comme une tentative de « corriger son orientation sexuelle », l’organisme paraguayen de défense des libertés numériques TEDIC a publié un article [11] relatant les faits et dénonçant les questions liées aux violences sexuelles en ligne. L’article fait l’objet d’une controverse sur la nécessité de lutter contre le harcèlement et de protéger la vie privée des personnes, depuis qu’un individu, mentionné dans la publication a saisi la justice avec l’intention de faire supprimer l’article. Selon TEDIC, cette demande « vise à réduire au silence une plainte légitime, à limiter le débat public par la censure et à empêcher que d’autres femmes encouragent la dénonciation de tels faits. »

Attaques contre des sites d’ONG et de médias indépendants au Venezuela

Au cours de semaines qui ont suivi l’annulation de la diffusion de CNN au Venezuela, plusieurs sites de médias indépendants et d’organismes de la société civile ont été victimes d’attaques [12] rendant leur contenu inaccessible plusieurs heures et, dans certains cas, plusieurs jours. Provea [12] et Caraota Digital [13] figurent parmi les sites d’information concernés.

Le Japon étudie l’utilisation de la surveillance de masse pour punir la « préparation » de crimes

Les législateurs japonais réviseront bientôt une proposition de loi anti-complot [14] qui inclut des clauses controversées s’apparentant à des méthodes de contrôle prédictives. La proposition de loi couvre une large palette de crimes possibles (277 au total) est punirait la « préparation » [15] de futurs crimes réalisée par deux personnes ou plus, lorsqu’au moins une de ces personnes obtient de fonds ou des fournitures pour le crime ou la surveillance du lieu potentiel. Le président de l’association des avocats de Tokyo, Motoji Kobayashi, a déclaré publiquement en janvier [14] : « La proposition de loi s’inscrit à l’encontre des principes de base du code pénal et du système juridique de notre pays. Elle menace la protection des droits de l’homme. »

Les contrebandiers d'informations contournent la grande muraille électronique de Chine, et diffusent de fausses informations

En Chine, les contrebandiers d’information [16] traduisent et reconditionnent à destination des lecteurs chinois des contenus tirés de sites web étrangers interdits, contournant la grande muraille électronique. La plateforme d’information et d’investigation Initium a interviewé plusieurs passeurs d’information, leur demandant comment ils procédaient pour accéder à des sujets sur des sites tels que Buzzfeed et Reddit pour les réécrire en chinois. Initium indique que ces sites rapportent beaucoup d'argent, mais tendent à donner la priorité aux clics plutôt qu’au journalisme d’intérêt public.

Les Britanniques quittent l’UE, quid des applications chiffrées ?

La secrétaire d’État britannique à l’Intérieur, Amber Rudd, a indiqué que le gouvernement avait l’intention d’établir des portes dérobées dans le chiffrement [17]. Cette déclaration tombe alors que l’assaillant de Westminster avait communiqué via WhatsApp avant son attaque. Plusieurs politiciens et groupes de défense des libertés civiques ont fait part de leurs inquiétudes, indiquant que cette demande n’était ni proportionnée, ni efficace.

Nouvelles études

 

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Mahsa Alimardani [21], Ellery Roberts Biddle [22], Nevin Thompson [23], Laura Vidal [24] et Sarah Myers West [25] ont contribué à l’élaboration de ce rapport.

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