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Graffeurs brésiliens et jeunes Syriens peignent ensemble les murs de camps de réfugiés

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Liban, Syrie, Action humanitaire, Arts et Culture, Droits humains, Education, Guerre/Conflit, Idées, Jeunesse, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Réfugiés

Une école décorée dans un camp de réfugiés de la plaine de la  Bekaa au Liban. Photo : page Facebook de Rimon Guimarães [1].

Le camp de réfugiés syriens de la plaine de la Bekaa au Liban [2], qui abrite près d'un million de personnes [3], se colore grâce à un projet [4] qui voit les enfants syriens aidés par un duo d'artistes de graffiti brésiliens du nom de Cosmic Boys [5] décorer une école avec de l'art en technicolor.

Cette action s'insère dans une opération plus vaste appelée Cosmic Future, avec la volonté d'utiliser l'art comme un outil de thérapie pour les jeunes Syriens. Les participants sont le Conexus Project [6], un collectif artistique nomade ; Al Caravan [7], qui monte des ateliers éducatifs, culturels et de spectacle pour enfants et adultes syriens déplacés ; les Cosmic Boys, formés de Rimon Guimarães [8] et Zéh Palito [9]; la coordinatrice Sheila Zago ; la documentariste française Agathe Champsaur ; et l'artiste syrien Anas Albraehe.

Leur objectif : collecter 9.999 dollars US par une campagne de levée de fonds [10], et informer sur Facebook [6] et Instagram [11] de la progression de leur travail.

Leurs motivations sont décrites ci-dessous [12]:

Dans une période d'importants flux migratoires dus aux conflits internationaux, les gens cherchent des chances de survie, des lieux où habiter – pour attendre ou commencer une vie entièrement neuve. Beaucoup finissent par vivre dans des conditions qui n'ont rien d'idéal entre camps et colonies de réfugiés, où la scolarisation est malaisée et les enfants et adolescents abandonnent souvent leurs études.

[…]

Nous croyons que l'art peut leur apporter un soulagement, un nouveau regard, et des compétences pour rendre leur attente moins douloureuse – tout en leur donnant une voix pour exprimer ce qu'ils vivent en même temps qu'une visibilité internationale. C'est pourquoi nous visons à entrer en contact avec les enfants et adolescents vivant dans ces espaces, et essayons de transformer leurs médiocres espérances de vie en espoir d'un brillant Avenir Cosmique !

Zeh Palito (au premier plan), Rimon Guimarães (au centre) et Khaldoun Al Batal au fond). Photo Page Facebook [13] du Conexus Project

Al Caravan

Al Caravan apporte l'art avec d'autres actions éducatives aux déplacés syriens depuis 2013. Le concept de l'organisation est né un an avant, lorsque l'armée de l'air du régime syrien larguait ses bombes sur la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, pendant le jour, forçant les habitants à fuir en abandonnant temporairement leurs maisons.

Khaldoun Al Batal, le co-fondateur d'Al Caravan, raconte toute l'histoire à Global Voices :

Nous étions deux amis qui voyaient le potentiel d'un lieu mobile pour remettre en état les biens des gens pendant qu'ils sont loin de chez eux, idéalement des caravanes, bien distribuées dans cette région pour des mini-projets d'agriculture. Ils demandent à un seul producteur de fabriquer une “Caravane Magique” spéciale pour les activités des enfants. Notre collaboration a été brisée quand mon ami a été tué dans un raid des forces syriennes, mais j'ai insisté pour continuer le projet.

En mai 2013, Al Caravan s'est consacré à parcourir les zones à l'écart pour les activités d'apprentissages basiques, d'enseignement et de divertissement des enfants de familles de déplacés. Ça ne remplace pas l'école, mais ça renforce en quelle que sorte la société civile. L'équipe a grandi à 15 militants desservant environ 1.500 garçons et filles dans les zones rurales de trois provinces syriennes, Idlib, Alep et Lattaquié. Aujourd'hui, Al Caravan intervient dans plusieurs régions de Syrie et dans certains camps de réfugiés en Turquie, Jordanie, au Liban et même en Allemagne.

Malgré ses fonds limités, Al Caravan a réuni une équipe d'un millier de bénévoles en Syrie et en-dehors, auxquels s'ajoutent des militants de l'enseignement qui offrent leur expérience pour travailler avec les enfants syriens et communiquer par les médias sociaux avec le monde extérieur.

Les objectifs du projet sont de créer une génération qui pratique les arts comme une partie essentielle de la personnalité des enfants se construisant loin de la violence, autant que d'apporter un soutien psychologique.

Les œuvres des quelque 3.000 enfants participant à ces peintures ont été exposées à Paris et Montréal, et le projet est de former 25 garçons et filles pour présenter un spectacle sur les droits des enfants des Nations Unies avec voix solos et chants folkloriques.

Dans un récent article sur Facebook, Zeh raconte leur visite [14] à Damas pour peindre de nouveaux murs de l'espoir :

Síria Dia 4 | Em meio à guerra começamos a pintar nosso mural no centro da capital do país. Um dia muito importante na minha vida pela importância que este mural carrega e por toda a situação que este país enfrenta. Sem querer ser pretensioso mas talvez também seja um dia muito importante para este momento em que vive o país. O estopim que deu início à guerra no país em 2011 foi um graffiti feito por adolescentes. Hoje 2017 estamos aqui pintando um mural com o objetivo de espalhar amor e esperança através da arte.
Se conseguirmos cumprir nossa missão de pintar esse mural sem nenhum problema esse mural será o maior mural de pintura do país. Algo que nos incentiva muito e nos dá energia para continuar pintando em meio a todos os riscos que corremos e toda a dificuldade que enfrentamos para estar aqui. Detalhe chegamos no país de carro blindado e pintamos com segurança armada.

Os sírios no geral são pessoas bem receptivas, muito amigáveis, sempre nos tratando da melhor maneira possível. Nas ruas muitos militares armados, revistas de carros e pessoas em todas avenidas e vários pontos estratégicos da cidade. Barulhos de bomba, aviões, tiros durante o dia que se intensificam à noite. Acho que agora conseguimos “abstrair” os barulhos da guerra que acontece a 6 km da onde estamos. A tensão está em todos lugares mas a alegria também. Algo difícil de explicar.
A cidade velha é magnífica cheia de histórias, o mercado, a arquitetura, a comida tudo muito único. O povo lindo e amoroso apesar de todos os pesares.
Hoje o secretário da cultura do país fez um discurso público lindo dizendo que nós carregamos “armas”…nossos pincéis trazendo esperança.
#cosmicboys #conexusproject #peace
❤️❤️❤️❤️❤️❤️

Jour 4 en Syrie : En plein milieu de la guerre nous avons commencé à peindre notre fresque dans le centre de la capitale. Un jour très important dans ma vie pour l'importance que revêt cette fresque et pour toute la situation qu'affronte ce pays. Sans vouloir être prétentieux ce sera peut-être aussi un jour très important pour ce moment où se trouve le pays. L'étincelle qui a déclenché la guerre en 2011 était un graffiti fait par des adolescents. Aujourd'hui, en 2017, nous peignons ici une fresque dans le but d'éparpiller l'amour et l'espoir à travers l'art.

Si nous réussissons à accomplir notre mission de peindre cette fresque sans aucun problème, cette fresque sera la plus grande fresque murale du pays. C'est ce qui nous est un grand encouragement et nous donne l'énergie pour continuer au milieu de tous les risques que nous courons et de toute la difficulté que nous affrontons pour être ici. Petit détail : Nous sommes arrivés en véhicule blindé et peignons sous protection armée.

Les Syriens en général sont des gens très réceptifs, très amicaux, ils nous traitent toujours du mieux possible. Dans les rues beaucoup de militaires en armes, des revues de véhicules et d'hommes sur toutes les avenues et divers points stratégiques de la ville. Bruits des bombes, avions, tirs pendant le jour et qui s'intensifient la nuit. Je pense que nous arrivons maintenant à “abstraire” les bruits de la guerre qui se déroule à 6 kilomètres de là où nous sommes. La tension est partout mais la joie aussi. C'est difficile à expliquer.
La vieille ville est magnifique et pleine d'histoires, le marché, l'architecture, la nourriture, tout est tout à fait unique. Les gens sont beaux et aimants malgré tous les regrets.

Aujourd'hui le Secrétaire à la Culture du pays a fait un très beau discours public disant que nous portons “les armes” … nos pinceaux traçant l'espoir.

Une école dans la vallée de la Bekaa. Photo Page Facebook [15] du Conexus Project