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#GirlsOnBikes : Des femmes à bicyclette pour se réapproprier les espaces publics au Pakistan

Catégories: Asie du Sud, Pakistan, Cyber-activisme, Droits humains, Femmes et genre, Good News, Idées, Manifestations, Médias citoyens, Sport
[1]

Les Filles à bicyclette se réaaproprient l'espace public [1]. Photo Hasan Haidar via la page Facebook Girls At Dhabas. Utilisation autorisée.

Le 1er avril 2018, des rassemblements à bicyclette ont été organisés dans les trois plus grandes villes du Pakistan (Islamabad, Lahore, et Karachi) par le collectif féministe pakistanais de premier plan Girls at Dhabas [2]. Le rassemblement ‘Girls On Bikes’ (‘Filles à vélo) était leur troisième événement visant à promouvoir la participation féminine aux événements publics, combattre les restrictions subies par les femmes dans les lieux publics et accroître la prise de conscience des difficultés affrontées par les femmes.

Lire aussi (en anglais, non traduit): Les Pakistanaises se réapproprient les espaces publics, une tasse de thé à la fois [3]

En mai 2015, deux jeunes filles de Karachi, Sadia Khatri et Natasha Ansari, ont commencé à employer le mot-clic #GirlsAtDhabas comme espace pour présenter des photos de femmes sur Tumblr [4]. Le mot-clic est devenu viral quand des centaines de femmes de toute l'Asie du Sud ont commencé à partager des photos d'elles-mêmes à des dhabas [5] (cafés ou petits restaurants de rue) sur Twitter et Tumblr, ouvrant des échanges sur les espaces sécurisés pour les femmes. Le collectif était né.

Affiche “Rassemblement Filles à vélo” par Girls at Dhabas. Image de la page événement du groupe Facebook

Sur la page de l'événement [6] du rassemblement à vélo de cette année, Girls At Dhabas précisait :

Through this annual event, we aim to challenge the existing mindset that it is inappropriate for a female or a gender non-conforming person to be out and about on her own. We wish to encourage each other to participate in this collective movement to assert our right to navigate public spaces on our own terms.

Avec cet événement annuel, notre but est de défier l'état d'esprit existant qu'il est inapproprié pour une personne femme ou transsexuelle d'aller et venir seule. Nous souhaitons nous encourager mutuellement à participer à ce mouvement collectif pour affirmer notre droit à nous déplacer dans les espaces publics comme nous l'entendons.

On a vu des femmes rallier les rues de Karachi, Lahore et Islamabad avec des slogans contre le patriarcat et l'inégalité. Girls at Dhabas [7] a tweeté :

Hier était une journée vraiment fantastique. Nous avons eu 70 cyclistes à Islamabad, 70 à Lahore et 30 à Karachi

On a pu voir des affiches avec des slogans tels que “Two-Tyred of Patriarchy” (jeu de mot : à la fois “Deux roues du patriarcat” et “trop fatiguées du patriarcat”), et “Pédalez pour lutter contre le patriarcat”. Showbiz and News a tweeté :

Balayez [votre écran] pour voir les #GirlsOnBikes dans les rues se réapproprier les espaces publics et banaliser les filles à vélo. Bravo à toutes les dames venues soutenir l'opération.

Les gens n'ont pas tardé à communiquer avec le mot-clic #GirlsOnBikes, qui est devenu tendance sur les réseaux sociaux. Inquiète de l'avenir des femmes dans l'espace public, une internaute a tweeté en soutien :

[MALGRÉ TOUT, il y a toujours des ordures dans les rues. Des hommes ont sifflé, fait des vidéos, pris des photos. Ah, et ma préférée, ils ‘faisaient semblant’ de nous foncer dedans avec leurs voitures et leurs motos pour nous effrayer et rigoler ensuite. Vraiment la classe.]

J'espère que le rassemblement des #GirlsOnBikes aidera à normaliser les femmes à bicyclette au Pakistan. J'ai eu l'impression de voir pour la première fois des parties de ma ville. C'était un rêve de pouvoir faire du vélo dans les rues que je parcours quotidiennement en voiture ou en rickshaw. Et de nouveau, faire des coucous aux sœurs qui se serrent les coudes ?

Benje Williams [14], président de l'Amal Academy a tweeté :

“puissions nous dépasser [à vélo] les doigts pointés et les regards fixes, au-delà des ralentisseurs et des voies lentes, sur la voie du milieu et la voie rapide, monter sur les ponts routiers, vers l'infini et au-delà”

La chanteuse Meesha Shafi [19] a tweeté:

Quel dimanche libérateur, rouler à bicyclette avec ces guerrières à travers ces mêmes rues où j'ai été tripotée, harcelée, sifflée et dévisagée dans le passé ! Vous savez quoi, les mecs, votre #TempsEstÉcoulé !!! Bravo à @girlsondhabas pour leur 3e rassemblement annuel !

Il y a de nombreuses images encourageantes des participantes, jeunes ou âgées, dans différentes villes du Pakistan, sur la page Facebook de Girls At Dhabas  [24]:

[25]

Des cyclistes de tout âge à vélo par solidarité via la page Facebook Girls at Dhabas [25]. Utilisation autorisée.

[26]

A Islamabad, Pakistan [26] via la page Facebook Girls at Dhabas. Utilisation autorisée.

[27]

A Lahore, Pakistan  [27]via la page Facebook Girls at Dhabas. Utilisétion autorisée.

Le rassemblement s'est aussi fait critiquer par des utilisatrices de médias sociaux partisanes de rôles définis pour les genres et traitant le rassemblement de mode occidentale. Momina Khan a tweeté :

Cette nouvelle tendance #girlsonbikes est débile. Notre génération est tellement occupée à prouver que les Femmes peuvent faire tout ce qu'un homme peut faire que les Femmes perdent leur singularité. Les femmes n'ont pas été créées pour faire tout ce qu'un homme peut faire. Les femmes ont été créées pour faire tout ce qu'un homme ne peut pas faire.

Lire aussi (en anglais, non traduit) : Aurat March (La marche des femmes) marque la résistance contre la misogynie au Pakistan [29]

Le Pakistan est un pays patriarcal où les espaces publics ne sont pas considérés comme des endroits pour les femmes. Le stéréotype selon lequel il n'est pas convenable pour les femmes d'occuper les espaces publics reste une croyance largement partagée dans le pays. Pourtant, comme le montre le rassemblement ‘Girl on Bikes’, les mouvements qui revendiquent la possibilité d'occuper les espaces publics et aussi d'atteindre l'égalité des droits sociaux, politiques, économiques et reproductifs commencent à monter en puissance.