Netizen Report : Journalistes mexicains menacés en ligne, puis tués

Des centaines de journalistes mexicains manifestent en silence au centre-ville de Mexico pour protester contre les enlèvements, les meurtres et les violences à l’encontre de membres de leur profession dans le pays depuis 2010. Photo de la Knight Foundation, publiée sur Flickr (CC BY-SA 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Depuis le 2 mars 2017, quatre journalistes ont été tués [EN] au Mexique. Bien que les motifs de ces crimes ne soient pas encore tous confirmés, nous savons que toutes les victimes couvraient des affaires de corruption et des affaires liées au crime organisé et que trois d'entre elles avaient reçu des menaces en ligne et hors ligne liées à leur travail.

Maximino Rodríguez, journaliste et blogueur expérimenté, a été abattu alors qu'il entrait dans un parking avec sa femme. Âgé de 74 ans, il avait critiqué récemment [ES] les activités d'un gang criminel local et avait été menacé de mort par un lecteur quelques jours à peine avant d'être tué.

Maximino Rodríguez avait couvert les guerres civiles au Honduras et au Salvador dans les années 1980 et travaillé pour plusieurs organismes de presse au Mexique. Partiellement à la retraite, il contribuait activement à Colectivo Pericú [ES], un blog basé dans l’État de Basse-Californie du Sud, qui recueille les renseignements partagés anonymement par les lecteurs au sujet de la criminalité et de la corruption dans la région. Ce procédé devient toujours plus courant au Mexique, particulièrement dans les États du nord, où les violences contre les journalistes et les organes de presse font désormais partie du quotidien.

Le 2 mars, le journaliste indépendant Cecilio Pineda Birto [EN] est abattu de dix balles à une station de lavage de voitures après avoir reçu de nombreuses menaces de mort suite à ses reportages au sujet de la criminalité sur sa page Facebook publique, suivie par plus de 31 000 abonnés. Cecilio Pineda Birto travaillait également régulièrement pour les quotidiens nationaux El Universal et La Jornada de Guerrero.

Le 23 mars, Miroslava Breach Velducea [FR], journaliste chevronnée spécialisée dans les affaires criminelles, a été tuée dans l’État de Chihuahua, où elle avait travaillé pour plusieurs importants journaux, y compris La Jornada [ES] et El Norte, un grand journal du nord du Mexique qui a cessé son activité peu après ce meurtre, dans ce que le rédacteur en chef a décrit comme un « acte de contestation » face aux risques croissants encourus par les reporters.

Ricardo Monlui Cabrera [ES], qui a couvert la politique et l'industrie locale du sucre pendant près de 30 ans, a été tué le 19 mars dans l'État de Veracruz. Il avait occupé le poste de rédacteur en chef de El Político et présidait l'association régionale de journalisme. Le mobile de son meurtre n’est pas confirmé.

Les documents du Comité pour la protection des journalistes [EN] indiquent que le Mexique est le seul pays au monde où chaque journaliste tué l'est en représailles directes de son travail en 2017. Au mois de mars, l'antenne mexicaine de l'organisation de défense des libertés d'expression et d'information Article 19 a publié son rapport 2016 dans lequel ont été documentés 426 incidents de répression visant des journalistes, y compris des attaques physiques, des menaces de poursuites et des attaques numériques.

Violences au Cachemire et coupures des services de communication de base

Alors que des manifestants boycottent les récentes élections [EN] et que les violences publiques augmentent dans l’État de Jammu-et-Cachemire, les réseaux 3G et 4G ont été coupés le 17 avril. Les dirigeants politiques conseillent désormais vivement au chef du gouvernement de l’État d’interdire Facebook et WhatsApp [EN] dans les jours à venir, avec l'objectif de ralentir la diffusion d'images d'actes de violence dans la région, notamment celle d’une vidéo virale d'un manifestant [EN] attaché à une jeep militaire par des officiers de l'armée indienne pour servir de « bouclier humain ». Il s’agit de la dernière d'une série de coupures [FR] plus ou moins longues de sites web et de services de communication au cours des derniers mois.

Sculptrice de vagins en 3D condamnée à une amende pour obscénité au Japon

Une artiste japonaise a été condamnée à payer une amende [EN] pour obscénité après avoir distribué des numérisations 3D de son vagin dans le cadre d'une levée de fonds pour son travail artistique. Elle a réalisé et présenté de nombreuses sculptures de vagins et aucune de ces œuvres n'a été source de préoccupations sur le plan juridique. « J’ai toujours considéré que j’étais innocente. Les données 3D sont coupables et Decoman (l’œuvre) ne l'est pas. », a expliqué Megumi Igarashi aux journalistes après l’annonce du verdict.

Universitaire ougandaise poursuivie pour « une paire de fesses »

L’universitaire et féministe ougandaise Stella Nyanzi a été inculpée [EN] de « harcèlement numérique » et de « communication offensive » pour des publications Facebook comparant le président Yoweri Museveni à une « paire de fesses ». Avec 141 000 abonnés sur Facebook, Stella Nyanzi est une voix prépondérante sur les questions de sexualité et de santé des femmes en Ouganda. Elle a aidé à mener une campagne à échelle nationale pour collecter des fonds destinés à fournir des protections hygiéniques aux écolières, activités qui lui ont valu d’être interrogée par la police. Elle reste en détention jusqu'à sa prochaine audition, fixée au 25 avril.

Possible erreur judiciaire de « terrorisme » en ligne en Russie

Un professeur de mathématiques russe est accusé [EN] d’« incitations publiques à des activités terroristes » après que la police russe a retracé des messages en ligne incendiaires à son adresse IP. Dmitry Bogatov se défend d'être l'auteur de ces messages et les preuves indiquent que leur véritable auteur pourrait avoir été associé à cette adresse IP parce qu’il utilisait Tor (l'accusé exécutait un nœud de sortie Tor) ou à cause d'une quelconque contrefaçon d’adresses IP). Le juge en charge de l’audience qui s’est tenue le 10 avril a maintenu les charges malgré les preuves peu convaincantes et un solide alibi, et a prolongé sa détention jusqu’au procès prévu le 8 juin.

Appels Telegram bloqués en Iran

Le 14 avril, la fonctionnalité d’appel de l’application Telegram était officiellement déployée en Iran. Toutefois, dans les 24 h qui ont suivi, les utilisateurs ont fait état de blocages de ce service. Le 17 avril, le procureur général a officiellement annoncé que le service avait été bloqué par une ordonnance judiciaire [EN]. Selon le fondateur et directeur général de Telegram, Pavel Durov [EN], et plusieurs opérateurs de téléphonie mobile iraniens, les services vocaux de l’application sont bloqués par la passerelle internationale exploitée par l’entreprise nationale d'infrastructure de téléphonie.

Orthodoxie russe et expulsion de réseau social

Les critiques du politicien russe Vitali Milonov, ultra-conservateur en matière de société, tentent de le faire bannir [FR] du réseau social Vkontakte pour avoir utilisé la phrase Ορθοδοξία ή θάνατος!  (« L’orthodoxie ou la mort ! » en grec), jugée « discours extrémiste » par un tribunal russe il y a quelques années. Vitali Milonov, ferveur conservateur religieux, considéré comme le principal architecte de l’interdiction par Saint-Pétersbourg de la « propagande homosexuelle » avait déjà utilisé cette phrase lors de plusieurs campagnes politiques.

La Thaïlande demande aux internautes de se désabonner de ceux qui contestent l’État

Le ministère thaïlandais de la société et de l’économie numériques appelle les internautes du pays à se désabonner des comptes de trois critiques d’outre-mer du gouvernement soutenu par l’armée : les intellectuels Somsak Jiamtheerasakul et Pavin Chachavalpongpun ainsi que l’ancien correspondant de Reuters à Bangkok, Andrew MacGregor Marshall. Le ministère indique que les citoyens qui continuent à suivre, s’abonner ou partager du contenu publié par ces trois personnes risquent des poursuites judiciaires conformément à la loi thaïlandaise sur la cybercriminalité.

Contre l’espionnage, pour le voyage

Les défenseurs des libertés numériques [EN] aux États-Unis exhortent John Kelly, secrétaire à la sécurité intérieure des États-Unis, de rejeter toute législation qui exigerait que « les demandeurs de visa, les réfugiés et autres visiteurs étrangers fournissent les mots de passe de leurs comptes en ligne… pour entrer aux États-Unis », et affirment qu’une telle exigence violerait le droit national et international à la vie privée et « troublerait le discours et le comportement des personnes autour du monde ».

Nouveau documentaire sur la modération des réseaux sociaux

Un nouveau documentaire intitulé The Moderators explore la vie professionnelle [EN] de modérateurs de contenus qui suppriment les photos explicites publiées sur les réseaux sociaux et les sites web, filtrant ainsi la violence, la pornographie et d'autres types de contenus qui offenseraient la majeure partie des utilisateurs. Le documentaire mentionne qu’environ 150 000 personnes sont employées à cela dans le monde, et que la plus grande proportion de ces travailleurs vivent en Inde. Remarque : le film contient des images choquantes.

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