Le démission du Président du Parlement éthiopien changera-t-elle l'équilibre des forces au sein du pouvoir ?

Meeting electoral final de l'EPRDF à Addis Abeba en 2010. Photo BBC World Service (Uduak Amimo) via Flickr. CC BY-NC 2.0

Meeting électoral final de l'EPRDF à Addis Abeba en 2010. Photo BBC World Service (Uduak Amimo) via Flickr. CC BY-NC 2.0

[Billet d'origine publié le 18 octobre 2017] Des événements survenus récemment au sein de la coalition gouvernementale multiethnique éthiopienne, le Front révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), indiqueraient qu'une guerre interne est en cours, et certains observateurs craignent que la lutte pour le pouvoir ne déstabilise le pays.

D'autres, cependant, espèrent que cela pourrait signifier une influence croissante de la majorité ethnique Oromo dans la politique.

La question s'est posée en octobre lorsque Abadula Gemeda, le président du parlement éthiopien, a déclaré qu'il renoncerait à son marteau et qu'il démissionnerait de son poste. Abadula a poursuivi avec une interview approfondie à la télévision publique, dans laquelle il dit avoir perdu son intérêt pour le poste de président “parce que mon peuple et mon parti ne sont pas respectés ” et il a expliqué son intention de se battre pour “retrouver le respect que les Oromo méritent”.”

Abadula est membre fondateur de l'Organisation Démocratique Populaire Oromo (OPDO), l'un des quatre partis constitués sur une base ethnique qui composent l'EPRDF. [Front Démocratique Révolutionnaire des Peuples Éthiopiens, fr]. Les trois autres sont le Mouvement Démocratique National Amhara (ANDM), le Mouvement Démocratique du Peuple Ethiopien du Sud (SEPDM) et le Front Populaire de Libération du Tigré (TPLF).

Ces quatre partis prétendent représenter chacun un groupe ethnique de la fédération éthiopienne, mais ils partagent les mêmes idéologie, programme et stratégies politiques. Le TPLF est le parti prédominant, se présentant comme le protecteur de l'intérêt du peuple tigréen. L'ANDM et l'OPDO sont perçus comme des complices volontaires du TPLF, mais se présentent comme des représentants des communautés Amhara et Oromo respectivement. Le SEPDM est une fusion de plusieurs partis politiques de nombreux groupes ethniques minoritaires. Il est généralement considéré comme subordonné à des partis subalternes de subordonnés car il a été formé comme inféodé aux trois autres.

Le poids politique des différents partis n'est pas proportionnel à la taille des communautés qu'ils représentent. Du point de vue démographique, les Oromos sont le groupe ethnique le plus important. Selon un recensement effectué en 2007, les Oromos représentent 34,4% de la population du pays, les Amharas environ 27% et les Sud-Ethiopiens 14%.

Bien que les Tigréens ne représentent que 6,1% de la population, ils occupent la plupart des postes militaires les plus élevés qui contrôlent la sécurité et le renseignement de la nation.

La marginalisation du peuple Oromo a en partie alimenté une série de manifestations [fr] au cours des trois dernières années. Les manifestations anti-TPLF se déroulent quotidiennement en Oromia, la région de l'Éthiopie où vit la majorité des Oromo, et on raconte que les rassemblements sont secrètement endossés par les membres de base de l'OPDO.

C'est pourquoi certains analystes voient la démission d'Abadula comme une preuve du pouvoir croissant de l'OPDO, un parti qui a souvent été accusé d'appliquer le programme politique du TPLF dans l’État d'Oromia. Le leader de l'opposition Lencho Bati , qui est basé à l'étranger, a commenté sur Facebook:

À mon avis, sa démission c'est comme jeter de l'essence dans un incendie qui est déjà hors de contrôle. C'est une étape historique qui signe et symbolise la fin de la soumission de l'OPDO à la domination des Tigréens.

D'autres ont émis l'hypothèse que le départ d'Abadula était de la propagande. Abebe Gelaw, un éminent militant de l'opposition éminent, a écrit :

Le TPLF est fort pour recycler et jeter ses responsables après usage. La “démission” d'Abadula de son poste honorifique d'approbateur automatique dans le parlement du TPLF n'est pas aussi importante que certains voudraient nous le faire croire. Il faut se souvenir que l'ancien prisonnier de guerre, dont le véritable nom était Menase Wolde Giorgis, fut un jour promu major général. En 2005, il a été contraint de quitter son poste de ministre de la Défense et a été rebaptisé Ato Abadula Gemeda, “président” de l'État fédéral d'Oromia.

C'est une folie de s'attendre à ce que quelqu'un qui mène une vie fausse – avec un faux nom donné par le TPLF, un faux pouvoir et même de faux diplômes qu'il a achetés à peu de frais devienne le champion de gens qu'il a trahis tout au long de sa vie d'adulte. La vérité claire et simple est qu'Abadula est l'une de ces prostituées politiques possédées et asservies par le TPLF. C'est une réalité qu'il a acceptée depuis trop longtemps. Sa démission n'est même pas un symptôme de la crise de la tyrannie du TPLF car la crise est évidente sans la démission d'une marionnette. Nous attendrons et verrons ce que ses maîtres en feront à nouveau.

Toutefois, il semble que la domination politique absolue du TPLF au cours des 25 dernières années se soit estompée et que la coalition au pouvoir soit fragilisée.

La démission annoncée d'Abbadula, le président de l'Assemblée Nationale d’Éthiopie, sera le début de la révélation des dissensions internes dans l'ERPF.

Le tweet de BefeQadu ci-dessus s'est avéré prophétique, car Bereket Simon, membre fondateur du Mouvement national démocratique amhara [ANDM], a démissionné de son poste de conseiller du Premier ministre moins d'une semaine après la démission d'Abadula.

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