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L'autorisation de la centrale hydroélectrique brésilienne de Belo Monte à nouveau suspendue

Catégories: Amérique latine, Brésil, Développement, Droits humains, Environnement, Médias citoyens, Peuples indigènes

Une vue du relogement urbain collectif (RUC) Jatobá, à Altamira, Brésil. Photo: Aaron Vincent Elkaim/ISA, reproduction autorisée.

Cet article d'Isabel Harari a été publié à l'origine sur le site de l'Instituto Socioambiantal, avec qui Global Voices est partenaire et dont nous partageons les publications.

Le barrage de Belo Monte dans l’État du Pàra, dans le Nord du Brésil, avait reçu son permis d'exploitation il y a deux ans et sa construction est sur le point de s'achever. Pourtant, ce barrage hydroélectrique demeure la cible d'accusations de violations de droits sociaux et environnementaux.

Le 13 septembre, la cour régionale au Brésil a suspendu sa Licence d'Installation (LI) à cause des conditions de logement déplorables dans les abris construits pour des centaines de familles par Belo Monte.

Les critiques contre les problèmes liés à ces logements ont débuté en 2012 lorsque Norte Energia, entreprise sous-traitante de Belo Monte, promit des maisons en brique de trois dimensions différentes selon la taille des familles concernées. Pourtant, toutes les familles ont été relogées dans des maisons en béton de taille identique. Les longues distances entre ces nouveaux logements et les lieux de travail et d'études des habitants, ainsi que le mauvais état des logements avec des trous et des fissures dans les murs sont quotidiennement dénoncés par les organismes publics.

La suspension gèle tous les travaux liés à l'installation de la centrale hydroélectrique, programmée pour être pleinement opérationnelle d'ici 2019. Norte Energia refuse de reconnaître l'autorité judiciaire de la décision et a déclaré dans un communiqué “qu'une telle décision n'a pas d'effet puisqu'elle se réfère à la Licence d'Installation.”

Le 22 septembre, la même cour régionale a autorisé le recours aux forces de l'ordre si Norte Energia ne respectait pas la décision et poursuivait l'installation.

La militante pour l'environnement Helena Palmquist, basée dans l’État du Parà, a fait part de tensions liées à cette décision dans une série de tweets :

Norte Energia et le gouvernement brésilien ont toujours dit que Belo Monte serait le salut des mangeurs de vers de terre du Xingu [le fleuve sur lequel est construit Belo Monte]

Ils ont toujours affirmé que les gens vivraient dans les meilleures maisons possibles, avec le meilleur assainissement du pays.

Rien de tout cela ne s'est produit et l'entreprise essaie même de se défendre devant les tribunaux en affirmant que l’humidité de l'Amazonie était inattendue. L'assainissement n'a jamais été prêt.

Et maintenant, avec la centrale presque prête, ces gens doivent accepter la ruine de leur vie comme un fait accompli

L'arrêt de Belo Monte est un minimum. Vraiment un minimum.

Suspensions en série

Norte Energia détient depuis novembre 2015 un permis d'opérer qui a totalement modifié les termes de la Licence d'Installation. celle-ci comporte de nouvelles conditions qui n'ont pas été remplies et confirme ainsi que l'entreprise ne respecte pas les règles environnementales. La centrale est la cible de quatre autres décisions de justice qui pourraient également ordonner la suspension de sa licence d'exploitation.

A partir d'avril 2017, une cour régionale a suspendu l'activité de l'entreprise jusqu'à ce que le système d'évacuation des eaux usées soit amélioré, mais rien n'a été fait. Une décision historique car elle a été la première à casser une suspension des règles de sécurité, ce qui permettait à la société de continuer de travailler sans contrôler le respect de ces règles.

Alors que la licence d'opération demeure annulée et que la suspension de la licence d'installation était validée par la loi, aucune de ces décisions n'ont été mises en œuvre. La fin de l'installation est prévue pour 2019 avec la mise en place de la dernière turbine.

Norte Energia continue de produire et de vendre de l'énergie, au mépris de toutes les décisions judiciaires prises.