Réélu, le président iranien revient sur sa promesse de libérer les leaders du Mouvement Vert

Mir Hussein Moussavi (à droite) est devenu le “chef” du Mouvement Vert quand il a changé la couleur de sa campagne pour l'aligner sur celle des manifestations contre ce que des millions de gens ont perçu comme des élections truquées. Moussavi, sa femme Zahra Rahnavard (au milieu), et un autre candidat réformiste, Mehdi Karroubi (à gauche), furent arrêtés pour “incitation à la sédition.”

Cet article a été initialement publié par le site web du Centre fdes Droits Humains en Iran. 

Dans sa première conférence de presse le 22 mai, quelques jours après avoir été proclamé vainqueur de l'élection iranienne, le Président Hassan Rohani a refusé de s'engager à mettre fin à la résidence surveillée extra-judiciaire des trois leaders de l'opposition—une promesse qu'il avait faite lors de sa première campagne présidentielle.

A la question de ce qu'il allait faire pour libérer les leaders de l'opposition Mehdi Karroubi, Mir Hosseini Mousavi et Zahra Rahnavard, aux arrêts domiciliaires depuis six ans pour avoir mené les manifestations de masse pacifiques contre les résultats contestés de l'élection présidentielle de 2009, M. Rohani a laissé entendre qu'une solution dépendait de la coopération d'autres branches de l’État.

“Notre pays est régi par des lois et nous devons tous nous y soumettre”, a-t-il dit le 22 mai. “l'exécutif, le législatif et le judiciaires ont chacun leurs responsabilités. Nous avançons sur la base de la constitution.”

“Je suis responsable des droits de chaque citoyen, même des Iraniens vivant hors de nos frontières”, a ajouté M. Rohani. “Partout où je verrai les droits des Iraniens être enfreints, j'agirai dans le cadre de mes pouvoirs. Dans les cas relevant du judiciaire, je répondrai par la communication directe ou dans des réunions paritaires. Le prochain gouvernement a l'intention de mettre en œuvre la Charte des droits des Citoyens. A cet égard, les droits de chacun m'importent”.

M. Rohani n'a fait aucune mention du Guide suprême Ali Khamenei, dont l’inflexible opposition à l'élargissement des trois opposants maintient ceux-ci dans les limbes du non-droit.

A son meeting de campagne présidentielle de l'Université Sharif à Téhéran du 13 mai 2013, M. Rohani avait dit son espoir de pouvoir les libérer tous trois dans la première année de sa présidence : “Nous pouvons créer dans l'année qui vient les conditions permettant que les personnes qui ont été emprisonnées ou mises aux arrêts domiciliaires à cause des événements de 2009 soient relâchées”.

Les slogans pour la libération de Moussavi et Karroubi ont été un leitmotiv des partisans de Rohani tout au long de la campagne électorale et des célébrations de sa victoire.

Les [slogans] en soutien à Rohani et Moussavi des rassemblements et marches qui ne cessent de remonter ValiAsr vers le nord

Contrastant avec le quasi silence de Rohani sur la question pendant son premier mandat, d'autres hommes politiques l'ont évoquée maintes fois, et même le vice-président conservateur du Parlement Ali Motahari, qui a redit à plusieurs reprises la nécessité d'une solution.

Dans un entretien le 8 mai 2017, Motahari a renouvelé sa proposition d'un règlement négocié de la question.

“Quelques pas ont été faits vers la résolution des assignations à domicile, et nous devons écouter les arguments de la partie adverse”, a-t-il dit. “Nous devons avancer vers une amélioration de la situation dans le pays et empêcher les problèmes de tourner à la crise”.

Motahari expliquait précédemment que Khamenei est le facteur déterminant de la poursuite de l'assignation à domicile.

“Un des obstacles à leur liberté est l'insistance de certains responsables que l'absence d'excuses et de repentir de leur part portera atteinte à l’État et au Guide suprême”, a indiqué M. Motahari. “ce n'est pas une faute d'avoir sur les événements de 2009 une opinion différente de celle des gens au pouvoir…maintenir [Moussavi, Rahnavard et Karroubi] sous arrêts domiciliaires depuis six ans n'est compatible ni avec la loi ni avec les préceptes de la religion”.

A la conférence de presse du 22 mai, le président nouvellement réélu a également été questionné sur ses [futures] mesures de protection de droits des artistes, notamment dans les secteurs de la musique et du cinéma.

“Un des résultats des élections de cette année a été que tout le monde est en paix avec la musique”, a réspondu M.Rohani. “Néanmoins, nous n'apprécions pas trop la musique de mauvaise qualité. Certains disent qu'elle va aussi, mais quoi qu'il en soit, je suis sûr que notre nouveau gouvernement soutiendra davantage la communauté culturelle”.

“La situation s'est réellement améliorée pour la musique pendant nos quatre années précédentes, mais nous allons accroître nos efforts dans les quatre prochaines”, a-t-il ajouté.

Depuis 2013, quand Rohani a été élu à la fonction sur la promesse d'une société plus ouverte, de nombreux musiciens cautionnés par l’État, parmi lesquels les artistes populaires Alireza Ghorbani et Sirvan Khosravi, ont vu leurs concerts annulés au dernier moment.

Les religieux conservateurs ont justifié leurs attaques contre les musiciens par de vagues déclarations et décrets de chefs religieux de haut rang. Khamenei de son côté a souvent mis en garde contre les dangers supposés de la musique, qui selon lui “détourne de la voie de Dieu”.

Rohani a aussi indiqué que son gouvernement adopterait les propositions basées sur les directives pour l'enseignement établies par l'Agenda 2030 de l'ONU—combattues avec véhémence par les conservateurs—qui n'enfreignent pas les principes Islamiques.

“Les ministres des affaires étrangères, de la science et de l'éducation ont écrit au guide suprême en expliquant dans les détails à Son Excellence que la République Islamique s'est réservé le droit d'ignorer les éléments de l'agenda 2030 qui ne seraient pas conformes à notre culture et nos valeurs nationales”, a dit M. Rohani.

Au sujet de la place des femmes au travail, Rohani a dit que son gouvernement en ferait plus pour augmenter les perspectives d’emploi féminin.

“C'est une erreur de penser que les hommes ont un statut supérieur ou qu'ils sont plus capables que les femmes”, a-t-il dit.

En même temps, Rohani a reproduit les idées sexistes de Khamenei en affirmant que certains emplois conviennent mieux aux hommes qu'aux femmes : “Évidemment les hommes sont meilleurs dans certaines professions et les femmes dans d'autres. (Dieu) leur a donné aux uns et aux autres leurs qualités particulières”.

“Mais les femmes ne sont pas inférieures aux hommes et garder celles-ci à la maison n'a pas de sens d'un point de vue social ou juridique”, a-t-il ajouté.

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