Biens mal acquis: Le luxe du clan Sassou en France attire la curiosité des juges parisiens

Adaptation de l'infographie sur les biens mal aquis du Parisien

Après Wilfrid Nguesso, neveu du président du Congo, c'est au tour de sa fille, Julienne Sassou-Ngues, et de son  gendre, Guy Johnson d'être mis en examen dans l'enquête des “biens mal acquis” portant sur le patrimoine de trois présidents africains, de leurs familles et de leur entourage, constitué et placé hors de leurs pays dans une opacité qui a attiré la curiosité de plusieurs organes de lutte contre la corruption.

Le site Oeil d'Afrique rappelle les faits:

Après le neveu du président, Wilfrid Nguesso, en mars, les juges d’instruction parisiens ont mis en examen, mardi, Julienne Sassou-Nguesso, 50 ans, et son mari Guy Johnson, 53 ans, pour les mêmes faits de “blanchiment de détournement de fonds publics” dans le cadre de l’enquête sur les “biens mal acquis”.

Depuis 2010, des juges d’instruction français tentent de déterminer si les fortunes de trois familles présidentielles, celles de feu Omar Bongo (Gabon), de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et de Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale), ont pu être bâties grâce à des deniers publics détournés de ces pays, avec l’aide d’intermédiaires et de sociétés offshores dans les paradis fiscaux.

Dans ce cas aussi le but l'intention des juges est de clarifier les liens existant entre ces deux personnalités et des  sociétés enregistrées dans des pays étrangers tels que l'île Maurice, les Îles Vierges Britanniques, Dubaï et Hong Kong pour le financement de  biens qu'elles possèdent en France, Le site afriqueexpansion.com précise:

Les enquêteurs cherchent à savoir si des sociétés offshores à l'île Maurice, aux Îles Vierges Britanniques, à Dubaï et Hong Kong ont servi à financer de nombreuses dépenses en France, selon une source proche du dossier. Entre 2008 et 2011 plusieurs dizaines de millions d'euros du Trésor public congolais auraient transité par ces sociétés.

 

Les investigations portent également sur la société congolaise de transports maritimes (Socotram), qui perçoit des redevances sur le trafic maritime et le fret pétrolier, et qui est dirigée par Wilfrid Nguesso : une partie de ces fonds auraient été détournés pour servir à l'enrichissement personnel de ce dernier et de son entourage, selon la même source.

De son côté, sa défense conteste le fait que la Socotram puisse percevoir des fonds publics…

 

Après des premières plaintes en 2007 et 2008, restées sans suite, une plainte avec constitution de partie civile de l'ONG Transparency international avait déclenché l'ouverture d'une information judiciaire en 2010 confiée à des juges financiers.

La journaliste Eunice Kouamé a enquêté sur cette affaire et rappelle que Julienne Sassou Nguesso était agent d’assurance et que son mari Guy Johnson est juriste. Elle écrit sur afrikmag.com

D’après les investigations, plusieurs dizaines de millions d’euros en provenance d’entités publiques du Congo-Brazzaville, auraient été transférées depuis 2007 sur les comptes de diverses sociétés offshores basées aux Seychelles, à l’Île Maurice ou à Hong Kong, soupçonnées d’alimenter ensuite, en partie, le train de vie de certains membres du clan présidentiel, selon une source proche du dossier.

Les enquêteurs pensent que le couple aurait financé une partie des travaux par le biais d’une société seychelloise alimentée par le fruit de la vente des parts détenues par Julienne Sassou-Nguesso dans une société de télécommunications, qui serait liée à des “opérations de corruption”, selon la même source. Ils s’interrogent aussi sur le rôle du gendre du président, apparu comme le gérant d’une SCI qui avait acquis en 2007 pour quelque 19 millions d’euros, un hôtel particulier dans le cossu 8ème arrondissement de Paris, et dont des parts étaient notamment détenues par le clan d’Omar Bongo, ainsi que son épouse, Edith Lucie Bongo Ondimba, aujourd’hui décédée, qui était la fille aînée du dirigeant congolais.

La justice a déjà saisi plusieurs propriétés du clan des Sassou Nguesso ainsi qu’une dizaine de voitures de luxe.

Dans une déclaration reprise par le site dac-presse.com M. Lamyr Nguelé président de la Commission Nationale contre la Corruption, la Fraude et la Concussion (CNCCF) relevait en juillet 2016 que:

les secteurs les plus corrompus sont les douanes, les impôts et le trésor. Il a, par ailleurs, rappelé que l’indice de perception de la corruption au Congo oscillait entre 2.1 et 2.3 dans les années 2015-2016, selon Transparency international.

Dans le secteur de la santé, la corruption perdure encore faute d’application effective des mesures de gratuité décrétées par le chef de l’Etat, sur les traitements contre la tuberculose, le VIH-sida, la césarienne, les autres soins obstétricaux et le traitement du paludisme.

Dans les hôpitaux en effet, des agents véreux continuent leur macabre besogne qui consiste à soutirer des médicaments des sacs des personnes souffrantes et de les leur revendre. Les membres des familles de ces personnes sont obligés d’acheter ces médicaments pour réserver la vie de leur patient. «Si on n’achète pas leurs médicaments, ils rechignent à traiter la personne malade pour punir ceux qui ont refusé d’acheter leurs médicaments », a confié un parent dont le fils souffrait de diarrhée et vomissement.

M. M. Lamyr Nguelé avoue son impuissance:

Lorsque les faits sont avérés, nous transmettons le ou les dossiers au procureur de la République qui engage des poursuites. La commission n’a pas compétence de les engager. Malheureusement, force est de constater qu’aucun de nos dossiers n’a fait l’objet d’une poursuite judiciaire

Autant dire que cette institution est une coquille vide, servant à jeter de la fumée aux yeux de l'opinion internationale. Du reste le rapport 2016 de Transparency International (TI) classe le Congo 159ème sur 170 pays considérés selon l'indice de perception de la corruption.

Pour en savoir plus sur l'affaire des bien mal acquis en Afrique, voici quelques reportages de référence:

République du Congo : Le crépuscule d'un vieux dictateur

Pétition au Pape François: “Excommuniez ces 5 dictateurs africains”

La France et les dictateurs africains:Denis Sassou Nguesso accueilli chaleureusement par Sarkozy

La justice française veut enquêter sur trois chefs d'état africains

Guinée Equatoriale : Teodoro Obiang Nguema et son fils face à la justice française

Françafrique : financement de partis politiques français par les dirigeants africains

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