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Manifestations anti-USA au 45ème anniversaire du rattachement d'Okinawa au Japon

Catégories: Asie de l'Est, Japon, Droits humains, Manifestations, Médias citoyens, Relations internationales
Henoko Base Protests Okinawa [1]

Des manifestants brandissant des pancartes “Nous ne céderons jamais” au rassemblement contre le projet de relocalisation de Henoko au Okinawa Cellular Stadium de Naha. Photo de l'utilisateur Flickr RyuFilms [1] Licence d'image: Attribution-NonCommercial-NoDerivs 2.0 Generic (CC BY-NC-ND 2.0).

Le 15 mai 2017 célèbre le 45ème anniversaire [2] de la restitution d'Okinawa au Japon par les USA. Le mois de mai a été marqué par des manifestations à Okinawa [3]contre la construction en cours d'une base militaire américaine dans une baie relativement intacte. Certains craignent aussi que la loi anti-conspiration récemment adoptée au Japon [4] puisse rendre plus difficiles les protestations contre la présence américaine dans cette région. Les manifestations continues contre la présence militaire américaine à Okinawa n'ont reçu que très peu d'attention en dehors du territoire même.

Suite à la défaite du Japon au cours de la seconde guerre mondiale et jusqu'en 1972, les USA ont administré Okinawa qui a servi de base militaire américaine dans le Pacifique occidental. Bien que constituant seulement 0,6 % du territoire japonais, Okinawa abrite plus de 70 % des installations militaires américaines du Japon [5].

Les bases sont un héritage de la tutelle qui a perduré jusqu'en 1972 et durant laquelle les USA avaient besoin d'installations pour soutenir leurs efforts de guerre contre le Vietnam du Nord. Depuis 1972, la présence de bases et de troupes américaines est généralement justifiée par l'Accord sur le statut des forces militaires (SOFA) et le Traité de Coopération et de Sécurité Mutuelle signé entre les USA et le Japon, connu au Japon sous le nom de Anpo joyaku (安保条約) ou Anpo (安保) [6].

Image modified by Keiko Tanaka

Les zones rouges représentent les bases militaires à Okinawa [7]. Image de Keiko Tanaka tirée de Wikipedia [8].

Bien que la présence militaire américaine représente une aubaine économique pour les habitants de la préfecture la moins riche du Japon, sur une île très peuplée les bases provoquent des nuisances sonores considérables et occupent beaucoup d'espace. Des efforts ont été déployés au fil des ans pour relocaliser les bases ailleurs.

Le 45ème anniversaire du rattachement d'Okinawa au Japon a déclenché de nouvelles manifestations en opposition à la construction d'une nouvelle base.

En 2013, le premier ministre Shinzo Abe et l'ancien gouverneur d'Okinawa, Hirokazu Nakaima, ont signé un accord autorisant la construction d'une nouvelle base militaire américaine dans la baie de Henoko [9], une zone relativement intacte qui servira à l'enfouissement des déblais du chantier. Cette décision a provoqué des manifestations continues et des mouvements de désobéissance civile [10] qui ont été brièvement fait les titres des médias nationaux au moment même où Okinawa célébrait le 45ème anniversaire de son retour dans le giron japonais.

Selon un entretien récent avec l'ancien maire de Henoko [11], l'utilisation des terres pour motif militaire a toujours été basée sur l'entente que les habitants ont également le droit d'en faire usage, un compromis rendu dorénavant obsolète avec la nouvelle base.

En avril 2017 les travaux de remblaiement partiel de la baie de Henoko ont débuté [12], déclenchant des manifestations devant l'entrée sécurisée du chantier. La police a sévi contre les manifestants venus s'opposer à la construction de la base.

Une oppression injuste continue contre les manifestants qui bloquent le passage des véhicules de chantier lors d'un sit-in à Henoko.

Une vidéo publiée sur Facebook qui montre une intervention policière excessive en réponse à la manifestation a été visionnée des milliers de fois. La vidéo a été mise en ligne sur YouTube par le “militant rappeur [16]” Ogesa Taro qui a aussi fourni sur son compte Twitter [17] des photos et des informations relatives à la manifestation, parfois même accompagnées de poésie.

Alors que je désespère de ce pays
Si ce même désespoir est partagé par d'autres
Mon espoir perdure
Ici repose le dernier rempart de la démocratie
[…]

La plupart des manifestations du mois de mai ont été provoquées par la décision de combler la baie de Henoko avec des rochers en vue d'y construire une digue et une aire d’atterrissage pour hélicoptères [12].

Voilà ce qui est en train de se passer ici au chantier de Henoko :

Quatre camions à benne de 10 tonnes ont lâché des tas de rochers dans l'océan. Comme vous pouvez le voir sur les images, les rochers libèrent énormément de poussière qui pollue les eaux de la baie. Cela brise le cœur de ces manifestants qui continuent à protester depuis des canots et des bateaux.

En avril, le gouverneur d'Okinawa Onaga Takeshi a demandé une injonction judiciaire [23] pour cesser tout travail sur la digue, jusqu'ici sans succès. À la fin du mois de mai, Onaga a une fois encore demandé formellement de relocaliser la base à Guam, une demande qu'il avait déja faite auparavant [24].

Onaga, le gouverneur d'Okinawa, remet une nouvelle fois en question l'exécution du projet de construction de la base de Henoko ; il demande à ce que le projet soit réévalué et que la base soit à la place déplacée à Guam.

Les manifestations continueront, et des craintes subsistent quant à l'ampleur des moyens policiers qui seront utilisés pour les arrêter. Le Japon a récemment fait passer fin mai [28] une loi anti-conspiration [4] qui donne les moyens à la police de placer presque n'importe quel groupe sous surveillance.

[Bandeau et légende Twitter] Mettez fin au travaux de remblayage de la baie de Honoko ! Abrogez la loi anti-conspiration. (Action collective de Sapporo, Hokkaido).