Au Venezuela, le témoignage d’une mère désespérée sur la situation des hôpitaux pour enfants

Capture d'écran extraite de la vidéo réalisée par l'association “Prepara Familia”.

Les difficultés rencontrées par les hôpitaux publics vénézuéliens continuent d'augmenter, entraînées par des aides gouvernementales dérisoires et dans l'indifférence des médias. Dans ce contexte, des organisations non-gouvernementales comme Prepara Familia (Préparer la Famille), se servent d'internet pour alerter l'opinion. Pour illustrer cette situation, l'association a réalisé une vidéo depuis le département néphrologie de l'hôpital Juan Manuel de los Rios, à Caracas, la capitale du pays, afin de dénoncer la situation désespérée à laquelle sont confrontés les patients et leurs familles.

Pour les malades, le temps passé dans le service néphrologie de l'hôpital a permis de nouer des relations quasi familiales. Les mères forment une communauté soudée et se soutiennent mutuellement pour pallier l'absence de leur entourage et les difficultés qu'imposent de lourds traitements. Malheureusement, l'effort de ces familles venues à l'hôpital chercher des soins aura été vain. Depuis le milieu de l'année, de nombreux jeunes patients sont décédés dans le service, les uns après les autres.

Bien que la situation soit niée par l'hôpital et que les autorités aient tenté de le cacher, des salles et des équipements ont montré des signes inquiétants de contamination. Des études menées par l'Unité de technologie médicale de l'Université Simón Bolívar ont suggéré la présence de coliformes totaux, de coliformes fécaux et de mésophiles aéroportés. Les enfants ont été contaminés par les machines que l'hôpital utilise pour nettoyer le sang et n'ont pas été pris en charge en raison de contraintes budgétaires. Pour cette raison, certains de ceux qui sont allés à l'hôpital pour se soigner ont vu leur état de santé s'aggraver.

Dans la vidéo, les mères des patients du service de néphrologie de l'hôpital Juan Manuel de los Ríos témoignent des difficultés qui accompagnent le manque d'hygiène dans l'hôpital, comme les infections qui compliquent davantage l'état de santé de leurs enfants. En général, les enfants qui ont besoin d'une dialyse se rendent à l'hôpital au moins deux fois par semaine pour recevoir des traitements, ce qui leur permet de continuer à mener une vie normale.

Esto ha sido muy fuerte […] no veo mejorar a mi hijo. La situación es horrible.

Cela a été très difficile […] Je ne vois aucune amélioration dans la santé de mon fils. Cette situation est horrible.

Pour la plupart des familles touchées, la mauvaise gestion du gouvernement est la véritable épidémie. Les produits utilisés pour effectuer les examens ne sont pas remplacés, et les coûts sont exorbitants. Il n'y a pas non plus d'ambulance pour transférer les familles dans d'autres hôpitaux. Parfois, il n'y a même pas assez de nourriture à l'hôpital, qui dépend alors des dons.

Dans la vidéo, présentée pour la première fois le 5 juillet 2017, les mères de Deivis, Rafael et Cristhian – tous trois patients du service – ont parlé de la situation de l'hôpital, du manque d'entretien et des contaminations. Des plaintes ont déjà été déposées devant le bureau du procureur mais elles n'ont pas été autorisées à entrer en contact avec des avocats. Les tribunaux n'ont pas non plus accepté les demandes formulées par la CECODAP, une organisation vouée à la défense des droits humains des enfants, qui a demandé à plusieurs reprises la reconnaissance d'une situation d'urgence.

Les mères des trois enfants décédés en août et septembre ont témoigné dans la vidéo. Sept enfants sont morts d'infections dans l'unité. Il a été rapporté dans la présentation de la vidéo par l'organisation que :

A la fecha que fue grabado el video habían fallecido 3 niños (Raziel Jaure, Samuel Becerra, Dilfred Jimenez) y Daniel Laya falleció en los días de la grabación, lamentablemente contaminados con bacterias. El material audiovisual fue presentado en la audiencia Nro. 163 ante la CIDH celebrada el cinco de julio de dos mil diecisiete en Lima, Perú por Cecodap, Prepara Familia y Judith Bront la madre de Samuel Becerra, uno de los niños fallecidos. Desde entonces, tres niños más han fallecido producto de la contaminación que se vive en dicho centro de salud. Sus nombres eran: Deivis Perez, Rafael Velasquez y Cristhian Malave. Varias de las madres que aparecen en el video denunciaban la situación mientras sus hijos aún vivían.

Au moment où cette vidéo a été enregistrée, trois enfants (Raziel Juare, Samuel Becerra et Dilfred Jimenez) étaient morts, plus Daniel Laya, décédé pendant le tournage, tragiquement infecté par des bactéries. La vidéo a été présentée à l'auditorium numéro 163 avant la célébration du CIDH le 5 juillet 2017 à Lima au Pérou par la CECODAP, l'association Prepara Familia, et Judith Bront, la mère de Samuel Becerra, l'un des enfants décédés. Depuis cette date, trois autres enfants sont morts en raison de contaminations contractées dans cet hôpital. Ils s'appelaient : Deivis Perez, Rafael Velasquez et Cristhian Malave.

Aujourd'hui, l'hôpital est toujours contaminé. La réponse du ministère public a été de demander la fermeture de l'unité et le transfert des patients vers d'autres hôpitaux. Un tribunal dédié à la protection des enfants a appelé le ministère public à garantir l'accès aux traitements médicaux dont les patients ont besoin. Néanmoins, Katherine Martínez, présidente de l'organisation Prepara Familia, conteste que l'unité ait été fermée. Selon elle  :

La salle et la clinique de dialyse continuent d'être opérationnelles parce que c'est la seule unité restante dans le pays qui prend des patients pédiatriques qui pèsent moins de 20 kilos.

Les mères des victimes participent ensemble aux réunions et aux funérailles. Elles continuent de protester et tentent de rendre cette situation visible auprès des autorités internationales. La vidéo a été présentée à la Cour des droits de l'homme inter-américaine, la plus grande organisation de défense des droits de l'homme du continent avant que le gouvernement vénézuélien ne la quitte en 2013eft it in 2013. Voyant que les préconisations du procureur n'étaient pas respectées, on ignore si le gouvernement jouera un rôle actif pour résoudre cette urgence, car il semble désormais que les priorités soient axées sur les différends politiques qui divisent le pays.

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