Netizen Report : crainte des informations frauduleuses et limitation de la liberté d'expression en période pré-électorale au Brésil

Art au pochoir, Wisconsin, Etats-Unis. Photo de David Drexel via Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices Advox offre un aperçu des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de droits numériques à travers le monde.

Le spectre des “fake news” s'étend constamment et la capacité des sociétés Internet à contrôler et tirer profit de la diffusion des informations semble s'accroître de jour en jour. Les responsables démocratiques du monde s'empressent alors de restreindre les libertés d'expression et de faire la distinction entre les motivations derrière l'information sur le net : pouvoir politique, argent ou simple échange libre d'idées ?

Début décembre 2017, le gouvernement brésilien a créé une commission [fr] pour surveiller et exiger le blocage de contenu frauduleux sur les réseaux sociaux avant les élections présidentielles de 2018. La nouvelle a rapidement suscité des inquiétudes parmi le public sur une possible censure.

Lors de sa première réunion, la commission a proposé [pt] la création d'un outil grâce auquel chaque utilisateur peut soumettre à la commission des articles qui lui paraissent suspicieux.

La commission n'a pas expliqué comment ce système s'intégrerait avec les entreprises de réseaux sociaux, seules entités compétentes pour supprimer le contenu ou les comptes diffusant ces “fausses actualités”. Ses membres ont déclaré négocier le soutien de ces entreprises mais restent obscurs quant à leurs objectifs.

De précédentes tentatives dans la mise en place d'un tel contrôle avaient produit des résultats peu concluants. En décembre 2016, lorsque Facebook a lancé la fonctionnalité “Signaler une fausse information”, de nombreux utilisateurs ont signalé du contenu frauduleux pour discréditer des informations ou des idées avec lesquelles ils étaient en désaccord, même lorsque ces idées s'appuyaient sur des faits vérifiés.

Outre-Atlantique, le président français Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles mesures [fr] visant à contrôler la diffusion d'informations frauduleuses. Ces mesures exigeront la suppression de contenu et la censure des sites Internet diffusant ces informations, ainsi que la fermeture par ordre judiciaire des comptes utilisateurs contrevenants.

De plus, un nouveau projet de loi visant les contenus sponsorisés sur les plates-formes de réseaux sociaux a été présenté au parlement français. Si cette loi est adoptée, elle exigera des plates-formes de “rendre publique l'identité des sponsors et de ceux qui les contrôlent” et imposera des limites au montant payé par le sponsor pour un tel contenu.

Selon le président Emmanuel Macron, l'objectif de cette loi est de “protéger la vie démocratique”.

En France comme au Brésil, il est difficile de savoir comment les gouvernements imposeront aux entreprises des réseaux sociaux d'identifier et/ou de supprimer un tel contenu à une telle échelle.

Le Vietnam recrute des milliers d'employés pour faire la chasse aux “opinions répréhensibles” sur Internet

Le 25 décembre 2017, le colonel général Nguyen Trong Nghia, vice-président du Département général de politique de l'armée populaire du Vietnam, a annoncé que l'armée avait créé une force spéciale chargée de “combattre les informations erronées et la propagande anti-gouvernementale”. Ce corps est déjà composé de 10.000 employés.

La Chine censure plus de 100.000 sites Internet pour contenu préjudiciable

Le 8 janvier, l'agence officielle de presse chinoise Xinua a déclaré qu'environ 128.000 sites Internet ont été censurés en Chine en 2017 pour cause de contenu “préjudiciable”, comprenant des articles de sources “non-autorisées” ou pornographiques. Plus récemment, les responsables de l'administration ont condamné le célèbre agrégateur de contenu Toutiao, qui selon eux diffusait illégalement des actualités sans avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités.

Un tribunal chinois juge une affaire contre la censure et la surveillance

Un tribunal de Pékin a accepté de juger une affaire concernant le responsable de la censure médiatique de contenu LGBTQ sur Internet. En juin 2017, la China Netcasting Services Association [l'association de services de diffusion en ligne de Chine, NdT] avait indigné le public en publiant de nouvelles règles interdisant le contenu en ligne représentant des “relations sexuelles ou des comportements anormaux”, incluant l'homosexualité. Le procès intenté par Fan Chunlin, un trentenaire résidant à Shanghai, exige du régulateur médiatique de fournir un fondement légal pour décrire l'homosexualité comme “anormale”. La décision du tribunal est attendue dans les six prochains mois.

Dans la province de Jiangsu, un tribunal a accepté de juger une plainte déposée par un groupe de défense des droits des consommateurs contre Baidu, l'une des plus grande entreprise Internet de Chine. Le comité de défense des consommateurs de la province de Jiangsu accuse les produits Baidu, notamment son application mobile et son moteur de recherche, d'accéder sans leur consentement aux messages, appels, contacts et autres données personnelles des usagers.

En Indonésie, un drone participe à la censure

Le Ministère de la communication et de l'informatique indonésien a lancé un nouveau programme visant à améliorer le processus de blocage de contenu “négatif” en ligne grâce à l'intelligence artificielle. Connu sous le nom de “Cyber Drone 9,” le programme allie de nouveaux outils technologiques (n'impliquant en réalité aucun drone) et une équipe de personnel en charge de contrôler le contenu “négatif” identifié par le logiciel et de décider s'il doit être censuré.

Vous visitez les États-Unis ? Vous pourriez devoir donner votre téléphone portable. 

Les agents des services frontaliers américains auraient fouillé 30.200 appareils en 2017 aussi bien pour les voyageurs entrants que sortants, contre 19.051 en 2016. Le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a publié de nouvelles directives imposant, entre autres, aux téléphones d'être débloqués sur demande et autorisant les agents à copier et enregistrer les informations provenant des téléphones portables des voyageurs.

La pénétration d'Internet et des téléphones mobiles augmente partout, sauf au Vénézuela

La presse vénézuélienne et le site d'analyse El Estimulo ont publié un rapport détaillé [es] sur les taux de connectivité à Internet et au réseau téléphonique mobile, qui déclinent au Vénézuela. L'article met l'accent sur les statistiques du Syndicat des télécommunications internationales montrant que la pénétration des téléphones mobiles a baissé de 102 % en 2012 (un nombre qui reflète les individus avec plusieurs téléphones portables) à 87 % en 2016. Cet article suit aussi les dommages sur les infrastructures souterraines dont l'État a négligé l'entretien. L'article cite Marianne Diaz, auteure pour Global Voices :

The increasing deterioration of infrastructure is neither coincidental nor accidental. It is the result of decisions and policies implemented by power structures. The end result is that it is making citizens suffer the consequences of infrastructural decay and the state is not upholding its obligations to guarantee access to basic services…

La détérioration grandissante des infrastructures n'est ni fortuite ni accidentelle. C'est le résultat de décisions et de politiques par le pouvoir en place. Au final, les citoyens souffrent des conséquences du déclin des infrastructures et l'État ne respecte pas ses obligations de garantir un accès aux services de base…

En Tunisie, la loi sur les cartes d'identité biométriques est morte, pour l'instant

Le 9 janvier, le gouvernement tunisien a retiré la proposition de loi [fr] qui aurait imposé un schéma d'identification national biométrique à tous les citoyens tunisiens. Le retrait est dû à un afflux de requêtes et d'amendements soumis par la commission parlementaire des droits et libertés, mais dont beaucoup ont été formulés par des citoyens.

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