“Nos armes ne tirent pas de balles, mais des vérités”. Le journaliste Cándido Ríos assassiné au Mexique

Cándido Ríos Vázquez. Imagen ampliamente compartida en Twitter.

Cándido Ríos Vázquez. Image largement diffusée sur Twitter.

Le journaliste Cándido Ríos a été assassiné au Mexique dans la municipalité de Hueyapan de Ocampo, située dans l'État de Veracruz, sur la côte est du pays. Selon des sources locales, Ríos −aussi connu sous le nom de “Pavuche”− a perdu la vie dans une attaque à l'arme à feu le 22 août 2017. C'est en ces termes que le site d'informations indépendant Animal Político a annoncé sa mort :

Ríos, connu chez ses confrères sous le nom de “Pavuche”, est décédé des suites de ses blessures, occasionnées par des balles de gros calibre, durant son transport à l'hôpital, selon ce qu'ont rapporté à l'AFP des sources informées des faits.

Le nom de Cándido Ríos vient s'ajouter à la liste des journalistes tués au Mexique en 2017, après Salvador Adame, Miroslava Breach et Javier Valdez. Selon Article 19, organisation de défense de la liberté d'expression, Cándido Ríos est le neuvième journaliste mexicain exécuté depuis le début de l'année.

Fondateur de l'hebdomadaire La Voz de Hueyapan, Ríos était un correspondant du quotidien Diario Acayucan depuis plus de dix ans. Il couvrait des affaires relatives à la corruption et à la police, sujets que l'on regroupe au Mexique sous le nom de “nota roja” [“presse rouge”, spécialisée dans la couverture des crimes et de la violence]. Le média en ligne Animal Político décrit ainsi son travail :

El periodista era conocido por su larga trayectoria cubriendo nota roja, y por haber tenido conflictos con algunos exalcaldes de la región debido a su labor periodística.

Le journaliste était connu pour sa longue carrière dans la “nota roja”, et pour les conflits qui l'avaient opposé à certains anciens maires de la région à cause de son travail de journaliste.

L'utilisatrice de Twitter Diana Gabriela a partagé un extrait de la vidéo filmée par Cándido neuf jours avant son assassinat, dans laquelle il pointe fortement du doigt des personnalités politiques de Hueyapan de Ocampo. Dans cette captation, Cándido affirme : “nous, nous ne faisons pas usage des armes, et eux, ils nous tirent dessus tout en sachant que nos armes ne tirent pas de balles, mais des vérités”.

En mémoire de Cándido Ríos : “Nos armes ne tirent pas de balles, mais des vérités”. Journaliste assassiné par balle à Veracruz.

“Pavuche” était pourtant placé sous la protection du gouvernement local, suite aux menaces dont il avait été l'objet pour son travail journalistique. Le quotidien La Jornada précise à ce sujet :

Jorge Morales, de la Comisión Estatal de Atención y Protección a Periodistas, informó que Cándido Ríos tenía presentadas varias denuncias contra algunas autoridades municipales de la región, por agresiones a su persona.

“Nosotros en la CEAPP ya teníamos abierto un expediente de él, porque había presentado denuncias. Él tenía varias denuncias contra autoridades municipales”.

Jorge Morales, de la Commission en charge de la protection des journalistes de Veracruz (CEAPP), a signalé que Cándido Ríos avait déposé plusieurs plaintes contre certaines autorités municipales de la région, pour les agressions dont il avait été victime :

“La CEAPP avait déjà ouvert un dossier le concernant, en raison des plaintes qu'il avait déposées. Il avait plusieurs plaintes à son actif contre des autorités municipales.”

Le journal en ligne Huffpost rapporte cette déclaration à propos du défunt :

Su afán por denunciar injusticias le ganó amplia popularidad entre los lectores, pero también enemigos como el exalcalde de Hueyapan, su pueblo natal, quien lo amenazó de muerte en numerosas ocasiones, según recuerda su colega y director del Diario de Acayucan, Cecilio Pérez.

“Son combat véhément pour dénoncer les injustices lui a valu une grande popularité parmi les lecteurs, mais aussi des ennemis, comme l'ancien maire de Hueyapan, son village natal, qui l'a menacé de mort à plusieurs reprises”, se souvient son confrère Cecilio Pérez, directeur du Diario de Acayucan.

Le portail d'informations MX Político a partagé cette image sur Twitter :

Cándido Ríos, le journaliste assassiné à #Veracruz, avait prévenu qu'on projetait de le tuer

La nouvelle de l'homicide de Cándido Ríos a été peu relayée par les médias traditionnels du pays. Des versions divergentes sur le mobile du crime ont aussi été communiquées. Le site du journal national Milenio relève les propos d'un membre du gouvernement mexicain, qui nie que Ríos ait été la cible de l'attaque où il a trouvé la mort :

El periodista Cándido Ríos Vázquez no era el objetivo del ataque en el que murieron él y otras dos personas frente a una gasolinera en el municipio de Hueyapan de Ocampo, dijo Roberto Campa Cifrían, subsecretario de Derechos Humanos de la Secretaría de Gobernación.

Le journaliste Cándido Ríos Vázquez n'était pas la cible de l'attaque qui a causé sa mort et celle de deux autres personnes, devant une station d'essence de la municipalité de Hueyapan de Ocampo, a déclaré Roberto Campa Cifrían, sous-secrétaire aux Droits de l'Homme au Ministère de l'Intérieur (Segob).

Jacqueline Dorantes a partagé ce post avec ses followers :

Cándido Ríos était le seul reporter de Hueyapan

Le Mexique est devenu une véritable zone de guerre pour les professionnels de l'information, qui sont constamment menacés ou agressés pour leur travail.

Lisez notre dossier spécial sur les multiples attaques contre le métier de journaliste au Mexique et l'impunité dont elles bénéficient.

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