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Netizen Report : Le gouvernement du Togo ferme l'Internet et les SMS devant l'escalade protestataire

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Chine, Egypte, Inde, Japon, Russie, Togo, Censure, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Advox
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Manifestants à Lomé, capitale du Togo, le 6 septembre. Nous sommes 1 million dans les rues #Fauredoitpartir Photo partagée sur Twitter par Farida Nabourema @Farida_N.

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Internet et les SMS sur mobile se sont totalement éteints au Togo, un pays d'Afrique de l'Ouest, au matin du 7 septembre.

Les manifestations anti-gouvernementales ont pris de l'ampleur dans la capitale Lomé, et les leaders de l'opposition [2] exigent désormais la démission du Président Faure Gnassingbé. Le 5 septembre, les utilisateurs ont commencé à signaler [3] que les connexions Internet mobiles étaient incomplètes et que les sites de médias sociaux comme Facebook étaient totalement inaccessibles.

Au matin du 7 septembre, les mêmes chercheurs faisaient savoir à Global Voices que tous les réseaux internet (connexions mobiles et fixes) étaient tombés, et que tous les SMS mobiles et transactions monétaires mobiles étaient bloquées.

L'entreprise de test de réseaux Dyn [4] et le groupe ouest-africain de défense des droits numériques Internet sans Frontières [5], qui compte des membres au Togo, ont vérifié ces signalements par des tests techniques.

Le Togo coupe le service internet face à d'énormes manifestations anti-gouvernement.

Dans une émission de la radio togolaise Victoires FM, le ministre de la Fonction Publique et porte-parole du gouvernement Gilbert Bawara a confirmé [10] que l'internet avait été coupé pour raisons de sécurité. “Même dans les pays les plus développés, les autorités prennent le contrôle des télécommunications dans certains cas”, a-t-il dit [11].

L'objectif prioritaire des manifestants est d'empêcher les députés d'autoriser le Président Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, à se présenter pour un nouveau mandat. L'actuel président a succédé à son père, Gnassingbe Eyadema, resté en place pendant 38 ans.

Alors que la coupure a rendu difficile pour les manifestants togolais de rendre compte sur les médias sociaux de ce qu'ils voyaient, la blogueuse Farida Nabourema envoyait des tweets depuis la frontière avec le Ghana, où elle disait pouvoir trouver du signal.

Les images et vidéos des manifestations au Togo arrivent lentement parce que l'internet est coupé et il faut aller à la frontière ghanéenne pour utiliser le leur

Les coupures sont contraires aux protections du droit international [14] pour les droits à la liberté d'expression et à l'accès à l'information, et contreviennent à une résolution de l'ONU de 2016 [15] qui condamnait l'interruption intentionnelle par les gouvernements de l'accès à l'internet.

Elles empêchent aussi des centaines de start-ups et entreprises locales de travailler et de fournir leurs services, simplement parce que leur activité repose sur l'accès internet. Une récente étude de Deloitte [16] a démontré qu'une coupure d'internet peut coûter à un pays jusqu'à 1,9 % de son PIB par jour.

Une journaliste indienne critique de Modi abattue

La journaliste indienne chevronnée Gauri Lankesh a été assassinée par balles [17] devant sa maison à Bangalore le 5 septembre. Gauri Lankesh s'était positionnée dans une ferme opposition au Premier Ministre Narendra Modi dans son travail de journaliste, et a été reconnue coupable en 2016 de diffamation envers deux politiciens du Bharatiya Janata Party au pouvoir. Dans de récents entretiens, elle disait son inquiétude pour l'état de la liberté d'expression en Inde après avoir été harcelée et visée par des menaces de mort en ligne. Voici un de ses derniers tweets :

pourquoi ai-je l'impression que certains de ‘nous’ se battent entre eux ? Nous connaissons tous notre ‘plus grand ennemi’, si nous nous concentrions plutôt là-dessus ?

La police enquête sur son meurtre mais n'a encore arrêté aucun suspect.

Un Chinois en prison pour avoir vendu des VPN

Les autorités chinoises ont condamné un homme à neuf mois de prison pour vente de réseaux privés virtuels [19] permettant de contourner la censure internet. L'homme a été reconnu coupable de “fourniture de logiciels et outils pour envahir et illégalement contrôler le système informatique”, une définition insolite des VPN. Les autorités chinoises ont annoncé en début d'année une répression des services non autorisés de VPN [20].

Les dirigeants communistes invitent les entreprises chinoises de technologies à rejoindre le parti

Lors d'un récent symposium, les responsables du Parti communiste chinois ont invité les entreprises internet du pays à renforcer leur contribution à la “construction du parti” [21]. Dans le cadre d'une opération visant manifestement à instaurer un plus large contrôle de l'internet, les entreprises de technologie sont sous pression pour monter des cellules du PCC, qui ont habituellement un rôle consultatif dans l'entreprise, mais dans certains cas peuvent être plus actives. Une incitation à rapprocher de la nouvelle loi de cybersécurité chinoise, qui permet aux autorités de fermer les sites enfreignant les “valeurs essentielles du socialisme.” Au moins 34 entreprises internet situées à Pékin ont désormais des cellules du parti, parmi lesquelles Weibo, Jingdong, Sohu, 360 et Lets TV.

Les rapporteurs de l'ONU dénoncent la censure des médias en Egypte

Les rapporteurs spéciaux de l'ONU pour la liberté d'expression, David Kaye, et pour les droits humains et l'anti-terrorisme, Fionnuala Ní Aloáin, ont exprimé de “graves inquiétudes” [22] à propos de la multiplication des fermetures de sites web par le gouvernement égyptien. Au moins 21 sites internet d'information seraient bloqués dans le pays, dont MadaMasr, Al Watan, et Huffpost Arabi, de même que les sites d'organisations de défense des droits comme Reporters sans Frontières. Il n'existe pas de liste publique des sites bloqués, ce qui rend difficile d'en dresser le compte total. “Dans le cas des blocages à grande échelle en Egypte”, écrivent-ils, “les blocages apparaissent fondés sur une législation anti-terroriste trop extensive, ils manquent de toute forme de transparence et n'ont qu'un contrôle judiciaire extrêmement limité, sinon inexistant”.

Site de science ouverte bloqué en Russie

Sci-Hub [23], la base de données scientifique gratuite et ouverte la plus vaste du monde, vient d'être bloqué en Russie [24] — mais pas par les régulateurs russes. En réalité, la fondatrice de ce site, Alexandra Elbakyan, a décidé de bloquer les visiteurs en ligne de Russie à cause de ce qu'elle a décrit, dans une lettre [25] publiée sur la page d'accueil de Sci-Hub, comme la “persécution” qu'elle subit des scientifiques russes refusant que leurs travaux soient accessibles gratuitement. Elbakyan, qui est originaire du Kazakhstan, a démarré l'opération en 2011 dans le seul but d'accroître l'accès à la recherche scientifique et médicale au Kazakhstan et dans les autres pays où les universités n'ont souvent pas accès aux grandes bases de données, en majorité propriétés occidentales, de la recherche.

Apparemment, les règles de Twitter protègent les moustiques

Un utilisateur de Twitter au Japon a été exclu du service [26] pour avoir menacé de mort un moustique. Son tweet était illustré par la photo d'un insecte mort.

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Ellery Roberts Biddle [30], Mohamed El-Gohary [31], Leila Nachawati [32], Julie Owono [33], Nevin Thompson [34] et Sarah Myers West [35] ont contribué à ce rapport.