Joseph Kabila isolé sur le retard quant à l'organisation des élections en 2018

Limete, Kinshasa, RDC : Des membres des Comités Électoraux de Paix (leaders communautaires et religieux, jeunes et femmes) CC-BY-20

Cet article fait partie du dossier de suivi des périodes pré-électorales en RDC. Le premier article du dossier se trouve ici. 

Alors que la situation s’enlise en RDC, le régime de Kabila tente, tant bien que mal d’obtenir, du soutien dans la région. Pendant ce temps, l’opposition continue de rassembler la population pour forcer l'organisation des élections.

Une longue lettre vient d’atterrir sur le bureau du secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, le successeur de Ban Ki-moon. Elle a été rédigée par le Comité Laïc de coordination (CLC) de la République Démocratique du Congo (RDC) qui ne sait plus à quel saint se vouer. Les Laïcs Catholiques demandent, le 19 mars, que le mandat de la MONUSCO soit renouvelé et donc, que l’ONU vienne à la rescousse de la RDC pour l’organisation des élections. Des revendications pour mettre fin à la confiscation des libertés publiques et au maintien de Joseph Kabila au pouvoir, une situation qui n’a que trop durée selon eux, depuis la fin de son mandat prévu en 2016. Les opposants au régime multiplient les manifestations depuis décembre dernier auxquelles la police répond par la force.

Des répressions violentes

Contredisant les chiffres de l’exécutif, la Commission d’Enquête mixte 31 21 estime que les manifestations du 31 décembre et du 21 janvier auraient provoqué la mort de 14 manifestants, dont 12 par balles et deux asphyxiés par des gaz lacrymogènes. Une quarantaine de personnes auraient été arrêtées arbitrairement puis soumises à des traitements dégradants lors d’interrogatoires musclés. Le 25 février 2018, un homme de 35 ans du nom de Rossy Mukendi Tshimanga avait trouvé la mort ainsi qu’une seconde personne. Cette Commission a été placée sous le patronage de la ministre des Droits humains le 1er février et intégrait des délégués représentants du ministère des Droits humains, du ministère de la Justice, de la Commission nationale des Droits de l’homme, de la société civile, du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme et du Bureau de liaison de l’Union africaine.

Le 11 mars dernier, cette même commission enjoignait le gouvernement  à:

 lever l’interdiction générale des réunions et des manifestations publiques et pacifiques et de mettre à la disposition de la Justice tous les moyens nécessaires pour mener des enquêtes judiciaires et poursuivre les auteurs de violations et atteintes aux Droits de l’Homme en lien avec les manifestations publiques du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018.

Quelques jours après, le 15 mars l’IRDH (Institut de recherches en droits humains) demandait d’étendre ces recommandations aux entreprises de télécommunications du pays.  Particulièrement visée par cette demande sont les coupures des accès à internet à la veille de ces manifestations.

L'opposition exige des élections

Dans le même temps, le mouvement d’opposition continue de réclamer le départ de Kabila et l’organisation rapide du scrutin. Le 12 mars de nombreux leaders et militants de l’opposition avaient fait le voyage en Afrique du Sud, pour se rassembler pendant trois jours autour de Moïse Katumbi. Le message du candidat est clair : « ensemble je vous propose de bâtir un autre Congo ». Une volonté de faire autrement, et pour cause.

Désigné candidat dès mars 2016 par le G7, un rassemblement de partis d’opposition, l’ancien gouverneur de la province du Katanga est la cible d’attaques répétées du régime. Condamné à trente-six mois de prison et à une peine d’inéligibilité dans une affaire de spoliation immobilière vraisemblablement téléguidée par le régime, il vit en exil depuis mai 2016. Celui-ci devrait revenir en juin afin de déposer sa candidature.

Ce rassemblement de trois jours était donc l’occasion pour l’opposition de montrer son soutien à l’opposant de 53 ans, qui a réclamé l’organisation d’élections « crédibles et transparentes ». Depuis plusieurs semaines, le régime a annoncé vouloir mettre en place un système de votes électronique, ce que l’opposition dénonce comme étant une tentative de truquer le scrutin.

Les soutiens au régime se raréfient

De son côté, Kabila tente d’obtenir des soutiens. Mis sous pression par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a condamné les répressions, délaissé par la Belgique, allié historique du pays qui a rompu ses relations bilatérales fin janvier, et dénoncé par l’Union Européenne, qui a demandé l’ouverture d’une enquête de la Cour Pénale Internationale, le régime tente de convaincre les pays voisins.

Le président devrait ainsi se rendre à Kigali le 20 mars, pour la session extraordinaire de l’Union Africaine. Malgré l’envoi préalable d’un émissaire de marque, le ministre de la justice Alexis Thambwe Mwamba, et d’une délégation censée préparer le terrain, la tâche s’annonce difficile.

Si Paul Kagamé, président du Rwanda, apparaît comme un allié historique de Kabila, le soutenir semble aujourd’hui de plus en plus compliqué pour les différents dirigeants africains. Plusieurs pays traditionnellement amis de la RDC se sont désolidarisés du régime. On peut citer le Zimbabwe, l’Angola, l’Afrique du Sud ou encore le Botswana. De plus en plus isolé, Kabila ne semble pas, pour autant, près à quitter le pouvoir. Une situation qui inquiètent de nombreux analystes, qui craignent de voir le pays sombrer dans une impasse politique.

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