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Une alpiniste française sauvée sur le Nanga Parbat (Pakistan) grâce au crowdfunding, mais son partenaire d'escalade n'a pu être atteint

Catégories: Asie du Sud, Pakistan, Catastrophe naturelle/attentat, Médias citoyens, Sport, Voyages
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Le Nanga Parbat (‘Montagne Nue’) est le neuvième plus haut sommet mondial, et le deuxième plus haut du Pakistan (après le K2). Photo sur Flickr par Ahmed Sajjad Zaidi. CC BY-SA 2.0.

La communauté mondiale de l'alpinisme a réussi à collecter [2] la somme nécessaire au financement d'une mission de secours pour la grimpeuse française Elisabeth Revol, qui escaladait le Nanga Parbat [3] au Pakistan, le neuvième plus haut sommet mondial, [et le seul sommet himalayen entièrement en territoire pakistanais, NdT]. Mais son compagnon d'escalade, Tomek Mackiewicz [4], n'a pu être secouru du fait des mauvaises conditions météo, et est à présent déclaré mort.

Revol et Mackiewicz faisaient l'ascension hivernale de ce sommet de 8.126 mètres, considéré comme l'un des plus difficiles du monde, responsable d'au moins 60 morts. C'était pour elle sa cinquième tentative de parvenir au sommet, et pour lui la septième, selon Pakistan Explorer [5].

Nanga Parbat : la Française Elisabeth Revol et le Polonais Tomek Mackiewicz sont au camp 3 (7.300). Demain ils commencent à attaquer le sommet (8.126). Croisez les doigts, envoyez de bonnes vibrations et vos meilleurs souhaits vers le Karakorum au Pakistan ! Températures glaciales au sommet, autour de -60°C.

On pense qu'ils ont atteint tous deux le sommet le 20 janvier, ce qui ferait d'eux la deuxième équipe seulement à avoir réussi une ascension hivernale jusqu'au sommet du Nanga Parbat. Ils ont ensuite entamé leur redescente.

Le 26 janvier, Janusz Majer, le coordinateur de l'expédition hivernale polonaise, annonçait sur Facebook [13] que Revol et Mackiewicz se trouvaient bloqués à une altitude de 7.400 mètres, en contrebas du dôme sommital, à cause de l'ophtalmie des neiges due aux rayons ultra-violets du soleil et des gelures.

Revol a continué la descente [14] et a appelé à l'aide avec son téléphone satellitaire.

La compagnie commerciale Askari Aviation, propriété de l'armée pakistanaise, a refusé [15] d'envoyer un hélicoptère avant que soit effectué un dépôt de fonds en garantie du paiement, une pratique qui serait la règle. Pour y répondre, deux [16] opérations de financement participatif [17] furent organisées qui ont rapidement collecté des dizaines de milliers d'euros pour aider. Le gouvernement polonais aurait aussi apporté des fonds [18].

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Surnommé “la montagne tueuse”, le Nanga Parbat est ici photographié par infra-rouge. Photo sur Flickr par Ahmed Sajjad Zaidi. CC BY-SA 2.0.

Les fonds étant assurés, un groupe de quatre alpinistes polonais, interrompant leur ascension du second plus haut sommet mondial, le K2 [20], pour participer au sauvetage, ont été héliportés sur le Nanga Parbat à la recherche de Revol et Mackiewicz. Le 28 janvier, Revol a été secourue [21] et transportée par les airs à Islamabad [22] pour y recevoir des soins médicaux. Elle souffrirait [23] de gelures sévères aux mains et aux pieds. Les conditions météorologiques extrêmes [24] ont contraint l'expédition de secours à abandonner son ascension à la recherche de Mackiewicz.

L'alpiniste pakistanais Karim Shah Nizari a applaudi l'équipe de sauvetage polonaise :

Les alpinistes polonais héros du Nanga Parbat, qui ont interrompu leur ascension du K2 et sauvé une vie dans l'obscurité sur la montagne tueuse. Vous avez montré au monde ce que vaut une vie humaine

Masha Gordon, une femme d'affaire britannique née en Russie, qui a monté la deuxième campagne de crowdfunding postée [17] sur GoFundMe, a réagi au sauvetage de Revol : “Nous pleurons de bonheur.”

Une campagne qui a collecté plus de 50.000 dollars en deux heures, avec une grande majorité de dons venus de Polonais, a écrit la femme de Mackiewicz [29] sur la page Facebook de celui-ci. Les fonds continuent à affluer : au 30 janvier, la page GoFundMe fait apparaître 136.217 euros de promesses de dons sur un objectif de 150.000.

Dans son 10ème message, la campagne a appelé à plus de dons, pour aider la femme de Mackiewicz et leurs trois enfants :

This has been a very long and traumatic day. While Elisabeth is now convalescing in safety in Islamabad hospital with severe frostbites, we mourn Tomek. Please donate generously to help Anna and his beautiful three kids. We will be extremely transparent with expenses with all money ex-rescue costs going to the family.

La journée a été très longue et traumatisante. Tandis qu’Elisabeth est maintenant convalescente en sécurité dans un hôpital d'Islamabad avec de graves gelures, nous pleurons Tomek. Merci de donner généreusement pour aider Anna et ses trois beaux enfants. Nous serons extrêmement transparents sur les dépenses et tout l'argent pour les ex-coûts de sauvetage ira à la famille.

Des Pakistanais ont encensé l'armée pour son rôle dans la mission de sauvetage. Omar Qureshi, un journalist, a tweeté :

Tandis qu'une bonne partie des médias occidentaux est occupée à louer les alpinistes polonais pour le sauvetage d'Elisabeth Revol, un mot de louange pour les pilotes d'hélicoptère de l'armée pakistanaise qui ont acheminé les alpinistes polonais du K2 au Nanga Parbat et les ont déposés dans la montagne à une altitude de 6.400 mètres

Quelques éminents utilisateurs de Twitter ont cependant critiqué l'armée pakistanaise pour avoir retardé l'opération de secours pour des raisons d'argent.

Aucune Procédure opérationnelle permanente les mecs. Les $$$ passent avant la vie au Pak[istan]. Dans les pays civilisés on sauve d'abord la vie, on facture ensuite. S'ils avaient volé (24h) plus tôt, les chances de sauver les deux vies (d'Eli et Tom) auraient été bien plus grandes.

La honte sur les médias pakistanais endormis et le Club alpin du Pakistan mort

Pendant que le monde se réjouit du sauvetage de Revol, il ne reste guère d'espoir pour Mackiewicz. Les opérations de sauvetage ont été arrêtées, et les autorités le présument mort. Mais son père demande une nouvelle opération pour sauver son fils :

Nanga Parbat : Je vous supplie de reprendre les opérations de sauvetage pour mon fils Tomek. Je sais, je sens, qu'il est encore en vie. Tomek est capable de survivre six jours dans une grotte de neige à une telle altitude. C'est un garçon résistant et très obstiné – l'appel de Witold Mackiewicz, le père de l'alpiniste.

La sœur de Mackiewicz a dit [36] aux médias polonais que ce serait un miracle s'il survivait.