Guatemala : la Cour constitutionnelle prononce que le président ne peut pas expulser le commissaire anticorruption

«  #JimmyDégage. Le Guatemala sans peur descend dans la rue.  » Illustration faite pour la campagne mexicaine-guatemalèque. Image publiée à l'origine par Prensa Comunitaria et utilisée ici avec autorisation.

Le Guatemala a vécu des jours d'affrontements politiques intenses suite à la tentative du président Jimmy Morales d'expulser Ivan Velázquez, le chef actuel de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG) soutenu par l'ONU, en le déclarant « persona non grata ».

Mais la Cour constitutionnelle du Guatemala est intervenue en suspendant la décision du président et en déclarant que ce dernier a agi « de manière illégale. »

De nombreux Guatémaltèques ont vu la décision de la Cour comme un pas en avant dans la lutte contre la corruption et une raison de se réjouir en ligne :

Feux d'artifice, applaudissements et discours de joie pour l'avis de la Cour constitutionnelle qui confirme qu'Ivan Velasquez reste [au Guatemala].

#IvánReste

Le destin du commissaire est incertain, mais le soutien populaire et la confiance qu'il a reçue au Guatemala et internationalement sont essentiels au succès de la mission de la CICIG : enquêter de façon indépendante sur les activités des milices illégales, des structures de sécurité clandestines et des mafias qui sapent la règle de droit.

Qui sont les sympathisants du président ?

Le président Morales fait actuellement l'objet d'une enquête pour avoir reçu des fonds illicites. Il est soutenu par un nombre considérable de parlementaires — dont beaucoup font également objet d'enquêtes — et aussi par des autorités municipales. Il a également reçu le soutien des anciens présidents et du secteur le plus conservateur des Guatémaltèques, formé par les églises néo-pentecôtistes, l'association des anciens combattants de l'armée et des universitaires libertaires. Comme constaté par Raúl Bolaños sur le site de journalisme d'analyse laza Pública :

Sus apoyos se encuentran en un discurso nacionalista, en la amenaza del uso de la fuerza y en la ambigüedad de las élites y de las instituciones religiosas, que no quieren un escenario de incertidumbre. El presidente refinó la confrontación en esta lucha, se apoyó en el conservadurismo religioso y aderezó este con un nacionalismo exacerbado

Les soutiens du président se trouvent dans un discours nationaliste, dans la menace de l'usage de la force et l'ambiguïté des élites et des institutions religieuses qui ne veulent pas un environnement d'incertitude. Le président a peaufiné cette lutte, s'est appuyé sur le conservatisme religieux et a couronné le tout d'un nationalisme exacerbé.

Le ton monte, avec l'allusion par les autorités aux moyens violents qu'elles ont utilisés dans le passé pendant les 36 ans de guerre civile, comme constaté par le journaliste Allan Nairn :

Álvaro Arzú, oligarque & ancien président qui a son service de renseignement privé, fait allusion à un retour à la guerre si le chef de la lutte contre la corruption du Guatemala n'est pas expulsé.

Ceux qui demandent au président de démissionner ont décrit l'alliance d'Arzú avec Morales comme un « pacte des [hommes politiques] corrompus », une description qui est rapidement devenue un hashtag et a inondé les réseaux du Guatemala: #PactoDeCorruptos (Pacte Des Corrompus).

Ceux en faveur du financement illégal, levez la main. #PactoDeCorruptos

Quand on est soutenu par un président en prison, Otto Pérez Molina, et un fugitif qui a perpétré un coup d'État, Serrano Elias. #CriseD'ÉtatGT

Dans les prochains jours, le processus d'obtention de l'autorisation de la Cour suprême pour supprimer l'immunité du président commencera. Alors que les autorités municipales le soutiennent, un nombre croissant de Guatémaltèques retournent sur les places publiques dans différentes villes, lui demandant de démissionner.

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.