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Netizen Report : Un tribunal tunisien refuse d'ordonner la fermeture de la webradio LGBTQ Shams Rad

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Brésil, Chine, Cuba, Espagne, Etats-Unis, Inde, Pakistan, Slovaquie, Tunisie, Turquie, Venezuela, Censure, Droit, Droits humains, LGBTQI+, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Technologie, Advox
Gay Pride

Célébration de la fierté LGBTQ. Photographie de lewishamdreamer via Flickr (CC BY-NC 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices Advox offre un aperçu des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de droits numériques à travers le monde.

Un tribunal de première instance de Tunis a refusé [1] d'ordonner la fermeture de la webradio Shams Rad, qui s'adresse à la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre et queer (LGBTQ).

Cette décision a été rendue en dépit du fait que les relations homosexuelles sont illégales en Tunisie.

Le conseil syndical des imams (chefs religieux des mosquées) avait intenté une poursuite pour demander au tribunal d'ordonner à l'Agence tunisienne d'Internet de bloquer Shams Rad sous prétexte qu'elle menace « les valeurs sociales et familiales ».

Dans son jugement du 14 février, le tribunal a statué que la station de radio ne porte pas atteinte à la réputation ou ne viole les droits d'autrui et que le conseil des imams n'était pas habilité à faire de telles demandes.

Lorsque Shams Rad a été lancée en décembre 2017, ses fondateurs ont été victimes d'un considérable harcèlement en ligne et ont reçu plusieurs menaces de violence [2]. En Tunisie, comme dans la plupart des pays arabes, l'homosexualité est un crime passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans.

La Cour suprême du Pakistan déclare les fermetures de réseaux mobiles illégales. D'autres pays suivront-ils son exemple?

Autre victoire juridique pour la liberté d'expression, la Cour suprême d'Islamabad au Pakistan a jugé que les fermetures de réseaux mobiles opérées par le gouvernement pakistanais étaient illégales [3] et contraires à la Loi sur la réorganisation des télécommunications au Pakistan.

La décision soulève la question de savoir si les pays voisins pourraient un jour suivre cet exemple. Le 12 février, les autorités du Bangladesh ont temporairement fermé [4] l'Internet mobile et réduit la vitesse du haut débit lors des examens scolaires nationaux dans le but de limiter les tentatives de tricherie. Elles ont ensuite changé d'avis et choisi d'interdire les téléphones portables à proximité des salles de classe.

Un journaliste slovaque est abattu

Jan Kuciak, un journaliste d'Aktuality.sk, et sa compagne Martina Kusnirova ont été retrouvés morts [5] le 25 février chez eux, à environ 65 km de la capitale Bratislava. Un chef de police qui travaille sur l'affaire a déclaré [5] que les meurtres étaient « très probablement liés au travail d'investigation du journaliste ». En collaboration avec le Projet de reportage sur le crime organisé et la corruption [6], Jan Kuciak enquêtait sur la mafia Ndrangheta considérée par le Projet comme « l'un des groupes les plus puissants et redoutables au monde ».  L'organisation a également souligné que Jan Kuciak est le premier journaliste slovaque assassiné en représailles pour son travail.

Des utilisateurs de Facebook en Inde arrêtés pour s'être moqués du premier ministre et des dieux hindous

Deux personnes ont été arrêtées dans l'Uttar Pradesh [7], en Inde, pour avoir soi-disant fait des remarques désobligeantes sur le premier ministre Narendra Modi et les dieux hindous dans une vidéo mise en ligne sur Facebook et WhatsApp. Elles seront accusées, en vertu du code pénal indien, d'avoir commis « des actes malveillants et délibérés visant à offenser les sentiments religieux de tous les croyants en insultant leur religion ».

Un Vénézuélien est arrêté pour avoir annoncé de probables pannes d'électricité sur WhatsApp

Le 14 février, la cellule de renseignement vénézuélienne (SEBIN) a arrêté Elio Palacios, un syndicaliste [8] membre du parti communiste du Venezuela, après qu'il eut utilisé WhatsApp pour mettre en garde ses concitoyens contre d'éventuelles pannes d'électricité. Il a déclaré que les pannes résulteraient probablement de la négligence et d'un manque d'entretien, ce qui contredit le discours du gouvernement, lequel attribue ces dernières au sabotage par des groupes d'opposition.

Le Parlement de Turquie va voter une mesure de censure des médias numériques

Une commission parlementaire en Turquie a approuvé un projet de loi [9] qui exigera que les diffuseurs en ligne soient réglementés et autorisés par RTÜK, le régulateur turc des médias. Le projet de loi pourrait également étendre les pouvoirs de réglementation de RTÜK aux comptes personnels des médias sociaux, ce qui inquiète les défenseurs de la liberté d'expression qui craignent la censure politique [10]. Le projet de loi a été fermement condamné par le Comité de protection des journalistes [11].

Le maire de São Paulo bloque ses détracteurs sur Facebook. Est-ce acceptable ?

Les utilisateurs de Facebook qui accèdent à la page officielle de la mairie de São Paulo doivent peser leurs mots s'ils ne veulent pas être bloqués [12]. Selon les documents gouvernementaux officiels que le média R7 a obtenus par le biais d'une demande d'accès à l'information, les modérateurs de la page interdisent certains termes et bloquent les utilisateurs qui critiquent l'actuel maire João Dória. La page est une plateforme populaire pour le dialogue entre les citoyens et l'administration de la ville.

Taisa Sganzerla, qui couvre cette histoire pour Global Voices, écrit : « lorsqu'un fonctionnaire interdit aux utilisateurs de commenter sur les pages officielles, en réalité il censure la voix de ces utilisateurs dans un espace dédié au débat civique ».

Cuba censure le magazine local en ligne El Estornudo

Les autorités cubaines ont bloqué le site internet [13] El Estornudo, qui vient s'ajouter à la liste croissante des médias censurés par les autorités du pays. Le site propose des essais critiques sur les enjeux sociaux et le changement culturel et souhaite présenter « l'autre Cuba », celui qui est évacué de l'histoire officielle racontée par le gouvernement. Dans une lettre ouverte  [14] adressée au  « censeur », ses éditeurs ont répondu qu'en dépit du blocage ils ne changeraient pas leur ligne éditoriale.

Un Espagnol reçoit une amende pour avoir publié sur Instagram un photomontage du Christ

Un Espagnol de 24 ans a été condamné à payer une amende [15]pour avoir réalisé et diffusé sur Internet un photomontage représentant le Christ avec son propre visage. Les procureurs estiment qu'il a « manqué d'égard et s'est moqué » d'une communauté religieuse locale qui a porté l'affaire en justice. Le verdict a soulevé une vague d'indignation chez les internautes, qui ont été nombreux à publier des photomontages similaires. Leur soutien s'est également traduit par une collecte qui a permis d'amasser l'argent nécessaire pour payer l'amende du jeune homme, qui lui aurait coûté l'équivalent de dix jours de travail.

La surveillance prédictive en Chine et aux États-Unis

Un nouveau rapport de Human Rights Watch [16] met en lumière l'ampleur de l'infrastructure de surveillance prédictive chinoise dans l'ouest du Xinjiang, où la population est majoritairement composée d'Ouïghours et d'autres minorités musulmanes. Grâce à une combinaison de technologie de reconnaissance faciale par les caméras de surveillance, de surveillance logicielle des téléphones mobiles, de systèmes nationaux d'identification et de surveillance physique, la police collecte et recoupe régulièrement des données sur les activités des citoyens, leurs déplacements, leurs transactions bancaires et une multitude d'autres informations dans le cadre de la « Campagne Frapper fort », qui prétend cibler les activités violentes et le terrorisme.

Aux États-Unis, The Verge a publié [17]de nouvelles conclusions qui démontrent que le département de police de la Nouvelle-Orléans a utilisé un logiciel de surveillance développé par Palantir, une entreprise de la Silicon Valley, à l'insu des conseillers municipaux. Le logiciel, qui utilise un algorithme prédictif, permet d'identifier et de suivre les activités des membres de gangs dans le sud de la ville.

Selon le site d'actualités technologiques, le logiciel « recherche les liens que les individus entretiennent avec d'autres membres de gangs, relève les antécédents criminels, analyse les médias sociaux et évalue les probabilités que des individus commettent des actes de violence ou en soient victimes ». Le logiciel ayant été donné à la police dans le cadre d'une relation « philanthropique » entre Palantir et le département de police, cette initiative a échappé aux représentants du gouvernement.

Nouvelles études [en anglais et en espagnol]

 

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Afef Abrougui [23], Ellery Roberts Biddle [24], Marianne Diaz [25], Rohith Jyothish [26], Laura Vidal [27] et Sarah Myers West [28] ont contribué à l'élaboration de ce rapport.