A Taïwan, le Prix littéraire pour les travailleurs migrants ouvre un espace à de nouvelles voix

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La cérémonie du quatrième prix littéraire pour les migrants. Crédit photo : Wei-Hsiang Wang.

A Taïwan, la population de travailleurs étrangers et d'immigrants est en augmentation ces dernières années, et constitue une part significative de la société taïwanaise. La population totale de Taïwan est d'environ 23 millions ; la population aborigène représente quelque 2,3 % du total, et il y a aussi environ 720.000 travailleurs étrangers employés dans les secteurs de l'industrie et des services sur l'île. La majorité de ces travailleurs viennent de pays d'Asie du Sud-Est, principalement l'Indonésie, le Vietnam, les Philippines et la Thaïlande. Dans les 20 dernières années, le nombre de conjoints originaires d'Asie du Sud-Est et de leurs enfants installés à Taïwan s'est agrandi à quelque 200.000.

Depuis 2014, le Prix littéraire de Taïwan pour les migrants encourage ces groupes nés à l'étranger à s'exprimer dans leurs langues maternelles, une initiative qui permet également aux Taïwanais de mieux connaître leurs cultures et leurs histoires.

Ce prix littéraire a été créé par Cheng Chang, fondateur et ancien rédacteur en chef de 4-Way Voice [littéralement, ‘journal des 4 directions, ou côtés’], une revue papier et en ligne qui publié des articles d'actualité en vietnamien, thaï, indonésien, tagalog, birman et khmer.

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Les lauréats du premier Prix littéraire pour les Migrants. Crédit photo the Literature Award for Migrants.

Cheng Chang a expliqué la motivation qui a présidé à la création de ce prix littéraire :

自我參與《四方報》創報至今,《四方報》做為非華語系移民工資訊交流與紓解鄉愁的平台,不僅是一份服務移民工的母語刊物,更以「友人」身份,傾聽他/她們的聲音,擔起台/外文化溝通的橋樑。自出刊以來,《四方報》即收到大量來自全台各地移民工的投書,平均以每月五、六百封的數量,如雪片般累積。
源鑒於此,我們開始考量移民工自身其實擁有創作的多樣性與豐沛能量,因此希望成立一個更具延展性的文學獎項,讓他們得以藉由書寫,替自己留下歷史,透過文字創作表達兩個故鄉(外籍配偶)、雙重血緣(新住民二代)、與異地漂流(外籍移工)的文學風貌。

Depuis que j'ai fondé 4-Way Voice, c'est devenu une plateforme pour les travailleurs immigrés ne parlant pas chinois, où échanger des informations et exprimer leur nostalgie pour leur pays natal. Cela ne leur sert pas seulement de bulletin d'information dans leurs langues maternelles, c'est aussi un ami qui écoute leurs voix, et un pont qui relie les Taïwanais et les personnes d'autres pays. Depuis ses débuts, 4-Way Voice reçoit de nombreuses lettres de travailleurs immigrés de tout Taïwan — en moyenne 5.600 lettres par mois. Ces lettres s'accumulent comme des flocons de neige.
C'est pourquoi, à voir la diversité et l'énergie dans leur créativité, nous avons voulu monter un prix littéraire pérenne pour qu'ils puissent construire leur propre histoire par l'écriture. Ils peuvent édifier de nouvelles traditions littéraires pour des histoires de double patrie (pour les conjoints étrangers), sur la progéniture de deux pays (pour la seconde génération), et sur la diaspora (pour les travailleurs immigrés).

Actuellement, ce prix littéraire reçoit des articles écrits en thaï, indonésien, vietnamien et tagalog. Puisque la plupart de ces auteurs sont loin de leur patrie, beaucoup d'histoires parlent de la nostalgie qu'ils ou elles éprouvent pour leur famille et leur pays natal, et de leur chagrin en apprenant la mort d'un proche.

Nàng Thơ, du Vietnam, a écrit une lettre à ses parents :

Ba ơi! Tiếng chuông đồng hồ đã điểm mười hai giờ đêm Đài Loan rồi, không biết nơi quê nhà ba đã ngủ ngon chưa? Hay ba vẫn còn đang phải chống chọi những vết thương mà bấy lâu nay nó vẫn hành hạ ba hay…hay ba còn đang lo lắng cho con gái yêu của ba đang phải tha hương cầu thực nơi đất khách xứ người. Ba biết không nơi phương trời xa lạ này, khi mọi người đã nồng say giấc mộng thì con gái ba lại ngồi gom những suy tư, nỗi nhớ, niềm thương, công việc thường vào DÒNG NHẬT KÝ TRONG ĐÊM. Ba ơi con còn nhớ lắm, nhớ chiều đông năm ấy vì hoàn cảnh gia đình,tương lai con trẻ nên con đành phải dứt tình mẫu tử, nghĩa phu thê để đến miền đất hứa Đài Loan này. […]
Nào ngờ đâu con mới đến Đài Loan mới chỉ tròn tám tháng, chữ hiếu chưa tròn thì nghe tin mẹ mất, gia đình thương con sợ con gục ngã nơi đất khách xứ người không người thân chăm sóc nên gia đình đã giấu không cho con biết rồi con nghe tin qua chị bạn. Ba ơi, lúc đó con như nghe tiếng sét đánh ngang tai trời đất quay cuồng sụp đổ dưới chân con, con choáng váng khụy ngã gọi mẹ…mẹ… mẹ sao mẹ nỡ bỏ con mẹ đi…sao mẹ không cho con biết, giờ con tìm mẹ ở đâu cho được? Mẹ…mẹ ơi! Ngày con đi có mẹ đưa mẹ tiễn, ngày con về chẳng có mẹ đón con…

Papa ! L'horloge vient de sonner les douze coups de minuit à Taïwan. Est-ce que tu dors profondément là-bas ? Est-ce que tu te débats avec tes vieilles blessures ?…Est-ce que tu es inquiet pour ta fille bien-aimée qui travaille dans ce pays loin des siens ? Papa, sais-tu que lorsque les gens dorment dans ce pays lointain et étranger, ta fille est assise ici et écrit la nuit ses pensées, ses souvenirs et sa vie quotidienne dans son journal. O mon père, tout me manque. Ces après-midis me manquent. A cause des épreuves de notre famille et de mon énergie juvénile, j'ai dû aller sur la terre promise appelée Taïwan. […]
Comment aurais-je pu savoir que huit mois à peine après mon arrivée à Taïwan Maman allait quitter la vie ? Tu craignais que ce soit un choc pour moi et que je devienne malade en terre étrangère sans le soutien de proches, alors notre famille a caché la nouvelle jusqu'à ce que je l'apprenne d'une amie. Papa, j'ai eu un choc comme si j'étais frappée par la foudre. J'ai été prise de vertiges comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Je pleurais, Maman…Maman…Comment as-tu pu abandonner ton enfant…Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Où vais-je te trouver ? Maman…chère Maman ! Tu m'as fait au revoir de la main quand je suis partie, mais quand je rentrerai, tu ne seras pas là pour m'accueillir.

Certains textes sont des histoires tragiques de leurs vies à Taïwan. En 2013, plusieurs matelots indonésiens tuèrent le capitaine de leur bateau. Le juge de l'affaire a reconnu que le capitaine maltraitait son équipage, mais les meurtriers n'en furent pas moins condamnés à des peines de 14 à 28 ans de prison. Tania Roos, d'Indonésie, a écrit un récit romancé sur l'équipage :

Awalnya mereka hanya ingin memberi pelajaran agar Kapten merasa kapok dan babak belur saja. Ketika Kapten lengah, sebuah pukulan besi tumpul dari tangan Sardi melayang menghantam tengkuknya. Kapten terkapar. Mengetahui lawannya tak berkutik, Wasto dan kawan-kawannya terduduk lemas. Mereka puas karena telah membuat Kapten pingsan.
Sejurus kemudian, Sardi iseng mendekati Kapten yang tertelentang berlumuran darah. Dengan teriakan keras, Sardi mundur dua langkah. Lemas dan terduduk. Ia tak mampu berkata apa-apa. Hanya menunjukkan kepada kawan-kawannya jika Kapten tidak bernapas lagi.
Mengetahui hal tersebut, para ABK mulai panik. Ada yang memeriksa nadi Kapten. Ada pula yang mendekatkan telinga ke dada untuk mendengar napasnya. Ada yang menduga Kapten sedang pingsan. Ada pula yang menangis karena ketakutan. Mendengar kepanikan itu, dua orang dari ruang kemudi turut ke luar dan terbelalak mengetahui kejadian yang sebenarnya.
Kapten benar-benar meninggal. Juru mudi melaporkan kejadian ini kepada pos keamanan terdekat. “Kami dijemput polisi air dan akhirnya harus menjalani sidang-sidang yang melelahkan, hingga vonis dijatuhkan. Itu kejadian yang sebenarnya, Bu, kami sangat emosi. Kami sudah di ujung kesabaran.” Ungkap Wasto lirih. Matanya berkaca-kaca.

A l'origine, ils voulaient seulement que le capitaine sache qu'il était dans son tort, et lui donner une leçon. Mais, quand il a eu le dos tourné, une barre de fer, que tenait Sardi, heurta accidentellement le capitaine à l'arrière de la tête. Il tomba. Voyant que leur adversaire ne bougeait pas, Wasto et ses camarades se baissèrent. C'est avec plaisir qu'ils le frappèrent jusqu'à ce qu'il perde connaissance.
Peu après, Sardi s'approcha du corps ensanglanté du capitaine. Il recula de deux pas en hurlant. Claudiqua et s'écroula. Il était devenu muet. Il pointa du doigt à ses camarades le capitaine sans vie.
Voyant cela, ce fut la panique dans l'équipage. Quelqu'un vérifia le pouls du capitaine. Un autre tenta d'écouter sa respiration. Un autre crut qu'il était seulement inconscient. Un autre encore pleurait de peur. Entendant cette frénésie, deux hommes sortirent de la cabine de pilotage. Leurs yeux s'écarquillèrent quand ils comprirent ce qui était arrivé. Le capitaine était vraiment mort. Le timonier informa la station de police maritime la plus proche.
“La Police maritime nous emmena, puis il y eut une série de procès éprouvants, et finalement le verdict fut annoncé. Voilà ce qui s'est vraiment passé, Madame. Nous étions fous furieux, nous avions atteint les limites de notre patience”, dit doucement Wasto, les larmes aux yeux.

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Le livre ‘Flow’ rassemble les articles sélectionnés par le premier et le deuxième Prix littéraire pour les migrants. Crédit photo : the Literature Award for Migrants.

D'autres histoires sont remplies d'espoir en l'avenir. อนันต์ศรีลาวุธ vient de Thaïlande, et parle de son amour de la musique et de ses amitiés :

รายได้ของผมดีพอที่จะคิดหวังอะไรก็ไม่น่าจะเกินฝันในตอนนี้ ลูกทั้งสองได้เรียนในระดับวิทยาลัยซึ่งสมัยผมไม่กล้าแม้นแต่จะฝัน แต่เพราะผมได้พบ “ขุมทองแห่งมิตรภาพ”เช่นตอนนี้ แม้แต่ผมเองที่ไม่คาดคิดก็ยังได้เรียนระดับปริญญาตรีได้อย่างไม่น่าเชื่อ อีกทั้งผมมีเงินพอให้ซื้อกีต้าร์ไฟฟ้า อย่างที่ผมใฝ่ฝันมาตลอดและผมก็ได้มาเล่นมันสมใจ ผมนำมันไปเล่นเพื่อบริการสังคมฟรี ตามที่ต่างๆ รวมทั้งในเรือนจำทั่วไต้หวัน โดยการนำขอ

A présent j'ai un revenu pour donner à ma famile une vie meilleure et permettre à mes enfants d'aller au collège. J'ai même la possibilité d'obtenir un diplôme de premier cycle universitaire. J'ai de quoi m'acheter une guitare électrique, j'aime en jouer. Je vais jouer de la guitare pour les services sociaux en divers endroits, dont les prisons dans tout Taïwan.

Lê Hoàng Hiệp est une étudiante en licence du Vietnam et a écrit l'histoire d'une Vietnamienne qui a épousé un Taïwanais :

Chiều nay, sau khi tan buổi trực ở sở di dân, Dung chạy xe qua trường đón con. Hai mẹ con đi chợ mua ít đồ dùng cho bữa tối rồi về nhà. Con đường chiều nay thật vắng vẻ. Hai bên đường những cây nhãn mới hôm nào nặng trĩu những chùm quả, nay đã xanh mơn mởn những lá non. – Nay ở trường có gì vui không con?
A Hưng nãy giờ vẫn ngồi sau ôm lấy mẹ, nghe hỏi thì bi bô:
– Dạ vui, có mấy anh chị sinh viên đại học tới dạy lớp con làm diều. Có người biết con có mẹ là người Việt Nam nên mới hỏi con biết nói tiếng Việt không. Con nói không, nhưng mà biết hát tiếng Việt, rồi con hát cho mọi người nghe bài “Cháu yêu Bà” mẹ dạy con đó. Ai cũng khen con hát hay.
– Con của mẹ thật giỏi, để mẹ sẽ dạy con nói thêm nhiều tiếng Việt nha

Cet après-midi-là, après avoir fini son travail au service de l'immigration, Dung alla chercher son fils à l'école. La mère et le fils allèrent au marché acheter à manger pour le dîner avant de rentrer chez eux. Les rues étaient désertes cet après-midi. Les longaniers dans les rues avaient déjà eu leurs fruits, et à présent ils portaient des feuilles vertes comme si elles étaient toutes neuves.
‘Mon garçon, il y avait quelque chose d'intéressant à l'école ?
Hung était assis sur le siège arrière et serrait sa maman. A cette question, il se met à parler.
‘Oui. Des étudiants sont venus dans notre classe et nous ont appris à faire des cerfs-volants. Quand ils ont su que j'ai une maman vietnamienne, ils m'ont demandé si je parlais le vietnamien. J'ai dit que non, mais que je peux chanter des chansons vietnamiennes. Et j'ai chanté la chanson que tu m'as apprise, ‘J'aime grand-mère’. Tout le monde a dit que j'ai très bien chanté.’
‘Mon fils est tellement doué. Plus tard je t'apprendrai plus de vietnamien.’

Certaines histoires narrent des incidents tragiques qui ont choqué tout le pays. En 2014, un attentat au couteau fit 4 morts et 24 blessés dans le métro de Taipei, et Erin, une Indonésienne, a écrit un récit inspiré par l'événement.

Kulihat pemuda berbaju merah membabi buta mengayunkan pisau dan menusuki siapa saja yang ada dalam jangkauannya. Orang-orang yang terkena amukannya berjatuhan. Yang masih bisa berlari segera menyingkir sambil melemparkan apa saja pada pemuda itu. Aku dan Kakek bergerombol dengan beberapa lansia di ujung gerbong, yang sialnya buntu! Gawat sekali.
Entah berapa orang yang bergelimpangan berdarah-darah di lantai kereta metro itu. Aku gemetar hebat. Maut serasa mengintaiku. Kurundukan badan merendah di belakang kursi roda. Ah, sebuah usaha sembunyi yang sia-sia. Tapi sungguh aku takut sekali. Tak terbayangkan akan mengalami tragedi ketika jauh dari tanah air dan keluarga sendiri.

J'ai vu un jeune homme vêtu de rouge brandir son couteau dans tous les sens et essayer de tuer tous ceux qui étaient près de lui. Plusieurs personnes sont tombées, poignardées par lui, et d'autres essayaient de s'enfuir en courant le plus vite possible. Ils lançaient des objets sur lui. Grand-père [dont j'étais chargée de prendre soin] et moi eet d'autres personnes âgée étaient au bout de ce wagon, mais nous n'avions aucune issue ! Nous étions condamnés !
J'ignorais le nombre de personnes baignant dans leur sang dans le métro. Je frissonnais. J'ai senti le regard du Dieu de la Mort sur moi. Je me suis recroquevillée derrière une chaise roulante. Oh. Je cherchais désespérément à me cacher. Mais j'étais terrorisée. Je ne m'attendais pas à vivre une telle tragédie dans un lieu si éloigné de ma famille et de ma ville natale.

Nanik Riyati vient d'Indonésie et son récit a le hijab pour sujet :

Suatu hari Siauce mendapatiku berhijab. Mimik wajahnya menunjukkan ketidaksukaannya dan menyuruhku untuk melepaskannya. Dia masuk ke kamar dan memanggilku sambil membuka youtube dan menjelaskan tentang adat upacara kematian orang Cina.
Dengan kesedihan dan kekecewan terpaksa ku lepas hijabku dan berpakaian seperti biasa, tetapi dalam hati, aku tetap berkeinginan untuk berhijab dan menjadi muslimah yang baik.
Aku mulai istikamah berdoa dan berusaha mencari informasi bagaimana caranya agar bisa berhijab menjalankan perintah Allah dan tetap bekerja dengan baik. Rasa iri dan sedih setiap kali melihat teman-teman bisa bebas berhijab selalu terbesit. Dalam hati hanya bisa berucap, “Ya Allah semoga suatu saat aku diperbolehkan berhijab”.[…]
Tiba-tiba aku teringat akan surat yang Ah-kong tulis buatku. Maka di sela-sela kesibukan mengerjakan tugas kuliah, kutulis sebuah surat dengan bahasa Inggris dengan vocabulary yang pas-pasan dan grammarnya yang tidak lengkap. Akan tetapi aku yakin Siauce memahami isi suratku.
Ku jelaskan kewajiban wanita muslimah untuk berhijab itu diperintahkan langsung oleh Allah dan keutamaan wanita yang berhijab dan taat beragama pasti akan lebih sabar dalam mengurus orang tua, lebih ikhlas dalam bekerja dan jujur.
Selesai kerja kuberikan surat yang sudah kupersiapkan dan aku masuk kamar untuk melaksanakan salat isya. Tiba-tiba pintu kamar terbuka, Siauce berlari memelukku dengan erat sambil menangis. Diciuminya rambutku sambil berkata:
“You can wear hijab. You can wear your dress. You can pray, you can study, you can do anything you like, but don’t leave us and please take care of Ah-kong, because he loves you and likes you. If this was your reason to go home please stay here and do as your Allah asked you to do. I allow you and I will explain to Ah-kong and my brother.”
“If you have something to talk, just tell me and we can communicate”.
Spontan aku bersujud dan menangis. Ku peluk erat tubuh Siauce, ku anggukkan kepala dan aku setuju untuk menambah kontrakku, di samping aku bisa melanjutkan kuliahku dan melunasi hutang-hutangku. Terima kasih ya Allah, ternyata benar, kalau kita berdoa dengan istiqamah, berusaha tanpa henti Allah pasti akan mengabulkan doa kita.

Un jour, la fille de mon patron m'a vue porter le hijab. Elle paraissait mécontente et me dit de l'enlever. Elle me demanda d'aller dans sa chambre et me fit regarder une vidéo sur Youtube. Elle m'expliqua les coutumes funéraires chinoises [et comment un hijab pouvait évoquer un rite des funérailles]. Je me suis sentie très triste et déprimée qu'on me demande d'enlever mon hijab. Je m'habille comme j'en ai l'habitude, mais en esprit, je veux porter mon hijab et être une bonne musulmane.
Je me suis mise à prier et ai cherché une façon d'obéir à Allah en continuant à faire mon travail. Je ressentais de l'envie et de la tristesse en voyant mes amies porter librement leur hijab. Je pouvais seulement me dire, ‘Allah, j'espère qu'un jour on me permettra de porter mon hijab.’[…]
Soudain, je me suis souvenue de la lettre que m'a écrite grand-père. Pendant que j'étais occupée à faire les devoirs donnés à l'école, j'ai écrit à la fille de mon patron dans un anglais élémentaire. Je pense qu'elle arrive à comprendre ce que j'ai écrit dans les lettres. Je lui ai expliqué les obligations des musulmans. Porter le hijab est un ordre d'Allah, c'est le principe le plus important pour les femmes d'obéissance à la religion, ce qui me rendra plus patiente pour prendre soin de son grand-père, plus gentille et plus honnête.
Ayant fini mon devoir, j'ai donné la lettre que j'avais préparée, puis je suis retournée dans ma chambre et j'ai prié. Soudain ma porte s'est ouverte, elle est entrée en courant et m'a serrée dans ses bras. Elle a embrassé mes cheveux et dit, ‘Tu peux porter le hijab, tu peux porter ta robe. Tu peux prier, étudier, faire tout ce que tu voudras, mais ne nous quitte pas, et je t'en prie, prends soin d'Ah-kong, parce qu'il t'aime et t'apprécie. Si c'était cela ta raison de retourner chez toi, s'il te plaît reste ici et fais comme ton Allah te le demande. Je te le permets, et j'expliquerai à Ah-kong et à mon frère.’
J'ai pleuré de bonheur à genoux. Je l'ai serrée fort et ai accepté de prolonger mon contrat. Je peux non seulement poursuivre mes études à l'université, mais aussi rembourser ma dette. Merci Allah. C'est la vérité. Si nous prions avec notre cœur et continuons à travailler, Allah nous répondra.

Pour finir, les mots magnifiques de Wala la Philippine résumeront parfaitement l'esprit de ce prix littéraire :

Gusto kong maging hinog sa karanasan sa buhay dito upang maibahagi ko rin ang aking kaalaman sa aking mga kababayan sa Pilipinas. Babalikan ko rin ang pagsusulat. At sa pagkakataong ito, sarili ko namang kwento ang isusulat ko. Ang mga karanasan ko ay pinagyaman na ng iba’t ibang kulturang natutunan ko.
Ang puso ko ay pinagtibay na ng hangaring matupad ang aking mga pangarap at mabigyan ng magandang buhay ang aking pamilya. Kung hindi ako umalis ng aking bansa, hindi ko matutuklasan na dito sa Taiwan, marami rin akong kapatid na Pilipino na dito na nakahanap ng pag-ibig at bumuo ng sariling pamilya. Na pwede pala na magkaibigan ang dalawang lahi magkaiba man ang kanilang kulturang kinagisnan.
Malayo pa ang biyaheng tatahakin ko rito ngunit kampante na ang puso ko sa pangalawang tahanang nahanap ko sa bansang ito. Lahat ng pangarap ko ay matutupad kahit paunti-unti at mabagal lang. Wala naman ng mas sasarap pa sa katas ng iyong pinaghirapan matagal man ang kailangang hintayin.
Hindi man ako nakakuha ng propesyonal na trabaho rito, naging saludo naman ako sa lahat ng mga ordinaryong manggagawa dito sa Taiwan. Hindi biro ang aming trabaho. Balewala ang talino kung hindi ito sasamahan ng tiyaga at pasensya.
At sa tuwing nalulungkot ako, iniisip ko na bawat araw na lumilipas ay isang araw na palapit nang palapit sa oras na makikita ko nang muli ang ngiti ng aking ina at mahahagkan ang aking pamilya.
“Lolo, nakarating na ako sa dulo ng bukid. Hindi ko ito nilakad kagaya ng pinag-usapan natin. Natuklasan ko kasi na kaya ko pa lang lumipad. Salamat sa’yo na unang nagturo sa akin na kaya kong gawin ang lahat ng kaya kong isipin. Natuklasan ko rin na sa dulo ng bukid ay may panibagong mundo pang naghihintay. Na sa bawat katapusan ay may panibagong simula.”

Je veux vivre la vie d'ici pleinement pour pouvoir partager ce savoir avec mes compatriotes philippins au pays. Je continuerai à écrire, mais cette fois, c'est ma propre histoire que j'écrirai, celle d'une vie enrichie par des cultures différentes.
Pour réaliser mon rêve et donner un avenir lumineux à ma famille, mon cœur a été plus fort. Si je n'avais pas quitté mon pays, je n'aurais jamais découvert qu'ici à Taïwan, j'ai aussi des compatriotes des Philippines qui ont trouvé l'amour et fondé leurs propres familles. Qu'il est possible aux gens d'être amis avec ceux qui appartiennent à une race et à une culture différentes.
J'ai encore un long chemn à faire ici, mais mon coeur est à l'aise dans le deuxième foyer que j'ai trouvé dans ce pays. Pas à pas, tous mes rêves deviendront réalité. Il ‘y a rien de meilleur que de voir le fruit de tout mon dur travail, même si cela veut dire que je dois attendre longtemps.
Même si j'ai été dans l'impossibilité d'obtenir un emploi de col-blanc ici, je veux saluer toutes les travailleuses ordinaires de Taïwan. Nos métiers ne sont pas faciles. Sans persévérance et endurance, nous ne pouvons y arriver, aussi intelligentes que nous soyons.
Chaque fois que je me sens triste, je me dis simplement que chaque jour qui passe me rapproche de celui où je pourrai enfin voir le sourire de ma mère et serrer ma famille dans mes bras.
‘Grand-père, j'ai atteint le bout des champs. Je n'ai pas marché comme nous en discutions, parce que j'ai trouvé que je sais voler. Merci d'avoir été le premier à m'enseigner que je peux faire tout ce que j'ai la volonté de faire. J'ai aussi appris qu'il y a une nouvelle vie qui attend au bout du champ. Chaque fin sert à un nouveau départ.’

Remerciements : La gratitude de l'auteur va en particulier à l'équipe Asie du Sud-Est de Global Voices, avec Mong Palatino, Juke Carolina et Don Lê qui ont aidé à réviser la traduction en anglais.

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