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#SOSManus : La police expulse les demandeurs d'asile de l'ex-camp de détention australien sur l'île Manus

Catégories: Océanie, Australie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Dernière Heure, Droits humains, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Réfugiés
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“Cette photo est assez pour réveiller l'Australie et montrer comment un politicien cruel comme Peter Dutton utilise les Australiens à son propre profit politique”. Photo et commentaire de Behrouz Boochani, utilisation autorisée

Des niveaux accrus de violences de la police paraissent signaler la fin du bras de fer [2] à l'ex-centre régional australien de détention sur l'île Manus en Papouasie Nouvelle-Guinée, que des centaines de demandeurs d'asile refusaient de quitter [3] pour être transférés dans un nouveau lieu.

Depuis des années, l'Australie envoyait dans ce centre les candidats-réfugiés arrivés par bateau. Jusqu'à ce qu'en avril 2016, la Cour Suprême de Papouasie Nouvelle-Guinée en ordonne la fermeture [4] après avoir constaté qu'y détenir des demandeurs d’asile était illégal. Le centre a été officiellement fermé fin octobre 2017.

Néanmoins, des centaines de détenus refusaient de le quitter, en invoquant des craintes pour leur sûreté, du fait des tensions les opposant à la communauté locale, et leur manque de confiance dans les autorités australiennes.

Avec l'opération policière pour mettre fin à la confrontation, photos et vidéos éclosent sur les médias sociaux, dont beaucoup restent cependant à vérifier. Un des détenus, le Pakistanais Ezatullah Kakar, a posté ce message avec cidéo, semblant montrer des policiers maniant des matraques et agrippant sans ménagement les détenus :

Australie-Papouasie Nouvelle-Guinée, vous avez détruit notre vie, nous avons tout perdu, familles, amis et même notre respect de nous-mêmes. Nous n'oublierons jamais comment vous nous avez traités, nous avons compris que nous ne sommes pas des êtres humains, le monde nous oublie, nous serons mieux tués sur place que dans le nouveau camp-prison de Lourengo Manus.

Le journaliste iranien détenu Behrouz Boochani a été l'une de leurs voix. Hier il a été gardé à vue pendant deux heures avant d'être transféré de force.

L'armée a arrêté le journaliste primé par Amnesty Behrouz Boochani, en ce moment même à Manus. Merci de partager cette photo en marquant le député Peter Dutton et [le Premier Ministre] Malcolm Turnbull, en les rendant responsables qu'il n'arrive aucun mal à notre frère.

Boochani a tweeté par la suite :

Je viens d'être relâché. Ils m'ont menotté pendant deux heures dans un endroit derrière le camp-prison. Le commandant de police me hurlait ‘vous informez contre nous’. Ils m'ont bousculé plusieurs fois et ont cassé mes affaires. J'en écrirai davantage là-dessus plus tard.

Auparavant, 12 Australiens de l'année s'étaient inquiétés de la situation sur Manus, appelant le gouvernement australien à rétablir les services de base au centre :

12 anciens Australiens de l'année condamnent l'action du gouvernement australien sur Manus, et appellent à une intervention humanitaire d'urgence

Ils n'ont pas fait l'unanimité sur les médias sociaux. Robert Johnstone a posté ce commentaire [20] sous un statut Facebook de Behrouz Boochani :

Good on Minister Dutton for his tough stance on this . These so called refugees are grown up
People and knew what they were embarking on when they jumped in a boat . No one twisted their arms , they are solely to blame for their predicament. If you want to
come to our country come the proper way not through the backdoor like a crim.

Un bon point au ministre Dutton pour sa fermeté là-dessus. Ces soi-disant réfugiés sont des adultes et savaient dans quoi ils s'embarquaient quand ils ont sauté dans un bateau. Personne ne leur a tordu le bras, ils sont seuls responsables de leur malheur. Si vous voulez venir dans notre pays, faites-le de façon convenable, et pas en passant par la porte de derrière comme un délinquant.

Le Premier Ministre australien Malcolm Turnbull et son ministre de l'immigration Peter Dutton continuent à appliquer une politique inflexible [21] en la matière. Il y en a qui aimeraient les voir traduits en justice :

Cour Pénale Internationale encore une violation des ordonnances du tribunal de Papouasie-Nouvelle Guinée. C'est un crime contre l'humanité

L'impasse de Manus reçoit déjà une attention internationale qui ne se limite pas à l'agence des Nations Unies pour les réfugiés :

UNHCR : L'Australie exhortée à assurer protection, assistance et solutions aux réfugiés sur l'île Manus

C'est scandaleux, en même temps je suis si contente que vous soyez sortis (bien que loin d'être libres). Tout le monde devrait suivre @BehrouzBoochani [10] pour des dépêches directes de l'intérieur du camp sur l'île Manus

La situation change d'heure en heure [31]. Les développements peuvent être suivis au moyen du mot-dièse Twitter #SOSManus [32].