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À l'approche de l'élection du Directeur général de l'OMS, le candidat éthiopien confronté à de graves accusations

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Ethiopie, Cyber-activisme, Développement, Élections, Gouvernance, Manifestations, Médias citoyens, Politique, Santé
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Une pompe financée par l'Unicef en Éthiopie. © UNICEF Ethiopia/2016/Ayene. CC BY-NC-ND 2.0.

En janvier 2017, lorsque le candidat de l'Éthiopie au poste de directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr. Tedros Adahanom, a été sélectionné pour figurer parmi les trois finalistes [2] [fr], éliminant six autres postulants, ce fut un grand moment [3] pour le gouvernement éthiopien.

Le Dr. Adahanom a surmonté une opposition féroce [4] de la part de certains de ses concitoyens, offrant l'occasion d'une victoire de propagande aux médias officiels [5] éthiopiens. Pour sa campagne bien financée [6] [fr], M. Adahanom s'est rendu dans plus de 120 pays et ses partisans se sont dits convaincus que son élection n'était qu'une question de temps.

Puis, le 13 mai, le New York Times publiait un article [7] soutenant qu'un “éminent expert mondial de la santé” avait accusé Adahanom d'avoir dissimulé trois épidémies de choléra [8] de 2008 à 2011 lorsqu'il était ministre de la santé éthiopien. Ces allégations émanent de Lawrence O. Gostin, un conseiller informel de l'un des adversaires du Dr. Adahanom dans la course au poste de directeur général, le médecin britannique David Nabarro, mais ce dernier a déclaré au New York Times qu'il n'avait pas donné d'instructions à Gostin de lancer les accusations en son nom.

Enfin ! Le NYTimes dénonce le candidat au poste de DG de l'OMS le DrTedros pour avoir couvert l'épidémie de choléra en utilisant l'euphémisme de la diarrhée aiguë liquide.

Abebe Gellaw, un éminent journaliste éthiopien de la diaspora, a écrit [14]sur Facebook que ce n'était qu'un début :

Le New York Times a publié un article critique sur Dr. Tedros Adhanom. Celui-ci dit qu'il s'agit d'une “campagne de dénigrement”. Mais la révélation n'est que la pointe d'un iceberg. Beaucoup d'autres choses paraîtront dans les prochains jours …

[7]

Capture d'écran de l'article du New York Times sur Tedros Adahanom. Cliquer sur l'image pour lire l'articles sur le site nytimes.com

L'article explosif a mis Dr. Adahanom et ses amis sur la défensive tout en créant un sentiment de revanche chez ses adversaires. Adahanom a nié les allégations. Un ancien journaliste de l'agence Reuters qui avait couvert l'épidémie de choléra en 2009 a répondu sur Twitter que les accusations détaillées du New York Times étaient conformes à ce qu'il avait vu.

En 2009, lorsque Tedros était ministre de la Santé, j'ai obtenu un procès-verbal d'une réunion ONG / ONU, dans lequel une épidémie de choléra était confirmée.

Les ONG, les Nations Unies et le gouvernement ont refusé de commenter. Et les officiels de l'ONU ont fait pression sur moi pour ne pas écrire d'article. Histoire complète ici:

À l'époque, les fonctionnaires de l'ONU se plaignaient régulièrement en privé que le gouvernement les empêchait de faire entrer davantage d'aide.

En réponse aux allégations, le Dr. Adahanom a accusé le camp du Dr. Nabarro de s'engager dans une campagne de dénigrement à visées impérialistes. Les mouvements pro-gouvernementaux ont porté cette ligne d'accusation encore plus loin, en affirmant que Dr. Nabarro travaillait avec des groupes d'opposition éthiopiens qualifiés de “terroristes”.

Le journal d'information semi-officiel d'Éthiopie accuse le conseiller spécial actuel du Secrétaire général de l'ONU, le Dr David Navarro de terrorisme.

Depuis avril 2014, un mouvement de protestation populaire défie le gouvernement [21], qui de son côté a réagi brutalement. Selon l'organisation non-gouvernementale Human Rights Watch, au moins 800 personnes sont mortes [22], [23] et des milliers d'opposants politiques ainsi que des centaines de dissidents ont été accusés de terrorisme [24]. [25] Depuis octobre 2016, les autorités ont imposé certaines des lois de censure les plus strictes au monde après avoir déclaré l'état d'urgence [26][fr].

La tactique consistant à qualifier ses adversaires de “terroristes” s'est maintenant répandue au-delà des frontières éthiopiennes et pourrait se retourner contre le Dr. Adahanom, car son bilan est examiné de manière critique par les médias internationaux.

Les ministres de la santé des États membres de l'OMS éliront le nouveau directeur général le 23 mai 2017.