Les autorités gambiennes ont arrêté le politologue Ismaila Ceesay et l'ont inculpé d’ “incitation à la violence” le 31 janvier 2018, à la suite d'une interview qu'il a accordée à un journal local. Il a été libéré sans condition le 1er février.
L'arrestation de Ceesay était liée à une interview dans un journal dans laquelle il déclarait que la présence des forces sous-régionales de l'ECOMIG en Gambie n'empêcherait pas les risques de sécurité à long terme.
La Mission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest en Gambie (ECOMIG) fait partie des efforts visant à faire respecter le résultat de l'élections présidentielle de décembre 2016, qui ont privé du pouvoir Yahya Jammeh, qui dirigeait le pays depuis longtemps.
Malgré le résultat de l'élection, Jammeh a refusé de démissionner [fr] plusieurs jours après la date prévue pour la transition. Le président actuel, Adama Barrow [fr], a donc été contraint de s'exiler au Sénégal voisin, jusqu'à ce que Jammeh cède finalement et quitte ses fonctions.
Dans l'interview en question, Ceesay a déclaré au journal The Voice que la sécurité à long terme ne sera pas rétablie “si le président [Adama Barrow] ne gagne pas la confiance de l'armée [gambienne]”.
I thought using hashtags to demand release of citizens whose basic rights were being violated in #Gambia was over from 20Jan2017.
Until 31Jan2018 Ceesay detained for his opinion & here we are #FreeDrCeesay.
We voted for a change of SYSTEM
NOT JUST a President — Aisha Dabo™ (@mashanubian) January 31, 2018
Je pensais que l'utilisation de hashtags pour exiger la libération des citoyens dont les droits fondamentaux étaient violés en Gambie était terminée depuis le 20 janvier 2017.
Ceesay détenu jusqu'au 31Jan2018 pour son opinion et nous voici #FreeDrCeesay.
Nous avons voté pour un changement de SYSTÈME
PAS SEULEMENT de président – Aisha Dabo™
Le gouvernement Barrow a été salué pour avoir rétabli le respect des droits humains fondamentaux, une différenciation nette d'avec la dictature brutale de l'ancien président Yahya Jammeh.
Peu de temps après avoir pris ses fonctions, Barrow a libéré des centaines de prisonniers et de mis en garde à vue. Depuis lors, la magistrature a entamé une série d'enquêtes et de poursuites pour violations présumées des droits de l'homme sous le régime passé.
Mais l'a situation sécuritaire fragile à la suite de l'impasse politique reste toujours une pierre d'achoppement majeure pour la pleine jouissance des libertés civiles.
Dr is release with all charges drop and an apology from the police. #FreeDrCeesay#FreedomOfExpression#NewGambiapic.twitter.com/eVM2ySM7M8
— Haddija Jawara (@kadza) February 1, 2018
Ceesay libéré avec retrait de toutes les accusations et les excuses de la police.
Le secrétaire général de l'Union de la presse gambienne, Saikou Jammeh (qui n'a aucun lien avec l'ancien président Yahya Jammeh), a condamné les arrestations et mis en garde contre le retour dans un sombre passé.
#Gambia.We must all stand up & speak up for Dr Ceesay. His arrest & detention indicates a backstepping on our democratic gains. This is a threat to the rights & freedoms we have come to know, to cherish & appreciate after been suppressed & oppressed for 22 plus yrs #FreeDrCeesay
— Saikou Jammeh (@saiks2) January 31, 2018
Nous devons tous prendre la parole en faveur du Dr. Ceesay. Son arrestation et détention indiquent un retour en arrière sur nos acquis démocratiques. C'est une menace contre des droits et libertés que nous avons appris à connaître, à chérir et à apprécier après avoir été réprimés et opprimés pendant plus de 22 ans
Ceesay, maître de conférences de sciences politiques à l'Université de Gambie (UTG), est un commentateur politique régulier pour les médias locaux.
Dans un communiqué publié sur Facebook, l'association du personnel universitaire a décrit l'arrestation et la détention de Ceesay comme « un affront flagrant et une menace pour la liberté académique ainsi que pour la liberté d'expression» et a appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle.
Déclaration de l'UTGFSA
Suite à l'arrestation arbitraire du Dr. Ismaila Ceesay, maître de conférences de sciences politiques à l'UTG et président de l'Association des enseignants et du personnel de l'Université de Gambie (UTGFSA), pour un article publié dans un journal local, toute la communauté UTG sous l'égide de l'UTGFSA. considère cette arrestation comme un affront flagrant à son droit civique et une menace pour le droit académique ainsi que la liberté d'expression dans le pays.Le changement espéré par les Gambiens en décembre 2016 est de devenir une nation où les citoyens peuvent exprimer leur opinion sur des questions nationales telles que le développement, l'éducation, la sécurité et la démocratie sans crainte de harcèlement de qui que ce soit. Le peuple gambien n'a pas sacrifié sa vie pour un changement de visage lors de l'élection présidentielle de décembre 2016, mais pour un changement qui garantisse à tous et à toutes la jouissance de leurs droits et de leur liberté dans leur pays avec dignité. Par conséquent, l'arrestation de notre collègue, le Dr Ismaila Ceesay, constitue une violation de son droit constitutionnel à la liberté d'expression et une tentative de provocation contre la volonté de l'UTGFASA de protéger à tout prix les droits de ses membres. En tant qu'universitaires et citoyens de la Gambie, nous ne resterons pas assis à regarder les forces de sécurité ou quelqu'un d'autre piétiner nos droits en toute impunité. Nous exigeons donc la libération immédiate et inconditionnelle de M. Ceesay.
Si les autorités ne libéraient pas inconditionnellement le Dr. Ceesay, l'exécutif de l'UTGFSA demande à tous ses membres de rester chez eux et de s'abstenir de participer à toutes les activités universitaires y compris les cérémonies d'orientation à partir du jeudi 1er février 2018. Cependant, l'exécutif de l'UTGFSA utilisera tous les moyens disponibles pour obtenir la libération du Dr. Ceesay. L'exécutif informera les membres à travers la plate-forme UTG sur notre prochaine action.
A Senghore
(Asst. Secrétaire Général UTGFSA)
Ceesay a été brièvement accusé en vertu de l'article 59B du Code pénal de la Gambie. S'il avait été reconnu coupable, il aurait encouru trois années d'emprisonnement. Mais suite à la pression intense du personnel et des étudiants de l'Université de Gambie, il a été libéré sans condition.