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Netizen Report: Les coupures de réseaux menacent les communautés en Syrie, au Venezuela et au Pakistan

Catégories: Caraïbe, Etats-Unis, Kenya, Nicaragua, Pakistan, Qatar, Russie, Syrie, Venezuela, Censure, Cyber-activisme, Droit, Droits humains, Liberté d'expression, Médias citoyens, Technologie, Advox

Les habitants d'Afrin manifestent contre les opérations militaires turques le 19 janvier 2018. Photo par Voice of America Kurdish [Domaine public], via Wikimedia Commons.

Le Netizen Report d’Advox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Avec Facebook et Cambridge Analytica à la une des média cette semaine, ce sont les fuites de données et surtout de données personnelles qui ont été au premier plan des préoccupations de nombreux internautes. Mais pour beaucoup d'autres à travers le monde, le plus grand obstacle à leurs droits en ligne est tout simplement l'accès à Internet.

Syrie

Lorsque des forces armées appuyées par la Turquie [1] ont pris le contrôle de la ville d'Afrin, dans le nord de la Syrie, le 18 mars, les civils se sont retrouvés sans accès à Internet pendant plusieurs heures, puis ils ont rapporté que les connexions étaient très affaiblies. La guerre en Syrie a fait des ravages sur les réseaux de télécommunication, laissant de nombreux Syriens sans accès à Internet, parfois en raison de perturbations intentionnelles du réseau ou de blocage de sites Web par le gouvernement, mais dans d'autres cas à cause de destructions physiques causées par les bombardements.

Écrivant pour SMEX, Asser Khattib a expliqué que les habitants d'Afrin, qui se trouve juste au sud de la frontière syrienne avec la Turquie, ont de plus en plus recours à l'infrastructure Internet turque en raison de la dégradation des réseaux de leur propre pays.

“Les perturbations du réseau pendant les conflits violents, y compris la guerre syrienne vieille de sept ans, exacerbent les effets de celle-ci, rendant plus difficile l'accès aux services d'urgence, la documentation des violations des droits de l'homme et des crimes de guerre, ainsi que le maintien du contact avec les proches” a-t- il écrit.

Venezuela

Au cours des deux premières semaines de mars 2018, dix-sept États du Venezuela ont été touchés par des pannes d'Internet intermittentes ou prolongées. L'Institut pour la presse et la société (IPYS) a recueilli des informations sur les interruptions de service. Cette institution à but non lucratif rapporte que ces pannes, en conjonction avec des coupures d'électricité totales, causaient des dommages permanents aux réseaux de télécommunications du Venezuela.

Pakistan

Fin février, la Haute Cour d'Islamabad a déclaré que les coupures de réseaux mobiles étaient illégales. Mais après que la décision a été contestée par l'Autorité des télécommunications du Pakistan et le Ministère des technologies de l'information et des télécommunications, le tribunal a accordé [2]aux requérants un sursis à exécution. Cette semaine, Digital Rights Monitor a reçu plusieurs signalements d'interruptions de réseaux mobiles dans certaines parties d'Islamabad et de Rawalpindi.

Cambridge Analytica a expérimenté dans les Caraïbes et en Afrique

Des journalistes du New York Times ont rapporté que la société de recherche et d'analyses de données Cambridge Analytica avait récolté [3]les données personnelles et les profils de 50 millions d'utilisateurs américains de Facebook et les avait utilisées pour développer des techniques de ciblage publicitaire en vue de soutenir la campagne présidentielle de Donald Trump. Les analystes ont soutenu que le modèle d'affaires de Facebook était à blâmer [4], et ont exhorté les utilisateurs de Facebook à examiner à quelles applications ils avaient autorisé [5] l'accès à leurs données.

L'article suggère également que Cambridge Analytica a mené des expériences [6]à l'étranger, dans des pays des Caraïbes et d'Afrique où les règles de confidentialité sont moins restrictives qu'aux États-Unis et en Europe. La société a admis publiquement son travail au Kenya, où elle a travaillé pour le président sortant Uhuru Kenyatta en 2013 et lors des dernières élections très disputées. En 2013, Cambridge Analytica a mené 47 000 enquêtes sur le terrain, qu'elle a ensuite utilisées pour dresser un profil de l'électorat kényan. La stratégie résultante, que la société a décrite sur son site Web [7], était “basée sur les besoins (des emplois) et les craintes (de violences tribales) de l'électorat”, donnant à de nombreux Kenyans des inquiétudes [8] [fr] que l'entreprise ait cherché à exploiter les tensions ethniques pour accroître les soutiens à la campagne de Kenyatta.

La vice-présidence du Nicaragua met la pression sur les médias sociaux pour lutter contre les “fausses nouvelles”

La vice-présidente nicaraguayenne, Rosario Murillo, a annoncé qu'elle discutait avec le président de l'Assemblée nationale pour examiner la réglementation des réseaux sociaux [9]au Nicaragua. Murillo a déclaré que les médias sociaux “influençaient négativement” les Nicaraguayens et qu'elle envisage de réviser le Code pénal, ainsi que les Codes de l'enfance et de la famille (TK), pour prévenir la propagation des “fausses nouvelles”.

Les propos de Murillo semblent annoncer des plans pour étendre la réglementation nicaraguayenne des médias à la sphère en ligne encore relativement ouverte. Les groupes politiques de l'opposition ont exprimé leur inquiétude que la proposition soit très probablement un moyen de faire taire les critiques contre le gouvernement.

Le Qatar intente un procès contre ses détracteurs aux États-Unis

Le gouvernement du Qatar poursuit en justice ses détracteurs aux États-Unis. Le 16 mars, le service de communication du gouvernement a intenté un procès auprès d'un tribunal de l’État de New York contre les administrateurs d'un site dénommé QatarExposed et des comptes de médias sociaux qui lui sont liés pour la publication de fausses nouvelles contre le gouvernement, a rapporté [10] Reuters .

Les autorités russes menacent de fermer Telegram

Un haut tribunal russe a confirmé une demande [11] du FSB, le service de sécurité de l’État, que l'application de messagerie Telegram partage ses clés de chiffrement avec les autorités nationales. Après avoir refusé de le faire, Telegram s'est vu infliger une amende et l'ordre de fournir les clés dans les 15 jours sinon il allait être bloqué dans le pays. Le fondateur Pavel Durov a affirmé que “les menaces de bloquer Telegram à défaut de fournir les données privées de ses utilisateurs ne porteraient pas leurs fruits.” L'application a été critiquée pour plusieurs problèmes de sécurité, y compris une infrastructure qui permet, en premier lieu, le stockage des clés ; ce que des applications de messagerie comme WhatsApp et Signal ne font pas.

Google requis de fournir des données de toutes les personnes s'étant trouvées dans une zone de scène de crime

Ma police de Caroline du Nord, aux États-Unis, a demandé à Google de fournir des données non seulement des suspects spécifiques dans une zone de crime, mais des téléphones mobiles [12] de tous les individus dans ladite zone – dans un cas, une zone de 17 acres. L'entreprise Google n'a pas révélé si ellel s'était conformée ou non à cette demande.

YouTube espère que Wikipedia pourra l'aider à résoudre le problème de la désinformation

Susan Wojcicki, PDG de YouTube, a annoncé que la plate-forme vidéo proposerait bientôt de nouvelles fonctionnalités [13] pour éviter la diffusion de fausses informations, notamment l’insertion de liens vers des pages Wikipedia [14] à côté des vidéos qui soutiennent les “théories du complot”. L'espoir, semble-t-il, est que les normes de neutralité de Wikipédia aideront à fournir aux consommateurs des informations plus équilibrées sur le problème ou l'incident en question.

Cyberactivisme

Un projet de journalisme citoyen [15] à Porto Rico travaille à diffuser des nouvelles sur la reconstruction après les passages des ouragans sur l'île. Par le biais d'une page Facebook dédiée appelée Information as Aid, une équipe de douze journalistes-citoyens travaille pour recueillir des informations sur les étapes de la reconstruction et les diffuser auprès d'autres habitants.

Nouvelles études [en anglais]

Universal Access and Service Funds: An Untapped Resource to Close the Gender Digital Divide  [16]- World Wide Web Foundation

World Trends in Freedom of Expression and Media Development [17] – UNESCO

Final Report of the High Level Expert Group on Fake News and Online Disinformation [18] – European Commission

Forbidden Feeds: Government Controls on Social Media in China [19] – PEN America

Using Research in Digital Rights Advocacy: Understanding the Research Needs of the Internet Freedom Community [20] – Internet Policy Observatory

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Afef Abrougui [22], Ellery Roberts Biddle [23], Marianne Diaz [24], Mohammed ElGohary Rohith Jyothish [25], Karolle Rabarison [26], Talal Raza et Sarah Myers West [27] ont contribué à l'écriture de ce billet.