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Netizen Report : Le gouvernement du Brésil peut-il utiliser Google pour manipuler l'opinion publique ?

Catégories: Allemagne, Brésil, Etats-Unis, Ethiopie, Inde, Iran, Mexique, Royaume-Uni, Censure, Cyber-activisme, Droit, Liberté d'expression, Médias citoyens, Technologie, Advox
Manifestations contre le Président Temer à São Paulo, août 2016. Rovena Rosa / Agência Brasil via Wikimedia Commons (CC BY 3.0) [1]

Manifestations contre le Président Temer à São Paulo, août 2016. Rovena Rosa / Agência Brasil via Wikimedia Commons (CC BY 3.0)

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Un article paru le 12 janvier [2]sur le site de O Globo [3], [fr] l'un des quotidiens les plus lus au Brésil, soutient que le gouvernement brésilien cherche à collaborer avec Google pour personnaliser les résultats de recherche [4] des utilisateurs brésiliens, en fonction de leur localisation et éventuellement d'autres caractéristiques.

Selon l'article de O Globo, qui n'a pas mentionné ses sources, le gouvernement espère adapter les résultats de recherche relatifs à un projet de loi controversé sur la réforme des retraites, sur lequel le Congrès devrait voter à court terme. Google n'a fait aucune déclaration publique à ce sujet.

Le journal O Globo rapporte que des membres de l'administration du président Michel Temer ont rencontré les représentants de Google au début de janvier pour discuter de la possibilité de diriger les requêtes des utilisateurs vers le contenu officiel produit par le gouvernement. Selon l'article :

Cela fonctionnerait plus ou moins comme suit : un travailleur rural qui cherche “réforme des retraites” verrait le contenu qui explique que cette catégorie de travailleurs ne sera pas affectée par la version actuelle du projet de loi.

Le projet de loi sur la réforme des retraites, très impopulaire, est l'élément le plus audacieux du plan d'austérité de Temer, qui vise à maîtriser le déficit public. Depuis la fin de 2016, le gouvernement a eu du mal à obtenir le soutien [5] du projet de loi au Congrès et en a proposé une version plus modérée. Les enjeux sont encore plus élevés maintenant que les législateurs s'inquiètent du fait que l'approbation d'un projet de loi aussi impopulaire nuira à leurs chances de réélection en octobre.

Si Google acceptait une telle proposition, l'entreprise saperait ses propres arguments antérieurs concernant le service qu'elle fournit. Dans de nombreuses procédures judiciaires, y compris dans plusieurs affaires au Brésil [6], les avocats de Google ont soutenu que le moteur de recherche est un “intermédiaire neutre”, un système algorithmique conçu pour montrer aux utilisateurs des informations “pertinentes”, selon un ensemble de calculs (hautement subjectifs) pour en déterminer la pertinence.

L'idée soulève également des questions importantes sur la portée du Marco Civil da Internet du Brésil, ou cadre civil pour Internet. Adoptée en 2015, peu avant le début du processus de destitution de l'ancienne présidente Dilma Rousseff, la loi protège la neutralité du réseau [7] en interdisant “la discrimination ou la manipulation des données à des fins commerciales tout en les autorisant dans les situations d'urgence. Elle ne traite pas explicitement de la discrimination de contenu à des fins politiques.

La coalition au pouvoir en Éthiopie paie des gens pour promouvoir son programme – et harceler ses opposants

Une série de documents gouvernementaux et d'enregistrements de tchats, divulgués par des sources soupçonnées d'être internes, révèle que le gouvernement éthiopien rémunère des commentateurs des médias sociaux [8] [fr] pour influencer les conversations en ligne en faveur du gouvernement. Parmi les documents figure une liste de personnes et les montants précis qui leur ont été versés pour des publications pro-gouvernementales et anti-opposition. La plupart des personnes sur la liste sont déjà des fonctionnaires. Les révélations sont cohérentes avec des campagnes en ligne de plus en plus agressives, pro-gouvernementales et anti-opposition, qui ont coïncidé avec une augmentation du discours haineux en ligne et de la persécution de journalistes indépendants.

Le régulateur mexicain met en danger un réseau téléphonique communautaire par le retrait d'une clause dérogatoire

Indigenous Community Telecommunications, la première et seule association mexicaine de fournisseurs de services communautaires indigènes, pourrait être forcée de cesser ses activités [9] [fr] après que le régulateur national des communications du Mexique lui réclame un million de pesos pour les fréquences radio qu'elle utilise. Indigenous Community Telecommunications a demandé une exemption de paiement, car ils sont sans but lucratif et n'ont aucune utilisation commerciale, ce qui a été accepté dans le cadre de leur accord de licence initial. Un an après le début des opérations, leur demande d'exemption a été refusée. Le groupe conteste la décision.

L'ordre de bâillonner les médias sociaux s'étend aux employés de l'université au Jammu-et-Cachemire

Cette semaine, les professeurs et le personnel de l'Université de Jammu, dans l'Etat du Jammu-et-Cachemire, au nord de l'Inde, ont appris [10]qu'un règlement de 2017 écartait les agents publics de certains types de discours sur les médias sociaux. Le règlement de 2017 indique [11]que «les agents publics doivent s'abstenir de toute conduite délinquante, malhonnête, immorale ou notoirement scandaleuse sur les médias sociaux qui pourrait être préjudiciable au gouvernement».

L'Iran a une loi sur l'accès à l'information – et le Présent Rohani veut commencer à l'utiliser

Les manifestations qui ont éclaté en Iran à la fin du mois de décembre pourraient donner l'occasion [12] au gouvernement de mettre en pratique la loi sur l'accès à l'information, adoptée en 2009, mais qui n'a pas encore été entièrement appliquée. À la suite de ces manifestations, le Président iranien Hassan Rohani a prononcé un discours sur l'importance de la transparence dans la gouvernance, affirmant : «Nous n'avons d'autre moyen que la clarté pour éradiquer la corruption;  nous devons tous aller à l'intérieur d'une salle de verre afin que les gens puissent voir tout ce que nous faisons».

Un navire en train de sombrer succombe à la censure en vertu de la loi allemande contre les discours haineux

Twitter a bloqué le compte [13] du magazine satirique Titanic dans le cadre de la nouvelle loi allemande contre le discours de haine, NetzDG. Le compte du magazine a été fermé pendant 48 heures après qu'il a republié un post supprimé parodiant les tweets anti-musulmans d'un politicien allemand d'extrême droite, selon la Columbia Journalism Review. La loi donne aux plateformes de médias sociaux 24 heures pour supprimer les messages signalés par les utilisateurs comme étant illégaux.

Le Royaume-Uni prévoit de lutter contre la désinformation, d'une certaine façon

Le gouvernement britannique met en place un groupe de travail dédié à la sécurité nationale [14] pour contrer la désinformation répandue par les acteurs étatiques, dans le cadre d'une enquête sur les allégations selon lesquelles la Russie aurait interféré dans la campagne référendaire du Brexit en 2016. Aucun autre détail n'a encore été révélé [15] sur les opérations de la nouvelle unité.

La NSA écoute plus attentivement qu'on ne pensait

Un récent article de The Intercept révèle que la National Security Agency des Etats-Unis [16] dispose d'une technologie capable d'identifier les gens par le son de leurs voix, en le captant dans un fichier unique appelé “empreinte vocale”. Le rapport s'appuie sur des documents de 2004 à 2012 classifiés, et indique que les agences de renseignement américaines ont utilisé cette technologie dans des opérations antiterroristes depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003 [17] [fr]. L'article provoque des préoccupations juridiques concernant le droit à la vie privée, en particulier parce que les identificateurs vocaux sont une forme unique de données biométriques.

L'ONU affirme que plus de gens ont besoin d'un accès à Internet, en particulier les femmes

La Commission du haut débit des Nations Unies a annoncé de nouveaux objectifs pour 2025 pour soutenir l'expansion de l'accès mondial à Internet, dans le but ultime de connecter les 50% du monde actuellement hors ligne. Les objectifs de 2025 [18] exhortent les pays à établir des plans nationaux pour le haut débit, à rendre l'accès à Internet plus abordable et à multiplier les opportunités de développement des compétences numériques.

La Commission a également abaissé le seuil d'accessibilité à l'Internet de 5% à moins de 2% du revenu national brut mensuel (RNB) par habitant, reflétant une sensibilité accrue à l'inégalité des revenus. Ces proportions ont d'abord été proposées par l'Alliance for Affordable Internet dans son rapport 2016 sur l'Abordabilité de 2016 [19]. Parmi les objectifs, il y a également l'égalité des genres dans tous les domaines de l'utilisation d'Internet, reconnaissant que les femmes et les jeunes filles sont parmi les groupes les moins susceptibles de bénéficier de l'économie numérique.

Nouvelles recherches [en anglais]

 

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Afef Abrougui [23], Ellery Roberts Biddle [24], Mohamed ElGohary [25], Rohith Jyothish [26], Inji Pennu [27], Karolle Rabarison [28], Elizabeth Rivera [29], Taisa Sganzerla [30]et Sarah Myers West [31] ont contribué à l'écriture de ce billet.