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La police nigériane arrête un journaliste et son frère pour un article de presse qu'ils n'ont pas écrit

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Nigéria, Droits humains, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Advox
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Des policiers nigérians en formation, en 2015. Photo AMISOM, mise dans le domaine public.

Daniel Elombah est le propriétaire du blog elombah.com [2]. Selon Premium Times [3], les Elombah ont été arrêtés chez eux à Nnewi, dans le sud-est du Nigeria :

Daniel Elombah a été arrêté vers 4h30 du matin à son domicile de Nnewi le jour du Nouvel An, selon son frère, Paul. Il dit qu'ils ont appris des policiers que son frère a été arrêté pour un récent article qui a été jugé critique envers l'inspecteur général de police Ibrahim Idris. M. Elombah a d'abord été emmené dans un centre de détention du SRAS à Anambra, avant d'être transféré à Abuja vers 7 heures du matin, a indiqué son frère.

Daniel Elombah a déclaré au Comité pour la protection des journalistes [4] que la police a cité un article publié dans Opinion Nigeria comme la raison de l'arrestation. L'article, qui a été publié le 22 décembre 2017 dans Opinion Nigeria [5] et qui n'a été rédigé par aucun des deux frères, soutenait que l'inspecteur général de la police du Nigeria était impliqué dans un « nombre incalculable de controverses ».

Dans une interview au Daily Post [6], l'inspecteur général Ibrahim Idris a esquivé les questions directes sur les raisons de l'arrestation des frères Elombah, disant simplement que «chaque fois qu'une infraction est commise, il est de notre devoir de nous assurer que nous réagissons. »

Daniel Elombah, qui réside au Royaume-Uni mais rendait visite à sa famille au Nigeria au moment des arrestations, est connu pour ses articles critiques sur Boko Haram et le président Buhari.

Daniel Elombah à l'hôpital. [Photo publiée sur Facebook par l'avocat d'Elombah's solicitor, Obunike Ohaegbu]

Le journaliste nigérian Daniel Elombah et son frère, Timothy Elombah, ont été arrêtés par la police nigériane le jour du Nouvel An.

Le journaliste a été libéré plus tard dans la journée et a été hospitalisé [7]peu après à Abuja. Bien qu'aucune explication officielle n'ait été donnée par Elombah à propos de son hospitalisation, il semble que le journaliste ait dû être soigné après avoir été menotté comme un criminel et transporté dans un bus sur une très mauvaise route sur 700 kilomètres jusqu'à Abuja. Les frères Elombah ont été « agressés, giflés, frappés et battus » par la police nigériane, selon un article du quotidien Vanguard [8].

La police n'a pas encore libéré son frère Timothy. Le 2 janvier 2018, un tribunal d'instance siégeant à Abuja a accordé [9] un mandat pour prolonger la détention de Timothy. « Cela nous permettra de mener nos enquêtes préliminaires avant de déposer des accusations pénales contre lui », a déclaré un porte-parole de la police.

« Les autorités nigérianes doivient immédiatement libérer Timothy Elombah, abandonner les poursuites judiciaires et permettre à son frère Daniel de rentrer chez lui », a déclaré le directeur exécutif adjoint du CPJ, Robert Mahoney, à New York.

La police n'a pas à fouiller la maison d'un journaliste et à l'enfermer juste parce qu'un officier n'aime pas ce qu'il a écrit dans la presse. Il n'est même pas clair que l'homme qu'ils détiennent ait quoique ce soit à voir avec l'article qu'ils jugent diffamatoire.

Daniel Elombah a poursuivi l'inspecteur général de la police du Nigeria devant la Haute Cour du Territoire de la capitale fédérale, Abuja, pour violation de ses droits fondamentaux. Il demande deux milliards de nairas [10] (environ 5,5 millions de dollars américains) en dommages-intérêts pour sa détention illégale.

De même, trois avocats basés au Royaume-Uni ont adressé [11]des pétitions à la députée britannique Lyn Brown, à la Première ministre, Theresa May et au ministre des Affaires étrangères Boris Johnson au sujet de l'arrestation illégale de Daniel Elombah.