Rapport Netizen : la Malaisie bannit les ‘Fake News’ — Singapour, le suivant ?

Photo de Cory Doctorow. (CC BY-SA 2.0)

Le Netizen Report d’Advox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Les élections s'approchant vite, le parlement malaisien a approuvé la “loi anti-fake news” le 3 avril, en dépit des inquiétudes du public sur l'atteinte à la liberté de la presse.

Le 6 avril, le Premier Ministre Najib Razak a dissous le parlement, une autre action perçue comme faisant partie de sa stratégie pour s'assurer sa réélection.

La loi s'applique aux contenus écrits, graphiques et multimédia, et elle définit les “fake news” comme “des nouvelles, des informations, des données et des rapports totalement ou partiellement faux.”

Les contrevenants reconnus auteurs de la diffusion de tels contenus seront passibles d'amendes de près de 500.000 ringgits (123.000 dollars US) et de six ans de prison au maximum. La loi oblige également les plateformes sur internet comme Facebook, à retirer les fausses informations suite aux ordonnances de retrait de contenu, sous peine de fortes sanctions. Une infographie de la South East Asia Press Alliance décrit plus en détails la loi et ses impacts sur la liberté d'expression.

En attendant, à Singapour, une commission parlementaire élabore une proposition de loi visant à criminaliser la diffusion de “faussetés délibérées” en ligne et sur les réseaux sociaux. Pendant huit jours, la commission a tenu sur la question des audiences publiques avec des universitaires, des experts en cybersécurité de divers pays, des militants de la société civile, et des personnes venant de grandes entreprises de la Silicon Valley.

Dans une note écrite adressée à la commission, la journaliste indépendante et auteure à Global Voices Kirsten Han a argumenté que :

[le pays] devrait faire attention durant le processus à ne pas hypothéquer dans la précipitation les grands principes de justice et d'application de la loi…. Les mesures hâtives risquent de donner trop de pouvoir aux autorités, au détriment de la liberté d'expression et de débat ouvert à Singapour.

Facebook et WhatsApp bloqués au Tchad

Facebook et WhatsApp ont été inaccessibles durant quatre jours dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Le Journal du Cameroun rapporte qu'aucune raison officielle n'avait été fournie par les autorités sur le blocage, mais les citoyens pensent qu'il a été instauré suite aux affrontements de jeunes dans deux villes voisines, l'une d'entre elles étant en général pour le pouvoir en place, et l'autre pour l'opposition. Peu avant le blocage, une série de messages de colère contre le régime avait été postés en vidéo sur Facebook.

L'Iran va -t-il bloquer Telegram?

Lors d'un récente intervention à la radio, Alaeddin Boroujerdi, président de la Commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du parlement iranien , a déclaré que les hauts fonctionnaires s'étaient mis d'accord sur un projet de blocage de Telegram, une application de messagerie mobile populaire. Actuellement enregistré aux États Unis et en Grande Bretagne et initialement créé en Russie, Telegram ne dispose ni de bureaux ni de serveurs en Iran.

M. Boroujerdi a justifié la décision par des considérations de sécurité nationale, déclarant qu'une application locale de remplacement serait lancée et promue. Cependant, le Président Hassan Rouhani s'est opposé publiquement à cette décision, durant son entretien avec Tasnim News, car selon lui “l'objectif de la création et de l'appui aux logiciels et applications de messagerie iraniens ne devrait pas être le blocage [des autres applications], mais [celui] de mettre fin aux monopoles.”

Avec plus de 40 millions d'utilisateurs en Iran — sur 50 millions d'internautes — Telegram est de loin la première application de messagerie du pays. L'application a été bloquée en Iran durant les manifestations qui débutèrent dans les derniers jours de 2017 et se sont poursuivies jusqu'à mi-janvier 2018. Dans la foulée de cette controverse, l'organisme russe de régulation des télécommunications a demandé en justice d'interrompre Telegram en Russie, au motif de refus de transmission des clés de chiffrement aux autorités.

Un magazine thaïlandais pourrait encourir des sanctions pénales pour une image dénonçant la pollution

Le gouverneur de Chiang Mai, une ville du nord de la Thaïlande, a poursuivi au pénal le magazine en langue anglaise Citylife Chiang Mai pour une image postée sur sa page Facebook. Produite par un adolescent de la localité, l'image représente une célèbre statue locale de trois anciens rois thaïlandais avec un masque à gaz sur le visage. Elle visait à soutenir les manifestations pour “le droit de respirer” à Chiang Mai, où les pics de pollution ont atteint des niveaux spectaculaires ces dernières années. Le gouverneur affirme que le magazine enfreint la loi thaïlandaise sur la cybercriminalité.

L'Ouganda veut taxer les utilisateurs des réseaux sociaux

Le Président ougandais Yoweri Musveni fait la promotion d'un plan controversé de faire payer aux utilisateurs de réseaux sociaux des frais quotidiens pour leur utilisation des plateformes telles que WhatsApp, Skype, Viber et Twitter. Le schéma de taxation proposé se fonde amplement sur le fait que ces applications fournissent des services de communication “over-the-top” ou OTT permettant aux utilisateurs de passer des appels sur internet, au lieu de payer le coût des appels aux entreprises de communications locales. De nombreux députés, des entreprises parmi lesquelles MTN, la plus importante société de télécommunication de l'Ouganda, et des groupes de la société civile s'opposent à la loi.

Au Zimbabwe, Big Brother va grandir

Les hauts fonctionnaires du ministère des TIC du Zimbagwé ont annoncé le très prochain lancement d'une nouvelle infrastructure nationale de surveillance des communications comparable à l'Agence de sécurité nationale des États Unis. Bien que de plus amples informations sur le fonctionnement et l'étendue du déploiement du système n'aient pas été publiées, Spotlight Zimbabwe a rapporté que des experts en sécurité des gouvernements de la Chine, de la Russie et de l'Iran ont travaillé sur son développement.

Grindr a partagé des informations sur la santé sexuelle des utilisateurs (et a promis de ne pas recommencer)

Une enquête de SINTEF, le collectif à but non lucratif de recherche norvégien a montré que Grindr, l'application populaire de rencontres LGBTQ, a partagé des données sensibles sur la santé, y compris la situation sérologique et la date du “dernier test”, avec au moins deux sociétés tierces. Les deux entreprises, Apptimize et Localytics, avaient un contrat d'amélioration de services avec Grindr.

Scott Chen, directeur de la technologie de Grindr a expliqué sur Tumblr que la société “…a limité les informations partagées au strict nécessaire approprié aux services qu'elle fournissait et a crypté les données destinées aux co-concractants. Ces données issues de l'onglet statut HIV ont été utilisées pour tester et aider au développement de nouvelles fonctionnalités, comme nos outils de rappel de test HIV lancés récemment.” Trois jours après que le rapport fut rendu public, Grindr s'engagea à arrêter tout partage à des tiers des informations relatives au HIV.

Les militants de la société civile du Myanmar montrent l'envers de l'autosatisfaction de Mark Zuckerberg

Au cours d'un entretien récent avec Vox, le PDG de Facebook Mark Zuckerberg a vanté les mérites de son entreprise à contrôler les messages massifs d'incitation à la haine entre bouddhistes et musulmans, au plus fort de la crise dans l'État de Rakhine au Myanmar à la fin de l'année 2017. En réponse, une coalition de groupes de défense des droits numériques et de la société civile au Myanmar a adressé une lettre ouverte à Zuckerberg, donnant leur version des faits et démontrant comment l'incident a révélé les failles — et non l'efficience — du système de Facebook. Ils écrivirent :

à notre avis, l'incident illustre le contraire d'une réelle modération : il a mis en évidence une dépendance excessive à l'égard des tiers, un défaut de mécanisme de prise en charge urgente du risque d'escalade, une réticence à conduire les parties locales en conflit à trouver des solutions systémiques et un manque de transparence.

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