Netizen Report : Le coût croissant des fermetures d'Internet au Cameroun

Caricature de nuage de la vidéo Fundacion Karisma.

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Le rapport Advox Netizen offre un aperçu international des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de droits Internet à travers le monde.

Sept organisations locales de la société civile poursuivent le gouvernement camerounais pour avoir imposé une fermeture d'Internet aux deux régions anglophones du pays pendant plus de trois mois en 2017, juste avant que les deux régions n'envisagent une déclaration symbolique d'indépendance. En plus d'imposer la fermeture à long terme d'Internet (avec plusieurs fermetures plus courtes de plateformes comme Facebook et WhatsApp), le gouvernement a déployé des forces de sécurité qui ont recours à la violence contre les militants anglophones.

Les cabinets juridiques Veritas du Cameroun, en collaboration avec l'ONG internationale The Media Legal Defence Initiative, a engagé deux actions en justice distinctes contestant la fermeture d'internet dans les deux régions anglophones du Cameroun. Les défendeurs sont l'Etat camerounais, Cameroun Telecommunications (CAMTEL), le Ministère des Postes et Télécommunications, et plusieurs sociétés de télécommunications opérant dans le pays.

Le procès vise non seulement à obtenir des réparations pour la fermeture, mais aussi à contrer la tendance croissante du gouvernement camerounais à utiliser les fermetures d'Internet à des fins politiques.

D'autres organismes de défense des droits numériques ont aussi produit des mémoires pou soutenir le procès : Internet Sans Frontières et Access Now.

Peter Micek, avocat d'Access Now, a déclaré : “Les tribunaux camerounais ont la possibilité de créer un précédent mondial en faveur des droits de l'homme et de l'état de droit. En déclarant l'ordre de coupure du gouvernement comme un décret discriminatoire, inutile et disproportionné, délivré dans le cadre de procédures entachées d'irrégularités, le tribunal peut offrir un recours aux Camerounais et ouvrir la voie aux victimes de fermetures ailleurs.”

La Collaboration on International ICT Policy in East and Southern Africa (Collaboration sur la politique internationale des TIC en Afrique orientale et australe, CIPESA) estime que les fermetures d'Internet en 2017 ont coûté 1,67 million de dollars par jour à l'économie camerounaise.

Plus récemment, la Commission nationale des télécommunications des Philippines a approuvé une requête de la police nationale visant à fermer les services mobiles lors du festival de Dinagyang, dans la région de l'île de Visayas, les 27 et 28 janvier 2018.

Rien qu'en janvier 2018, des fermetures similaires de réseaux ont été imposées lors des fêtes du Nazaréen noir, du Sinulog et de l'Ati-atihan, écrit la Fondation pour les médias alternatifs (FMO).

La FMO est opposée aux fermetures de réseaux car elles violent le droit à la liberté d'expression et l'accès à l'information, sans parler de l'accès aux réseaux de communication, vitaux pour la sécurité publique. Le groupe à but non lucratif note également qu'il y a peu de preuves que cette mesure mène à une plus grande sécurité.

Des centaines de personnes arrêtées en Turquie pour avoir critiqué les opérations militaires sur les réseaux sociaux

Le ministère turc de l'Intérieur a annoncé le 29 janvier que les autorités avaient arrêté et détenaient 311 personnes qui avaient fait des commentaires dans les médias sociaux critiquant l'opération de l'armée turque pour pousser une milice kurde hors de la région nord d'Afrin en Syrie. Parmi les détenus, qui, selon les autorités, diffusaient de la «propagande terroriste», se trouvent des journalistes, des activistes et des politiciens de l'opposition.

Une Thaïlandaise fait face à des accusations criminelles pour avoir partagé un article de la BBC sur Facebook

Chanoknan Ruamsap, militante anti-junte et membre du New Democracy Group, a reçu une convocation de la police le 18 janvier, indiquant qu'elle était accusée en vertu de la loi de lèse-majesté notoirement sévère de la Thaïlande, d'insulte royale pour avoir diffusé un article de la BBC sur le roi Vajiralongkorn. Elle avait partagé l'article en décembre 2016. En prenant en compte la peine de prison maximale qu'elle encourait – 15 ans derrière les barreaux – la jeune femme a choisi de fuir le pays. Elle a déclaré à l'agence de presse indépendante Prachatai: “J'avais moins de 30 minutes pour décider si je devais rester ou partir. Ce qui est difficile, c'est le fait que je ne reviendrai pas après ce départ.”

Un citoyen du Myanmar exposé à l'intimidation de la police dans la vie réelle et à des discours de haine sur Facebook

Un individu de Birmanie subit des menaces en ligne après avoir été arrêté arbitrairement par la police et l'avoir posté sur Facebook. La police a répondu par un message sur Facebook dans lequel il est accusé d'avoir inventé l'incident en révélant son nom et sa religion, qui est l'islam. Compte tenu des tensions ethnico-religieuses au Myanmar, il était ainsi exposé au harcèlement en ligne. Bien que le bureau de police ait depuis supprimé le message, les commentaires haineux adressés à l'homme se sont multipliés ces derniers jours. La police de Yangon promet d'ouvrir une enquête.

#MeToo China

Le mouvement #MeToo prend de l'ampleur en Chine, malgré la censure sur les plateformes de médias sociaux d'expressions comme “harcèlement sexuel”. Après le licenciement de Chen Xiaowu, éminent professeur de l'Université Beihang, suite à plusieurs allégations d'inconduite sexuelle, des étudiants et d'anciens étudiants de dizaines d'universités chinoises préconisent l'adoption de chartes officielles contre l'inconduite sexuelle dans les universités (ces politiques sont très rares en Chine), en utilisant le hashtag #EveryoneIn. Bien que des appels similaires aient été lancés dans le passé, aucune politique concrète n'a été introduite jusqu'à présent.

L'État insulaire des Antilles Sainte-Lucie lance un réseau WiFi gratuit national

Le 24 janvier 2018, l'État insulaire de Sainte-Lucie a annoncé la phase d'installation d'un réseau pour l'accès à Internet, un projet de 4 millions de dollars américains visant à établir la couverture de toute l'île des Caraïbes. Le réseau fournira une connexion sans fil gratuite ou à faible coût dans les espaces publics pour les résidents et les visiteurs. Le projet est un partenariat avec le gouvernement de Taïwan, qui contribue pour un montant de 3,28 millions de dollars. Le réseau devrait être installé dans les trois mois.

Espionnage par le WiFi dans le métro de Buenos Aires

Une nouvelle enquête menée par Vice Argentina montre que le réseau WiFi public du métro de Buenos Aires est en effet gratuit, mais qu'il recueille une grande quantité de données personnelles sur l'utilisateur, notamment son nom, son adresse, son numéro de téléphone et le numéro de sa carte identité nationale, les données de géolocalisation et – en fonction des paramètres de leur appareil – potentiellement beaucoup plus, y compris les photographies.

L'application Strava enregistre le fitness – et bien plus encore

Lorsque l'entreprise propriétaire de l'application de suivi de la condition physique Strava a publié une série de cartes montrant où ses utilisateurs étaient le plus actifs, elle a révélé par inadvertance l'emplacement de bases militaires secrètes. La compagnie dit que les données ont été rendues publiques parce que les utilisateurs ont permis à l'application de capter cette information, arguant du fait qu'ils auraient dû “désactiver l'application” pendant qu'ils se trouvaient dans des zones militaires. Le journal The Guardian a également signalé que le site Web de Strava “permet aux utilisateurs d'explorer les pistes suivies pour trouver des données personnelles” ce qui soulève d'autres préoccupations en matière de confidentialité.

Vous voulez plus d'abonnés sur Twitter ? Vous pouvez les acheter chez Devumi.

Une enquête du New York Times sur l'obscure entreprise américaine Devumi examine les bas-fonds de la fraude à l'identité sur les médias sociaux. L'entreprise vend des comptes générés par des robots à quiconque souhaite exercer une influence sur son réseau social et semble avoir utilisé des noms, des images de profil et d'autres données personnelles d'utilisateurs de Twitter pour créer plus de 50.000 comptes frauduleux qu'elle vend ensuite à profit.

Nouvelles recherches [en anglais]

CORRECTION [5 février 2018] : La version initiale de ce rapport identifiait Access Now et Internet Sans Frontières comme les ONG chefs de file du procès des fermetures d'internet au Cameroun. En réalité, ce sont les cabinets juridiques Veritas du Cameroun et the Media Legal Defence Initiative qui ont intenté le procès. Aux côtés de multiples organisations locales, Access Now et Internet Sans Frontières ont déposé des mémoires en soutien au procès.

 

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