Le rapport Netizen de Global Voices Advocacy présente un aperçu international des défis, victoires, et tendances émergentes des droits de l'Internet à travers le monde.
Cette semaine, les défenseurs dans le monde entier de l'accès libre à la technologie et à la connaissance ont déploré l’exécution de Bassel Khartabil, un défenseur de l'internet ouvert et ami proche de plusieurs membres de la communauté Global Voices. Bassel avait été déclaré condamné à mort en novembre 2015, date à partir de laquelle on ne savait plus où il se trouvait ni dans quelles conditions. Son épouse Noura Ghazi a appris cette semaine qu'il a été exécuté en 2015.
Khartabil a piloté le mouvement pour l'accès libre à la technologie en Syrie, en tant qu'acteur passionné de projets à dimension mondiale comme Creative Commons et Wikipedia, et co-fondateur du premier laboratoire à Damas pour l'accès libre à la technologie. Pour honorer le passé historique de son pays, il a travaillé avec les techniciens et les architectes sur la reconstruction virtuelle de la ville antique de Palmyre, dans l'espoir de faire revivre sa notoriété historique.
Comme plusieurs autres développeurs et activistes pacifiques de Syrie et d'ailleurs, Khartabil était accusé “d'atteinte à la sécurité de l’État. ”En décembre 2012, il a été interrogé par un juge, selon la procédure judiciaire d'un tribunal militaire, mais à la connaissance de sa famille, il ne reçut par ailleurs aucune information sur l'évolution de son dossier.
Dans Le Prix de la Liberté: Une enquête collective, un livre d'essais et de poèmes écrit par des artistes, des intellectuels et des technologues qui avaient connu Bassel, son épouse Noura Ghazi a évoqué son esprit :
J'ai passé toute ma vie à rêver de liberté, et Bassel m'a appris à en profiter…. IL a toujours partagé ses connaissances avec toute personne qui en avait besoin, et il a aussi appris à beaucoup de prisonniers à lire, à écrire et à s'exprimer en anglais. Bassel m'a ouvert les portes de la technologie, en m'apprenant à utiliser les ordinateurs et les téléphones cellulaires. Il m'a appris internet. Il aussi appris aux autres prisonniers à utiliser les ordinateurs en théorie, sans qu'ils en aient un entre les mains.
Une blogueuse vietnamienne condamnée à neuf ans de prison
Le 25 juillet 2015, lors d'un procès d'une journée, la Cour du Peuple du Vietnam de la province de Hà Nam a condamné Trần Thị Nga à neuf ans de prison et cinq années de résidence surveillée pour “avoir mené une propagande contre l’État.” Nga , âgée de 40 ans, aussi connue sous son pseudonyme Thúy Nga, est une ardente défenseure des immigrés et des droits fonciers. Elle documente et fait campagne contre la brutalité policière sur sa page facebook et sa chaine YouTube. Nga a été souvent intimidée et attaquée physiquement par la police pour son travail.
Les utilisateurs de Facebook au Cachemire et à Brunei paient le prix fort pour leurs ‘leurs discours anti-nationalistes’
Un homme a été interpellé par la police au Cachemire pour des allégations d'écrits “anti-nationalistes” sur Facebook. Des habitants locaux se sont plaints à la police de ses articles sur Facebook, et des policiers se sont présentés chez lui après la défaite de l'Inde face au Pakistan dans la compétition internationale de cricket. Un agent a dit au Kashmir Observer “Nous vérifions si cette personne a des liens ou non avec un groupe terroriste. Nous scrutons aussi ses activités sur les sites des réseaux sociaux.”
Un fonctionnaire du gouvernement du Brunei a été accusé d'avoir enfreint la loi sur la sédition après s'être insurgé sur Facebook contre la nouvelle réglementation sur la certification halal émise par le Ministère des Affaires Religieuses. Mong Palatino de Global Voices a expliqué que du strict point de vue de la réglementation sur les médias du Brunei, les enjeux relatifs aux libertés civiles ne font pas souvent l'objet de discussions en ligne. “C'est pour cela que la conversation [en ligne] sur le cas de Shahiran laisse entrevoir un aspect de la perception de quelques internautes sur la situation du pays aujourd'hui,” écrit-il.
Les entreprises de haute technologie répondent aux préoccupations des États sur le terrorisme via les réseaux sociaux
Dans un souci d'examiner de plus près cette connexion , un Forum mondial de l'Internet pour contrer le terrorisme a été convoqué cette semaine à San Francisco. Organisé par Facebook, Microsoft, Twitter et YouTube, le Forum inclut des représentants de l'industrie technologique, des États et des ONG pour discuter et répondre aux critiques de la Commission européenne et des autres gouvernements sur la nécessité pour les entreprises de technologie de faire plus pour combattre le terrorisme et les discours de haine sur leurs plateformes.
Cependant, les activistes critiquent l'échec des entreprises à faire la distinction entre les discours haineux et les vraies critiques. Les groupes minoritaires aux États-Unis rapportent qu'ils font l'objet d'une censure disproportionnée lorsqu'ils utilisent les réseaux sociaux pour dénoncer le racisme des autres utilisateurs, même lorsque leurs articles répètent, mot à mot, les publications haineuses non censurées que leur ont envoyées les autres utilisateurs. Stacey Patton, professeur de journalisme à Morgan State University, a déclaré au Washington Post :
A l'ère de l'incarcération massive, vous arrivez dans cet espace numérique — cet espace qui semble le seul sécurisé— et alors vous vous retrouvez attaqués par des trolls et jetés dans la prison de Facebook. C'est totalement en contradiction avec l'ambition de création d'une place publique de Mr. Zuckerberg.
Les fausses nouvelles fleurissent sur Free Basics
Une nouvelle recherche de Global Voices montre que Free Basics, la version mobile “gratuite” de Facebook, rend difficile le jugement des utilisateurs sur la fiabilité des articles de presse. Le logiciel ne permet aux utilisateurs que de lire les titres et les captures d'images, mettant de côté le contexte adéquat qui aide les utilisateurs à se faire une opinion sur la véracité des informations d'un article de presse. La prolifération des sites imitateurs répandant de faux articles facilite la diffusion sans s'en rendre compte de fausses informations par les utilisateurs de Free Basics.
Au lieu de le censurer, le Tadjikistan va contrôler I'internet
Le parlement du Tajikistan a apporté une série d'amendements à la loi pénale du pays pour donner aux services de sécurité du pays le droit de suivre et de contrôler les activités des citoyens sur Internet. Cela inclut l'enregistrement détaillé des messages mobiles et SMS, des commentaires sur les réseaux sociaux, et le suivi de quiconque visitant des sites internet considérés comme “indésirables”, bien que les critères de détermination de ces sites ne soient pas précis. La loi criminalise aussi la rédaction de commentaires susceptibles de porter atteinte à l'honneur d'une personne où à la sécurité de l’État, avec une peine minimale de deux années d'emprisonnement. La législation illustre un changement d'approche du gouvernement tadjik , abandonnant la censure interdisant les sites et services internet controversés, pour le suivi des activités des citoyens sur Internet.
L'Autorité Palestinienne adapte à la hâte une loi sur la cyber-criminalité
Le 24 juin, la Palestine a voté une nouvelle loi réglementant les transactions via internet, ainsi que les sites des médias et des réseaux sociaux. La loi met l'accent sur un nombre de “délits cybernétiques” pouvant être sanctionnés à hauteur de 15 années de prison ou de travaux forcés à perpétuité. Tandis qu'elle liste quelques cybercrimes qui doivent être combattus à tout prix comme le chantage sexuel, la fraude fiscale, et l'usurpation d'identité, elle donne au Procureur le pouvoir sans limite de surveiller les citoyens palestiniens, d'intercepter leurs communications en ligne, et de les arrêter pour avoir exprimé leurs opinions et points de vue politiques sur Internet. La loi a été approuvée par le Président Mahmoud Abbas il y a juste deux semaines, sans avoir donné à la société civile la possibilité d'y apporter ses observations.
Apple coupe les VPN en Chine
Apple a informé ses clients qu'il va supprimer les services VPN de ses boutiques de logiciels en Chine pour les mettre en conformité avec la réglementation gouvernementale sur les entreprises offrant des services VPN au grand public. Cependant, les utilisateurs de Chine peuvent encore télécharger et continuer à utiliser des logiciels tels que ExpressVPN si leurs comptes Apple sont enregistrés dans des boutiques à l'étranger avec une adresse de facturation située en-dehors de la Chine.
Nouvelle Reserche
- RECKLESS IV: Les avocats des familles des femmes mexicaines assassinées sont ciblés avec le Logiciel espion NSO – Citizen Lab
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Ellery Roberts Biddle, Mohamed ElGohary, Leila Nachawati, Inji Pennu et Sarah Myers West ont contribué à ce rapport.