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Des militants angolais ont créé une plate-forme pour surveiller l’élection présidentielle

Catégories: Angola, Liberté d'expression, Médias citoyens, Politique

Matériel de la campagne electorale de la MPLA et de son candidat João Lourenço, utilisée avec autorisation (Jiku [1])

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais.

L’Angola est arrivé le 23 août à la fin de la campagne électorale pour l’élection présidentielle. Pour la première fois depuis l’indépendance, le président actuel José Eduardo dos Santos [2] n’est pas candidat.

La liste électorale a été approuvée le 4 février par le comité central du parti au pouvoir, le Movimento Popular pela Libertação de Angola (MPLA) [3] [fr], avec à sa tête l’ancien ministre de la Défense, le général João Lourenço, qui deviendrait le président du pays dans le cas où le MPLA gagne l’élection.

Dans l’opposition se trouvent deux partis connus – l’União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) et l’alliance Convergência Ampla de Salvação de Angola (CASA-CE). Quant aux électeurs, 9,4 millions d’Angolais sont appelés aux urnes.

La transparence de ces élections suscite beaucoup de méfiance. Ainsi, l’invitation tardive aux observateurs de l’Union Européenne (UE) et la non-observance des mesures requises par l’UE sont les raisons principales du refus de cette dernière de surveiller l’élection. L’eurodéputée Ana Gomes [4] a accusé les autorités angolaises de ne pas être intéressées par l'observation de l’UE :

A verdade é que as autoridades angolanas não quiseram dar condições para essa missão ir a Angola, porque caso contrário tinham feito o convite há muito tempo. Portanto, se o Governo angolano escolheu apresentar o convite tão tardiamente, inclusivamente depois de uma missão de peritos eleitorais que a UE enviou para Angola e nem sequer no convite reuniu as condições básicas, que sabe perfeitamente que são exigidas pela UE porque são padrões para qualquer país onde a UE vá observar, então a minha conclusão é que, de fato, não havia vontade política nenhuma das autoridades angolanas convidarem a UE para observar as eleições.

La vérité est que les autorités angolaises n'ont pas voulu fournir les conditions pour cette mission d’aller en Angola, car autrement ils auraient envoyé l’invitation il y a longtemps. Donc, si le gouvernement angolais a choisi d’envoyer l’invitation aussi tardivement, y compris après l’envoi par l’UE d’une mission d’experts électoraux en Angola et même l’invitation n’a pas rempli les conditions de base, bien qu’il connaisse parfaitement bien sont exigées par l’UE parce qu’elles sont les critères pour tout pays où l’UE va pour observer, alors ma conclusion est que, en fait, il n’y a aucune volonté de la part des autorités angolaises d’inviter l’UE à surveiller les élections.

L’organisation de la société civile Handeka [5] a créé le projet Jiku [6], qui propose aux citoyens d'assumer le rôle d'observateurs électoraux en plus de voter. Jiku a l’intention de recueillir ces informations sur leur plate-forme pour fournir aux gens un lieu pour envoyer toutes leurs plaintes et leurs requêtes.

Le site web explique que « jiku » est un mot kikongo qui signifie « une séance pour une discussion sage des problèmes, normalement autour du feu de camp », et est simultanément la première partie du mot « jikulumessu », signifiant « ouvrir l’œil ».

Plusieurs figures angolaises connues se sont impliquées, tel l’ancien premier ministre Marcolina Moco, ainsi que Luaty Beirão et Mbanza Hamza du groupe « 15+2 [7] » des militants des droits de l'homme, qui avaient été arrêtés dans un cas controversé avant d’être relâchés peu après.

Dans une interview [8] avec DW África, le militant Luaty Beirão a expliqué l’idée fondamentale de Jiku :

Incentivar as pessoas a não se comportarem como eleitores numa democracia comum onde as pessoas vão, votam, escolhem o seu candidato e voltam para casa. Porque todos nós nos queixamos de vícios e irregularidades eleitorais, então é preciso que todos se comportem como monitores eleitorais e que estejam atentos.

Encourager les gens de ne pas se comporter comme les électeurs dans une démocratie ordinaire où les gens vont, choisissent leur candidat et rentrent chez eux. Car nous nous plaignons tous de la corruption et des irrégularités, donc il est nécessaire que tout le monde joue le rôle d’un observateur et reste vigilant.

Dans un message sur Facebook [9], Jiku a aussi remis en cause le rôle des autorités traditionnelles dans les élections :

AUTORIDADES TRADICIONAIS E AS ELEIÇÕES

Depois de exatamente 1 hora de direto da TV Zimbo [10] às atividades que ocorreram em simultâneo esta manhã no Huambo (“Candidato” João Lourenço [11]) e Luanda (Higino Carneiro no Kilamba Kiaxi), eis que somos brindados com uma “autoridade tradicional” que, encorajada pelo jornalista e citando atabalhoadamente uma passagem bíblica, confessa ter abençoado João Lourenço e que mais ninguém pode ser abençoado.

LES AUTORITÉS TRADITIONNELLES ET LES ÉLECTIONS
Après exactement une heure de retransmission en direct de TV Zimbo [10] des activités qui ont eu lieu ce matin simultanément à Huambo (« Candidat » João Lourenço) et à Luanda (Higino Carneiro à Kilamba Kiaxi), là on nous montre une « autorité traditionnelle » qui, encouragée par le journaliste et citant un passage biblique, a révélé avoir béni João Lourenço et que personne d’autre ne pourrait être béni.

Ce projet ressemble à celui de Txeka [12], créé par des jeunes militants du Mozambique pendant les élections de 2014, ayant pour but d’observer et surveiller chaque moment des élections.