L'exploitation minière du sable en Ouganda menace sérieusement l'environnement

Une capture d'écran d'une vidéo YouTube de NTV Uganda montrant une partie des excavations dans la zone humide de Lwera.

Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages en anglais.

Les écologistes ougandais affirment qu'une importante zone humide qui longe une autoroute reliant la capitale Kampala à la ville de Masaka, au sud-ouest du pays, est endommagée par un dragage agressif pour l’extraction de sable.

La zone humide de Lwera sert de bassin versant pour plusieurs rivières qui se jettent dans le lac Victoria, et le sable fait office de purificateur d'eau. On y trouve diverses espèces terrestres et aquatiques, et on craint que le dragage, qui atteint plus de 12 mètres de profondeur, n'altère ou ne détruise l'habitat des poissons dont dépendent les pêcheurs locaux pour leur subsistance.

La Conférence sur le développement urbain et les infrastructures a averti sur Twitter que la route Kampala-Masaka pourrait également être menacée d'inondation :

[Est-ce que @UNRA_ED (le Services des routes de l'Ouganda) projette un pont à Lwera ? D’après le peu que je connais sur la géographie de l'Ouganda, il y a du sable à Namutumba, Nabiswera après Lwampanga et dans d'autres zones qui étaient visiblement des fonds de lacs asséchés !]

Quel est le niveau d'eau entre le lac Victoria et les terres humides de Lwera qui empêchera l'eau d'inonder la base et la surface de la route ? Y a-t-il eu des relevés hydrologiques et géologiques avant l'extraction de sable pour évaluer les risques sur l'autoroute ?

Il existe des règlements pour contrôler l'exploitation du sable. Mais l'Autorité nationale de gestion de l'environnement (National Environment Management Authority (NEMA)) n'a pas le budget pour financer les agents de surveillance.

Le président de la commission parlementaire des ressources naturelles, Alex Byarugaba, a estimé que cela contribuait au fait que la NEMA n'avait pas réussi à protéger l'environnement en permettant aux entreprises de détruire les habitats des espèces aquatiques et terrestres :

NEMA is duty bound to regulate activities that happen on wetlands but because of the organization’s reluctance, environmental degradation is on the increase around areas where sand mining is being carried out such as the shores of Lake Victoria and Lwera

La NEMA a le devoir de réglementer les activités qui se déroulent sur les zones humides, mais en raison de la réticence de l'organisation, la dégradation de l'environnement s'accentue autour des zones où se déroule l'extraction du sable, comme les rives des lacs Victoria et à Lwera.

Il n’y a pas beaucoup d’envie d’arrêter l'extraction parce que cela entraverait la « création d'emplois », disent ses partisans. Le ministre ougandais chargé de l'eau et de l'environnement a déclaré que, pour cette raison, les entreprises qui exploitent du sable ne peuvent pas être arrêtées, bien qu'il insiste pour que toutes les entreprises le fassent d’une façon appropriée.

Selon le journal Daily Monitor, plusieurs responsables gouvernementaux de la NEMA se sont rendus sur le site pour arrêter les excavations de plus de 12 mètres de profondeur, mais leurs opérations ont été interrompues faute de financement :

So far, according to Ayazika Waiswa, the Nema environment monitoring and compliance director, the mining companies in the areas have contravened their license obligations.

Most of the sand companies, according to Waiswa are scooping sand 12 meters underneath instead of the recommended three meters which enables easy regeneration of the resource.

“Through our routine inspections, we came and stopped them [sand miners] but later, our officers withdrew due to financial constraints and they [miners] came back,” Waiswa, said during a Nema board inspection recently.

But that is not the only violation; “…among the conditions we set out, they were not supposed to do mining in 200 meters from the road but they are not complying,” Waiswa, adds.

Dredging the sand 200 meters towards the highway puts the busy road, which connects Uganda to Tanzania on the brink of soil erosion through constant flooding and degradation.

Jusqu'à présent, selon Ayazika Waiswa, directrice de la surveillance de l'environnement et de la conformité à la Nema, les sociétés minières des régions ont enfreint leurs obligations en matière de permis.

La plupart des entreprises de sablières, selon Mme Waiswa, ramassent le sable à 12 mètres de profondeur au lieu des trois mètres recommandés qui permettraient une régénération facile de la ressource.

« Grâce à nos inspections de routine, nous sommes venus et nous les avons arrêtés [les mineurs de sable] mais plus tard, nos agents se sont retirés en raison de contraintes financières et ils [les mineurs] sont revenus », a déclaré Mme Waiswa, lors d'une inspection récente de la commission Nema.

Mais ce n'est pas la seule violation ; « … parmi les conditions que nous avons établies, elles n'étaient pas censées excaver à 200 mètres de la route, mais elles ne s’y conforment pas », ajoute Ayazika Waiswa.

Le dragage du sable à 200 mètres de l'autoroute met la route très fréquentée, qui relie l'Ouganda à la Tanzanie, à la limite de l'érosion du sol par des inondations et une dégradation constantes.

Après avoir vu des véhicules lourdement chargés transportant du sable de Lwera, un utilisateur de Twitter, Moriati X, a posé une question à la police ougandaise au sujet de sa déclaration selon laquelle tous les véhicules surchargés doivent obtenir une licence pour transporter des marchandises.

[Le nouveau règlement du Service des routes exige que ces cargaisons hors-jauge ne soient déplacées qu'avec un permis délivré par le ministre des Travaux publics et des Transports.]

Et ces remorques qu'on a vues transportant du sable pour Mango Tree à Lwera. Les avez-vous interceptées ? C’est juste une question.

De plus, la compagnie chinoise Mango Tree a été sous les feux des projecteurs concernant l'exploitation du sable sur les rives du lac Victoria.

Mango Tree a été accusée d'avoir exploité du sable en vertu d'un permis de construction navale sur le lac. Selon une déclaration de la NEMA :

a criminal case was opened against Mango Tree following a tip off that a large ship on Lake Victoria had been mining and dumping sand at Miami Beach in Luzira.

une procédure pénale a été ouverte contre Mango Tree suite à une dénonciation selon laquelle un grand navire sur le lac Victoria avait exploité et déversé du sable sur Miami Beach, à Luzira.

Dans une émission de NTVUganda, le député et militant John Baptist Nambeshe a cité la corruption comme un moyen pour ces entreprises d'obtenir des permis.

Bien que l'Ouganda soit signataire de plusieurs accords multilatéraux des Nations Unies sur l'environnement tels que la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques [fr], la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, la Convention de Ramsar relative aux zones humides [fr] et bien d'autres, le gouvernement ougandais n'a pas été en mesure de protéger efficacement et d'assurer une utilisation durable des ressources environnementales.

Le journaliste et agriculteur Brian Luwaga sur Twitter pense que c'est vraiment dommage (« kitalo nnyo » en luganda signifie « c'est triste ou mauvais ») :

La destruction des terres humides de Lwera par l'industrie extractive.

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