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Le “seul journal positif d'Inde” se donne pour mission de distribuer de l'espoir

Catégories: Asie du Sud, Inde, Cyber-activisme, Développement, Droits humains, Good News, Idées, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique, Technologie
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Capture d'écran de la page d'accueil du journal The Optimist Citizen.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Cet article de Madhura Chakraborty a d’abord été publié sur Video Volunteers [2], une organisation internationale primée, centrée sur les médias communautaires et basée en Inde. Une version éditée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un partenariat avec Global Voices.

Piyush Ghosh [3] et Tuhin Kumar Singh, [4] deux jeunes amis de Bhopal [fr] [5], la capitale de l'état indien du Madhya Pradesh, avaient l'habitude de se désespérer chaque matin de la négativité qui se dégage des informations publiées dans les quotidiens. Pour eux, elles rendent la société paranoïaque et instillent un sentiment de peur et de doute. Les gens craignent de se faire confiance et perdent foi en leurs organisations, leurs politiciens et le système en général.

Ils se sont demandés : “Comment pourrait-on y remédier ? Comment donner de l'inspiration aux gens au lieu de les décourager encore plus ?”

Ils ont alors eu une petite idée : un journal rempli de nouvelles optimistes. Aujourd'hui, leur journal unique est présent aux quatre coins de l'Inde.

Ils ont lancé leur publication imprimée et numérique bimensuelle en octobre 2014 et se sont définis comme “le premier journal purement bon et positif d'Inde”. The Optimist Citizen [le Citoyen optimiste, NdT] est à présent envoyé dans tout le pays à ses abonnés, qui paient un abonnement annuel modeste de 290 roupies indiennes, soit environ 3,65 euros.

The Optimist Citizen se concentre exclusivement sur la diffusion d'informations positives [6] comme des sources d'inspiration, des articles sur des héros méconnus, une bonne gouvernance et des actes de courage : des informations qui ne sont pas souvent reprises par les médias traditionnels car elles ne font pas sensation.

Saloni et ses amis ont compris leurs droits et devoirs constitutionnels et ont convaincu la ville de Harda d'éduquer leurs filles grâce à l'initiative Samvidhan Live! The Jagrik Project de ComMutiny – The Youth Collective.

Ramlal Baiga [9], correspondant communautaire de Video Volunteers, explique l'évolution du journal dans le reportage vidéo [10] ci-dessous :

“Nous avons lancé un appel à réunion publique dans un parc, ici, à Bhopal. À partir de ce jour-là, nous avons travaillé à notre première édition, notre mission et notre vision”, se rappelle Tuhin Singh.

Piyush Ghosh ajoute : “Mes parents sont des entrepreneurs sociaux et leur travail est une telle source d'inspiration. Alors je me suis dit que nous devrions utiliser de tels récits pour motiver les gens au lieu [de leur donner] des informations négatives.”

C'est ainsi qu'a débuté l'aventure de The Optimist Citizen.

Aucun des co-fondateurs n'a de formation journalistique. “Nous ne savions pas sur quel type de papier les journaux sont imprimés, ni même la différence entre le grand format et le format tabloïd !” admet Singh.

En fait, tous les employés ont appris sur le tas et ont évolué avec le journal. Tannson Matthews, le directeur du marketing, parle de son propre cheminement avec Ramlal Baiga : “Après avoir lancé le journal, nous nous sommes aperçus qu'il fallait s'adresser à différents segments.”

Malgré tout, le duo a réussi à construire une marque médiatique dotée d'une solide présence sur Internet en partant de rien.

Singh entre dans les détails dans un entretien [11] avec le magazine Entrepreneurship India :

The role of media is to disseminate news in the most unbiased and true format possible. But, often, in our globalised world, it is completely opposite. We felt if negative news and stories can bring about such negative actions, why not publish and present positive stories that can bring about a larger positive impact.

Stories like that of a 10-year old underprivileged girl who runs a library for kids in her slum [12], an Israeli man who came to India and grew an edible forest [13] on a 70-acre barren land, a couple who started a foundation for children [14] with rare diseases after they lost their infant daughter, a German artist who is transforming a village in Himachal Pradesh into an art hub to increase the tourism and livelihoods in the village and so much more. It was these stories that inspired us and we believed they can inspire millions more.

Le rôle des médias est de diffuser des informations de la façon la moins biaisée et la plus vraie possible. Mais souvent, dans notre environnement mondialisé, c'est complètement l'inverse. Nous nous sommes dit que si des informations et des articles peuvent provoquer tant d'actions négatives, pourquoi ne pas publier et présenter des récits positifs qui peuvent entraîner un impact positif plus important.

Des articles, comme par exemple, celui d'une petite fille de 10 ans issue d'un milieu défavorisé qui gère une bibliothèque pour les enfants de son bidonville [12] ; d'un Israélien qui s'est installé en Inde et a planté une forêt comestible sur 28 hectares [13] de terres arides ; d'un couple qui a lancé une fondation pour les enfants atteints de maladies orphelines [14] après avoir perdu leur petite fille ; d'un artiste allemand en train de transformer un village de l'Himachal Pradesh en un centre artistique pour stimuler le tourisme et améliorer les moyens d'existence des habitants, et bien d'autres encore. Ce sont ces récits qui nous ont inspirés, et nous pensons qu'ils peuvent inspirer des millions de gens.

En cette période difficile, ces articles relatant de changements positifs sont en effet réconfortants. Au lieu d'accorder de l'espace aux singeries de politiciens avides de médias ou aux commérages de troisième page [15], nous rencontrons des entrepreneurs et des bons samaritains. Leurs histoires, négligées par les médias traditionnels, sont mises en valeur dans les différentes rubriques de The Optimist Citizen.

Suivez le journal sur Twitter [16], Facebook [17] et Instagram [18].

Video Volunteers est le seul réseau de reportage en Inde dédié exclusivement à la couverture médiatique des régions indiennes les plus pauvres et les moins représentées dans les médias.