Oui, le racisme contre les Afro-Américains existe bel et bien au sein de la communauté latino des USA

"Racisme". Photo de l'utilisateur de Flickr Luis Romero . Utilisée sous licence CC 2.0.

“Racisme”. Photo de l'utilisateur de Flickr Luis Romero . Utilisée sous licence CC 2.0.

Le 24 juillet 2017 à Los Angeles, en Californie, un Hispanique a agressé un vendeur ambulant mexicain et renversé son étalage de produits alimentaires. Dans une vidéo enregistrée avec son téléphone portable, la victime a déclaré que ce “coquin raciste” avait renversé son étalage et son agresseur a répondu: “Je ne suis pas raciste, imbécile, je suis un Argentin“. La vidéo, qui a enregistré plus de 8,8 millions vues, a suscité beaucoup de débats.

On semble croire que les Latinos aux États-Unis, en tant que minorité, sont incapables de commettre des actes de racisme ou de discrimination, y compris dans des incidents impliquant deux personnes hispanophones. Cependant, des attitudes racistes existent au sein de la communauté latino, et les Afro-Américains en sont l'une des cibles.

Le sujet a été étudié dans le passé et ce racisme s'est manifesté à nouveau en raison d'événements récents dans lesquels des personnes d'origine hispanique ont commis des crimes contre des Afro-Américains, comme le cas du vigile George Zimmerman qui a tué l'adolescent Trayvon Martin en 2012 ou le policier Jeronimo Yanez qui a tiré sur Philando Castile à un barrage de la police en 2016. Les deux hommes furent acquittés de toutes charges.

L'incident le plus récent de Charlottesville, en Virginie, implique également un hispanophone : Michael Ramos, qui a été identifié comme l'un des probables assaillants de Deandre Harris, un Afro-Américain de 20 ans. Une fois identifié dans les médias sociaux, Ramos a publié une vidéo soulignant qu'il n'est pas raciste car il est “latino-américain et portoricain“.

Avec tous ces incidents, comment les Hispaniques abordent-ils la question du racisme ? Pour Mai-Elka Prado, co-fondateur du Festival Afro-Latino à New York, ce n'est pas quelque chose de spécifique à la communauté latino. “Le problème, c'est qu'il n'est pas une exclusivité de l'Amérique latine, c'est mondial”, a-t-elle déclaré lors d'une interview accordée à Global Voices.

Prado a souligné que la question de la discrimination raciale entre les Latinos et les Afro-Africains n'est pas quelque chose de nouveau. “Le débat est en cours depuis plus de 50 ans, [c'est pour cela que] mon festival met beaucoup l'accent sur ce sujet. Ce sujet comporte des aspects politiques, spirituels et culturels. “

Prado, d'origine panaméenne, reconnaît que “la discrimination existe encore, mais pour moi en Amérique latine, la manière dont on peut se permettre de parler d'une personne de couleur est très grossière, en utilisant des comparaisons dégradantes et des mots socialement acceptés et tolérés”.

Une récente étude du Centre de recherche Pew a révélé qu'environ 50 % des Hispaniques ont vécu une forme de discrimination fondée sur la race ou l'appartenance ethnique. Pendant ce temps, 75 % des Afro-Américains ont connu un acte de racisme ou un traitement injuste.

Certains sites culturels latinos comme Remezcla ont contribué à la construction de ponts entre les deux communautés. Le site recommande, par exemple, de favoriser la discussion sur les racines africaines dans la communauté latino, en soulignant la visibilité des Afro-Latinos, en soutenant les combats pour des changements politiques qui contribuent à lutter contre le racisme structurel dans la justice et en promouvant la sensibilisation au racisme latino-américain envers les personnes d'ascendance africaine.

Mónica Carrillo, fondatrice du Centre LUNDU d'études et de promotion des Afro-Péruviens, a parlé dans un entretien avec Global Voices de son travail de défense des communautés afro-péruviennes et du problème de la discrimination au Pérou. L'interview complète, en espagnol, est disponible ci-dessous :

Carrillo a expliqué son rôle dans l'élimination d'un personnage d'une émission de télévision péruvienne qui véhiculait des stéréotypes sur les Afro-Péruviens. Elle a également abordé le mot “noir” et son contexte dans l'interaction avec des afro-descendants : “Nous devons voir quelle part d'affection et quelle part de racisme existent dans l'utilisation du mot “noir”, dit Carillo, chaque fois que l'on nous appelle “noirs” avec un préfixe et en opposition à blanc, à “pur”.

La communauté latino a une question importante à poser : comment aborder le sujet des relations raciales entre les Hispaniques et les Afro-Américains ?

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