
Capture d'écran de la vidéo publiée par Dina Ali depuis l'aéroport de Manille. Source: Twitter
Une jeune femme saoudienne de 24 ans qui se serait enfuie de chez elle pour demander asile en Australie a été retenue pendant son transit à l'aéroport international Ninoy Aquino de Manille aux Philippines jusqu'à ce que sa famille arrive pour la ramener de force.
La jeune femme identifiée comme Dina Ali Lasloom a voyagé du Koweït aux Philippines où elle a été interceptée par la police de l'aéroport qui a confisqué ses papiers d'identité.
Pendant son attente, elle a enregistré une vidéo où elle expliquait pourquoi elle cherchait asile :
.@cnnphilippines#SaveDinaAli I just received this video, her uncles just arrived in Philippines , they are going to murder her, please help pic.twitter.com/l2J15PS0gL
— Moudhi Aljohani (@Moudhi90) April 10, 2017
Je viens de recevoir cette vidéo, ses oncles viennent d'arriver aux Philippines, ils vont la tuer, aidez-la
Dans son enregistrement, elle dit, en anglais :
My name is Dina Ali, and I am a Saudi woman who fled Saudi Arabia to Australia to seek asylum. I stopped in the Philippines for transit, they took my passports and locked me up for 13 hours, just because I am a Saudi woman, in collaboration with the Saudi embassy. If my family comes, they will kill me. If I go back to Saudi Arabia, I will be dead. Please help me, I am recording this video to help me and know that I am real and here. The Philippines government and Saudi Arabia are violating human rights and international law, I'm kept here as a criminal, I can't do anything and I can't go out. They took my passport and all my papers because they are waiting for my family to come and take me, who really wants to kill me.
Je m'apelle Dina Ali, et je suis une femme saoudienne qui a fui d'Arabie Saoudite vers l'Australie pour demander l'asile. J'ai fait un arrêt aux Philippines en transit, ils m'ont pris mes passeports et m'ont enfermée pendant 13 heures, juste parce que je suis Saoudienne, en collaboration avec l'ambassade saoudienne. Si ma famille vient, ils me tueront. Si je retourne en Arabie Saoudite, je serai morte. Aidez-moi, j'enregistre cette vidéo pour m'aider et [faire] savoir que je suis réelle et ici. Le gouvernement des Philippines et l'Arabie Saoudite violent les droits humains et le droit international. Je suis retenue ici comme une criminelle, je ne peux rien faire et je ne peux pas sortir. Ils m'ont pris mon passeport et tous mes papiers parce qu'ils attendent que ma famille vienne et m'emmène, elle veut vraiment me tuer.
On ignore pourquoi Dina Ali avait peur d'être tuée si elle était forcée à retourner en Arabie Saoudite, et les autorités saoudiennes n'ont jusqu'à présent communiqué aucune information quant à sa situation.
Mais dans une déclaration, Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch Moyen-Orient, a alerté que le pire était possible :
Les femmes saoudiennes fuyant leur famille ou le pays encourent les violences soi-disant “d'honneur” ou tout autre grave dommage si elles sont récupérées contre leur volonté. Les autorités saoudiennes doivent immédiatement protéger cette femme de sa famille pour garantir qu'elle ne soit pas sujette à des violences ni punie pour sa fuite.
Niant toute irrégularité, l'ambassade saoudienne à Manille a publié un communiqué le 12 avril 2017, parlant d’ “affaire de famille”, et ajoutant que ce qui a circulé sur les médias sociaux est inexact. L'ambassade a confirmé le retour de Dina dans le royaume :
(بيان صحفي)
حيال ما تداولته مواقع التواصل الاجتماعي بشأن المواطنة / دينا pic.twitter.com/0yITmOpbCm— السفارة في الفلبين (@KSAembassyPH) April 12, 2017
L'ambassade du Gardien des Deux Saintes Mosquées auprès de la République des Philippines confirme l'inexactitude de ce qui a été diffusé sur certaines plates-formes de médias sociaux, et souligne que ce qui s'est passé était une affaire de famille et que la ressortissante est rentrée avec sa famille.
#SaveDinaAli devient viral
Les droits des femmes sont restreints dans beaucoup de domaines en Arabie Saoudite. Les femmes sont juridiquement dépendantes d'un tuteur masculin, qui doit donner son accord aux décisions de base sur l'éducation, le mariage, les voyages et même les soins médicaux. Comme l'explique Human Rights Watch dans son rappport “Coincées : Les femmes et le système saoudien de tutelle masculine” :
En Arabie saoudite, la vie d'une femme est contrôlée par un homme de sa naissance à sa mort. Toute femme saoudienne doit avoir un tuteur, normalement un père ou un mari, mais dans certains cas un frère voire un fils, qui est habilité à prendre toute une gamme de décisions importantes à sa place.
Cette réalité semble avoir participé à la motivation du départ de Dina. A l'aéroport de Manille, Dina a approché Meagan Khan, une Canadienne, pour demander de l'aide. Megan a racconté l'échange sur Facebook. Extrait :
Je lui ai demandé pourquoi et elle a dit que dans son pays les femmes n'ont aucun droit et elle veut aller dans un pays où les femmes ont des droits, comme le Canada, les USA, ou l'Australie. Je lui ai demandé pourquoi elle a choisi l'Australie ? Elle a dit qu'elle est enseignante et pendant qu'on la croyait au travail elle a fait les formalités pour demander un visa et l'Australie était l'endroit le plus facile pour obtenir les papiers pour s'y rendre sans que sa famille la soupçonne.
Et voici une capture d'écran d'un message entre Dina et son amie sur Snapchat :
صديقتي هربت من اهلها وهي الحين بالفلبين واهلها مبلغين السفارة وماسكينها احد يعرف كيف يساعدها؟ ردوا تكفون pic.twitter.com/wIGBbI36qZ
— n (@nns6s) 9 de abril de 2017
Tweet : Mon amie a fui ses parents et elle est en ce moment à Manille. Sa famille a prévenu l'ambassade et ils la retiennent. Quelqu'un sait comment l'aider ? Répondez s'il vous plaît
Image: Dina: – Continue à publier s'il m'arrive quelque chose.
– Dans la zone de transit [de l'aéroport de Manille] aux Philippines
– A 4:30 heure de chez toi mes oncles arrivent.
– Je crois que je vais être transférée.
La vidéo de Dina n'a pas tardé à devenir virale et les militants ont commencé à utiliser le hashtag #SaveDinaAli (Sauvez Dina Ali) pour montrer leur soutien.
I stand with you Dina Ali.
Show your support#SaveDinaAli#HelpDinaAli#WhereIsAlaaAnazipic.twitter.com/SLTfjDHBzo
— SaveDinaAli (@dina_save) April 14, 2017
Je suis avec toi Dina Ali Montrez votre soutien
.@nns6s@Dropdeadgorrgg@UNHCRPh@00__Reema@desamting@ranasaoe@mn377m@eMazeej@viviannereim@mohd_sl_o@Alanazi_Alaa@hrw Do not forget Dina. #SaveDinaAlipic.twitter.com/x37HJyhrx1
— Nora A. نورة الدعيجي (@Ana3rabeya) April 14, 2017
N'oubliez pas Dina.
In honor of Dina Ali #SaveDinaAlipic.twitter.com/P6x2EwBk1D
— تماضر (@TamaderJS) April 12, 2017
En l'honneur de Dina Ali
كيف أعيش مطمئنة كامرأة تحت قانون يسمي قتل طفلة إسراف في التأديب واختطاف بالغة شأن عائلي؟ #الاختطاف_ليس_شأن_عائلي
— Rahaf Alruwaitie (@Arualic) April 13, 2017
Comment me sentir en sécurité comme femme, sous une loi qui appelle tuer un enfant une “punition excessive”, et un enlèvement, une affaire de famille ?
‘Comme si la violation des droits des femmes ne suffisait pas, il faut qu'ils arrêtent les sypathisantes’
D'après Reuters, Dina a été mise dans un vol pour Riyad le 11 avril au soir. Des journalistes et des militants l'attendaient à son arrivée à l'aéroport de Riyad.
Vivian Nereim, une reporter de Bloomberg News basée à Riyad, est allée à l'aéroport et raconte ce qu'elle a vue en utilisant le hashtag en arabe “Dina accueillie à l'aéroport” :
Small group of journalists & citizens waiting in Riyadh airport to see what unfolds. Come say hello if you're here #استقبلوا_دينا_بالمطارpic.twitter.com/xJgBq0XAbc
— Vivian Nereim (@viviannereim) April 11, 2017
Un petit groupe de journalistes et de nationaux attendent à l'aéroport de Riyad pour voir ce qui va se passer. Passez dire bonjour si vous êtes là
2 Filipinas on the flight described a woman being carried on. 1 said she was screaming. “But she's ok alhamdullilah.” #استقبلو_دينا_بالمطار
— Vivian Nereim (@viviannereim) April 11, 2017
Deux Philippines dans le vol décrivent une femme qu'on porte. L'une dit qu'elle criait. “Mais elle va bien alhamdullilah.”
Another passenger heard a woman screaming “help, help.” No sign of her but doubt she would come out this door. #استقبلو_دينا_بالمطار
— Vivian Nereim (@viviannereim) April 11, 2017
Une autre passagère a entendu une femme crier “au secours, au secours.” Pas trace d'elle mais ça m'étonnerait qu'elle sorte par cette porte.
#استقبلو_دينا_بالمطار Another passenger said she heard a woman shouting but her face was covered so she doesn't know her condition.
— Vivian Nereim (@viviannereim) April 11, 2017
Une autre passagère a dit avoir entendu une femme hurler mais son visage était couvert elle ne connaît donc pas sa situation.
I think that's all the information we're going to get from here. Saudi Human Rights Commission is following the case. #استقبلوا_دينا_بالمطار
— Vivian Nereim (@viviannereim) April 11, 2017
Je crois qu'on n'en saura pas plus ici. Le Comité saoudien des droits humains suit l'affaire.
Une autre militante des droits des femmes, Alaa Anazi, a été arrêtée à son arrivée à l'aéroport, d'après @Ana3rabeya et un certain nombre d'autres activistes sur Twitter.
.@nns6s@Dropdeadgorrgg@UNHCRPh@00__Reema@desamting@ranasaoe@mn377m@eMazeej@viviannereim@mohd_sl_o URGENT: #WhereIsAlaaAnazi hashtag for woman missing after going to airport for #SaveDinaAli. Reports of detainment: https://t.co/wXmMSJkx7Bpic.twitter.com/VzdgSOBbZS
— Nora A. نورة الدعيجي (@Ana3rabeya) April 12, 2017
URGENT : hashtag #OùEstAlaaAnazi pour la femme disparue après être allée à l'aéroport pourt #SauverDinaAli. On signale qu'elle est retenue
Nada, la soeur d'Alaa, a parlé à Reuters. D'après l'agence de presse, Nada leur a dit que “des agents de l'aéroport lui ont répondu que Alanazi a été envoyée dans un bureau de police en ville, mais dit qu'elle était incapable de confirmer où se trouvait sa sœur”.
Human Rights Watch a dénoncé la mise en garde à vue d'Alaa :
#السعودية: كأن انتهاك حقوق النساء ليس كافيا، يجب توقيف من يتضامن معهن أيضا؟؟ #SaveDinaAli #WhereIsAlaaAnazi https://t.co/VY8p1LoZ21 pic.twitter.com/ZxvOpRgRbj
— هيومن رايتس ووتش (@hrw_ar) April 14, 2017
Comme si la violation des droits des femmes ne suffisait pas, il faut qu'ils arrêtent aussi celles qui sympathisent avec elles ??
Alors qu'on ne connaît toujours pas la situation de Dina, le hashtag #SaveDinaAli continue à être utilisé par les activistes pour maintenir la pression sur les autorités saoudiennes :
Please don't forget to #savedinaali#where_is_Dina_Ali#StopEnslavingSaudiWomen285#سعوديات_نطلب_اسقاط_الولايه285pic.twitter.com/dX7CnKqfRg
— M❣️ (@Pum_Dum) 17 April 2017
Merci de ne pas oublier de #SauverDina #Où_est_Dina_Ali #StopEsclavageDesFemmesSaoudiennes
1 commentaire
l’ onu designe l’ arabie saoudite comme garant des droits de l’ homme !!!
en france le pays des droits de l’ homme la légion d honneur a été attribué à l heritier du trone saoudien !!!
face au pouvoir du petrole les moeurs s ecroulent les yeux se ferment les bonnes ames disparaissent et la voixs de liberté se tait.