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Dans le cadre de sa politique anticorruption, le président ouzbèque traite les procureurs de «déchets»

Catégories: Asie Centrale et Caucase, Ouzbékistan, Gouvernance, Médias citoyens
[1]

Le président ouzbèque Chavkat Mirzioïev. Photo : gouvernement de Russie. Creative Commons Attribution 4.0 International

Le 2 août, le président Chavkat Mirzioïev [2] a déchaîné un flot de mécontentement contre les procureurs ouzbèques, accusés d'être voleurs et corrompus.

M. Mirzioïev est entré en fonctions l'automne dernier, quand Islam Karimov [3], premier président de l'Ouzbékistan indépendant, s'est éteint après avoir régné d'une main de fer pendant vingt-cinq ans.

La radio subventionnée par les Etats-Unis «Ozodlik [4]» [en russe], qui émet depuis Prague, a dévoilé l'enregistrement intégral [5] [en ouzbèque] de la vidéoconférence de Mirzioïev avec les procureurs au cours de laquelle le chef d'Etat a déclaré :

“Мен ўзи прокурор деган одамни, кечирасизлару, жуда ёмон кўраман. Буни очиқча айтяпман, нимага десангиз мен район ҳокими бўлганман, вилоят ҳокими бўлганман, бу ноинсофларни ғўддайишини ”.

Je suis désolé, mais je n'aime pas les procureurs… En tant que dirigeant de la région, j'ai eu l'occasion d'observer les habitudes de ces gens dénués de principes.»

Avec leur salaire moyen de 100 à 150 dollars, les fonctionnaires d'Etat ont un train de vie relativement luxueux. Selon les données de Transparency International, la corruption fleurit en Asie centrale, imprégnant toutes les sphères de la vie quotidienne et encourageant le personnel des structures dirigeantes à utiliser son pouvoir pour son enrichissement personnel. Ainsi, l'Ouzbékistan occupe la 156e [6] [en anglais] place sur 176 dans l'indice de la perception de la corruption publié par Transparency International  [7]:

The government’s response to widespread and systemic corruption has been weak, with extensive emphasis given to anti-corruption training. Legal and institutional reform is needed to ensure meaningful separation of powers and adequate public accountability of government bodies.

Les autorités n'ont réagi que faiblement à cette corruption systématique et généralisée, en mettant l'accent sur la formation aux pratiques anticorruption. De plus, le pays a besoin de réformes institutionnelles et législatives pour pouvoir garantir une séparation des pouvoirs et une responsabilisation adéquate des organes du gouvernement.

C'est bien ce que pensent [8] les Ouzbèques qui ont réagi sur Facebook après cette vidéoconférence :

Молодец наш президент! Сказал многое, что народ долгое время замалчивал. Реально человек узнает, какой это карательный орган (хуже, чем НКВД, я отвечаю за свои высказывания и готов обосновать их), только после того, как сталкивается с ним.

Bravo à notre président ! Il a dit beaucoup de choses que les gens taisent depuis longtemps. On ne connaît vraiment cet organe punitif (pire que le NKVD, je pèse mes propos et suis prêt à les étayer) que quand on a eu affaire à lui.

Récemment, ces deux voisins de l'Ouzbékistan (aussi bien par la géographie que par leur rang dans l'index de Transparency International cité plus haut) que sont le Tadjikistan et le Turkménistan ont beaucoup fait parler d'eux [9] avec l'arrestation et l'incarcération de magistrats haut placés. Impliqués dans des affaires de corruption, ils se sont vu confisquer leurs luxueuses villas et autos, ainsi que leur or et leurs liquidités.

L'Ouzbékistan avait déjà connu semblable incident, quand du parquet général est tombée la nouvelle de l'arrestation [10] de Gulnora Karimovaïa, fille [11] de l'ex-président et «princesse» du pays, accusée de corruption à un niveau mettant en jeu des milliards de dollars.

Dans l'enregistrement de cette rencontre, Mirzioïev se félicite des progrès accomplis dans la lutte contre la corruption :

“Мана биз янги Бош прокурор қўйдик, 80 фоиз одамни ўзгартирдик, олдинги қолган ахлатдан, тизимдан, менга бош прокурор қолдирган ўғри тизимидан 20-15 фоиз одамлар юрибди”.

Nous avons déjà nommé un nouveau procureur et nettoyé l'institution de ses déchets en remplaçant 80% du personnel. Il reste encore 15-20% de l'ancien système pourri. Mais nous en viendrons à bout.

Reste à espérer que le pays viendra à bout aussi de la mauvaise situation des droits de l'homme [12] [en anglais]…

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