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Quand l’économie péruvienne perdait la tête

Catégories: Amérique latine, Pérou, Economie et entreprises, Histoire, Médias citoyens

Un billet de mille intis. Image sur Flickr de l'utilisateur A.Davey [1] (CC BY-NC-ND 2.0).

Il n’existe probablement aucun Péruvien de plus de 35 ans qui ait oublié l’époque où l’économie du pays est devenue folle, particulièrement dans la deuxième moitié des années 1980. À l'époque, les mots comme inflation, et son superlatif l’hyperinflation, pénurie, manque et « maquinita » dominaient les conversations du quotidien (la maquinita [2] [« planche à billets », NdT] était une façon familière de se référer à la surémission de monnaie sans contrôle de l’institut d'émission péruvien, la Banque Centrale de Réserve).

A cette époque, l’inflation cumulée atteignit 2,178.49 % [3], chiffre astronomique en comparaison des 3,23 % d’inflation en 2016 [4].

D’après Wikipédia, une des causes de cette inflation fut la politique économique menée par la première présidence d’Alan Garcia [5] (1985 – 1990) :

  • Ese gobierno siempre recurrió a los recursos del Estado para impulsar un funcionamiento privado a corto plazo compatible con una baja inflación aparente. Después de 2 años de experimento de una política económica improvisada, el gobierno aprista de Alan García fue autodestruyéndose. […].
  • A partir del tercer año de ese gobierno o desgobierno vinieron las reacciones de la población frente a los ajustes de los llamados “paquetazos”, seguido de las colas que tenían que hacer todos para conseguir una cierta cantidad de productos de primera necesidad como son leche, pan, arroz, azúcar.
  • Ce gouvernement avait systématiquement recours aux ressources de l’État pour soutenir un fonctionnement privé à court terme conciliable avec une faible inflation apparente. Après deux années de politique économique improvisée, le gouvernement apriste [Parti Apriste Péruvien, NdT] d’Alan Garcia se mit à s'auto-détruire. […]
  • Dès la troisième année de ce pouvoir ou non-pouvoir, la population se mobilisa face aux différents ajustements économiques, qualifiés de « paquetazos » [« grandes réformes » ou « grand changements », NdT], et à l’apparition de files d’attente pour l’obtention des produits et biens de première nécessité comme le lait, le pain, le riz ou encore le sucre.

Le spectre de la pénurie et des longues files d’attente pour se fournir en produits basiques font également partie des souvenirs de cette époque. Aujourd’hui encore, certains ne perdent pas l’occasion de le rappeler en personne à l’ex-président Garcia :

[@soportemovistar Cela fait 32 jours que votre service a répondu “nous avons détecté une panne dans votre secteur” Quand allez-vous y remédier ?]
Faites la queue comme les autres, Monsieur.

ll faut également tenir compte, comme contexte de l’époque, des actes terroristes récurrents infligés au Pérou [7] par les guérillas pendant cette période.

Désormais, les informations reprenant les mots hyperinflation, files d’attentes et pénuries s'appliquent à d’autres pays [8]. Pourtant chacun se souvient de l’inti [9],, la monnaie qui circula de façon éphémère entre 1985 et 1991, année où; suite à une forte dévaluation, elle fut remplacée par le nouveau Sol (simplement appelé « Sol » aujourd’hui). Les chiffres sont révélateurs, en 1985 un inti équivalait à mille sols d’or, mais dès 1991, un nouveau Sol équivalait à un million d’intis.

Le blog Ratapelada relate le changement changement rapide de valeurs faciales des billets dont les Péruviens se servirent exclusivement [10] quand les pièces cessèrent de circuler.

La galopante hiperinflación aprista acabo con su existencia [del inti] de la manera más rápida posible. Una imagen recurrente de esta moneda se asocia con enormes fajos de billetes que, debido al fenómeno inflacionario, perdían su valor adquisitivo en cuestión de meses o semanas. Si bien los primeros billetes fueron los de 10, 50, 100 y 500 intis. Ya en 1986 se introdujo un billete de 1.000 intis. […] En 1988 fueron introducidos billetes de 5.000 y 10.000 intis. En 1989, fueron introducidos los billetes de 50.000 y 100.000 intis. A inicios de 1990 fue introducido un billete de 500.000 intis, y en el segundo semestre de ese mismo año empezaron a circular los billetes de 1 y 5 millones de intis.

L’hyperinflation galopante apriste mis très rapidement fin au système [de l’inti]. Le souvenir de cette monnaie est associé à d’énormes liasses de billets qui, en raison du phénomène inflationniste, perdaient leur pouvoir d’achat en quelques mois ou quelques semaines.
Les premiers billets en circulation étaient de 10, 50, 100 et 500 intis. Dès 1986, un billet de 1.000 intis fut introduit […] En 1988, les billets de 5.000 et 10.000 furent également introduits. En 1989, c’est au tour des billets de 50.000 et 100.000 intis. Au début de l’année 1990, un billet de 500.000 intis est mis en circulation, et au second semestre de la même année, commençaient à circuler les billets de 1 et 5 millions d’intis.

Sur Twitter, des utilisateurs ont publié des photos de billets avec des valeurs nominales particulièrement élevées  [11]:

Avec un million d'Intis, vous pouviez acheter un pack de lait.
Ils ont tous volé.
+ D’un million.
[19]85-90

Alan, tu te souviens de ce billet? Oui, c'est 5 « millions » d'intis et aujourd’hui ça suffirait à peine pour un modeste petit-déjeuner de 6 petits pains, beurre et jambon !

Billets Péruviens : Intis des années quatre-vingts [PHOTOS]

Les Intis de nos jours: qu'est-ce que vous pourriez acheter aujourd'hui avec ces billets ? [VIDEO]

Certains sites de vente en ligne les proposent [22] désormais comme objets de collection.