Brexit et biais ? Les immigrants dans le cadrage des médias anglo-saxons

La campagne d'affichage ‘Je suis un(e) immigrant(e)’, une opération du Joint Council for the Welfare of Immigrants and Movement Against Xenophobia pour “contester le discours négatif contre les immigrants, les glorifier et raconter leur histoire”. (Politique en matière de diffusion)

Mise à jour : Au 4 Avril 2018, ce sont 87 millions d'utilisateurs qui ont eu leurs informations récoltées par Cambridge Analytica. 

Dernièrement, le partage confirmé par Facebook d'au moins 87 millions de profils avec Cambridge Analytica a fait les grands titres, surtout en relation avec les USA. Mais des articles sur cette collusion ont fait pendant quelque temps l'actualité aussi au Royaume-Uni, notamment en rapport avec le référendum national de 2016 sur la sortie de l'Union européenne, aussi appelé “Brexit. Selon les mots utilisés l'an dernier par la journaliste Carole Cadwalladr, c'est la démocratie elle-même qui s'est fait “détourner” dans les activités de Cambridge Analytica ; son article a parlé de “Great British Brexit Robbery” [‘le grand cambriolage britannique du Brexit’] (un article encore sous le coup de plaintes judiciaires).

Jusqu'à quel point les plateformes technologiques ont-elles été exploitées pour modeler les réactions de l'opinion ? C'est un sujet de forte inquiétude, comme dans le cas du Brexit. Quiconque suit le départ de la Grande-Bretagne hors de l'Union européenne d'ici l'an prochain sait que le sujet est intensément émotionnel. Alors, y a-t-il dans le thème du Brexit des aspects sur lesquels la désinformation peut prospérer ? Quelles perspectives pourrait apporter une analyse fouillée à partir des data des informations sur le Brexit ?

Selon une collection de Media Cloud de sources de médias classiques britanniques et étasuniens, et une indexation d'organes de presse qui leur sont liés, le sujet du Brexit est apparu dans quelque 70.000 articles entre le 1er mars 2017 et le 28 février 2018.

Qu'est-ce que Media Cloud ?
Media Cloud est une plateforme open source développée par le Center for Civic Media du MIT et le Berkman Klein Center for Internet and Society de Harvard. Media Cloud a pour objet d'agréger, analyser, livrer et visualiser l'information tout en répondant à des questions quantitatives et qualitatives complexes sur le contenu des médias en ligne.

Parmi les thèmes principaux émergeant dans Media Cloud se trouvent un certain nombre de mots-clé attendus, comme les références à l’élection aux États-Unis et au référendum du Royaume-Uni, ainsi que les personnalités politiques dominantes comme Teresa May ou Boris Johnson.

Cependant, si l'on zoome parmi les termes sur les sujets liés aux potentielles motivations du Brexit, la question de l’économie apparaît avec une plus grande fréquence. Et, thème saillant dans la conversation médiatique, revenait l’immigration.

Nuage de mots classés à partir d'un échantillon d'articles contenant le mot “Brexit” dans Media Cloud. Les mots qui apparaissent plus souvent sont plus gros et en haut de liste. (Agrandir l'image)

Comment ces thèmes étaient-ils discutés dans les médias des USA et du Royaume-Uni en rapport avec le Brexit ?

La substance négative de l'immigration

Pour nous faire une idée de la teneur du discours autour de l'immigration, notre outil Bias Prism [de mesure des biais] a mouliné les termes-clé en rapport avec les discussions autour de l'immigration. Le Bias Prism est un outil de Traitement automatique du langage naturel qui analyse le langage à la recherche d'expressions de points de vue personnels et de biais potentiels.

Qu'est-ce que Bias Prism?
Bias Prism est une fonctionnalité expérimentale en cours de développement par le Behavioral Modeling and Computational Social Systems Group [Groupe de modélisation comportementale et des systèmes sociaux computationnels] de l'université Georgia Tech en partenariat avec NewsFames. Les résultats des algorithmes de traitement du langage naturel signalent nombre de manières possibles dont des textes peuvent faire usage de langage orienté ou biaisé. En savoir plus [en] >>

L'outil Bias Prism veut offrir des modes de pensée plus précis sur la présence d'orientations ou de biais dans les déclarations. Plutôt que de produire un résultat “biaisé/non biaisé”, les chercheurs sont capables d'analyser des textes sous de multiples aspects, tels que le sentiment ou les expressions de doute.

En comparant les échantillons de mots-clé marqués pour examen plus approfondi, les articles parlant d’immigration ont utilisé plus de termes — comme “damaging (dommageable)” “anxieties (anxiétés)” “crisis (crise)” — signalant des orientations et des émotions que ceux utilisés pour discuter d’économie, même si les phrases à propos d'économie étaient plus nombreuses.

En poursuivant l'exploration des articles en contexte, les mots-clés immigrant ou immigrants sont aussi arrivés au premier plan, et suivaient le même schéma, avec des résultats du Bias Prism autour d’immigrant apparaissant légèrement plus orientés ou biaisés que ceux autour d’immigration.

Notre examen de plusieurs échantillons de Media Cloud a étudié 4.500 mots. Sur la base d'une analyse statistique des résultats de Bias Prism, les mots-clé liés à “immigration” et “immigrant” ont révélé une propension significative à un langage plus orienté ou biaisé. Les moyennes pour chaque échantillon — ensemble des mots-clés du Brexit, concentrés autour d'économie, autour d'immigration, et autour d'immigrant — étaient progressivement plus élevées. Des chiffres plus élevés indiquent le potentiel de plus d'orientation ou de biais. La progression était légère, mais le volume ou densité  générale des résultats penchait nettement vers le haut, comme le montre ce graphique :

Cette ‘boîte à moustaches’ la position de la majorité des 4.500 résultats dans l'échelle du Bias Prism sur les thèmes économie, immigrant, et immigration. Les nombres plus élevés indiquent le potentiel de plus d'orientation ou de biais. Source: NewsFrames

Il faut garder à l'esprit que toute orientation ou tout biais n'est pas forcément négatif. il y en a de partisans et qui reflètent une opinion particulière, ou ils peuvent même être positifs. prenez par exemple quelques-uns des mots apparus dans notre recherche, comme “high-skilled (hautement qualifié”, “innovative (innovant)” ou “optimism (optimisme)” — tous situés du côté ensoleillé du spectre.

Néanmoins, dans le graphique ci-dessous, on voit les premiers mots marqués pour étude en association avec “économie”, “immigration” ou “immigrants”. On constate que la connotation négative prédomine dans les mots listés :

Termes marqués par Bias Prism pour examen plus détaillé, liés à économie, immigration, et immigrant dans les articles sur le Brexit de mars 2017 à février 2018. Inclure tous les termes ci-dessus dans les moyens du jeu de données auraient fait sortir encore plus de mots à examiner. Source : NewsFrames (Agrandir l'image)

Dans l'échantillon cité plus haut, il y avait au total 44.401 phrases associées au terme économie dans la requête Brexit sur Media Cloud. Les résultats marqués de notre échantillon ont donné 38 mots (colonne de gauche). L'échantillon immigration, dérivé de 22.068 phrases, a produit 57 marques (colonne du milieu). Mais immigrant, qui avait le plus petit nombre de phrases (4.862), a atteint le maximum avec 69 mots sur le bout des biais du spectre (colonne de droite).

Puisque c'est immigrants qui semble générer le plus de tension, regardons de plus près certaines de ces conversations en contexte.

Petits caractères et cadre large

Si on explore les articles un par un, les enjeux peuvent être difficiles à comprendre.

Prenons par exemple les informations récentes sur le phénomène migratoire. Fin février, l'Office des Statistiques nationales du Royaume-Uni (ONS) publiait son habituel Rapport statistique trimestriel sur les migrations.

De nombreux articles d'information ont suivi. A voir les textes eux-mêmes de divers articles, on ne trouvera guère de quoi s'inquiéter. Prenons les introductions de ces trois exemples, dont les chiffres peuvent prêter à confusion à leur manière :

Article 1 : Phrases introductives

Net immigration has risen to 244,000 a year in a reminder of the scale of the task facing the government to curb numbers.
The net flow to the UK in the year to September was up from 230,000 in the 12 months to June.
The increase was driven mainly by a rise in arrivals from outside the EU, with immigration from the bloc slipping sharply, according to the Office for National Statistics (ONS).

L'immigration nette a augmenté à 244.000 par an, rappelant l'étendue de la tâche qui attend le gouvernement pour faire baisser les chiffres.
Les entrées nettes au Royaume-Uni de l'année jusqu'en septembre ont dépassé de 230.000 celles sur 12 mois en juin.
L'accroissement tenait surtout à une augmentation des arrivées en provenance de l'extérieur de l'UE, avec l'immigration venant du bloc en forte glissade, selon l'Office des statistiques nationales (ONS).

Article 2 : Phrases introductives

The number of EU citizens leaving the UK is at its highest level for a decade with 130,000 emigrating in the year to September, figures show.
But 220,000 EU nationals still moved to Britain over the same period, the Office for National Statistics found.
That is 47,000 fewer than the previous year.

Le nombre de ressortissants de l'UE quittant le Royaume-Uni est à son plus haut niveau depuis dix ans avec 130.000 émigrants dans l'année jusqu'à septembre, montrent les chiffres.
Mais 220.000 ressortissants de l'UE se sont encore installés en Grande-Bretagne dans la même période, a établi l'Office des statistiques nationales.
C'est 47.000 de moins que l'année précédente.

Article 3 : Phrases introductives

Net migration from Europe has fallen below 100,000 for the first time in six years, ONS figures show.
Some 90,000 more EU migrants arrived in Britain than left in the year to September 2017, a significant dip which statisticians suggest is the result of Brexit.
It is the first time net migration from the bloc has dipped below six figures since the year to March 2013, when it was 95,000.
The last time the measure was lower was in 2012, when it was 82,000.

La migration nette d'Europe est tombée en-dessous de 100.000 pour la première fois en six ans, montrent les chiffres de l'ONS.
Quelque 90.000 migrants de l'UE de plus que les départs sont arrivés en Grande-Bretagne dans l'année jusqu'en septembre 2017, un plongeon significatif qui selon les statisticiens est la conséquence du Brexit.
C'est la première migration nette à moins de six chiffres depuis l'année à mars 2013, où elle était à 95.000.
La dernière fois que le compte était inférieur était en 2012, à 82.000.

Aussi obscures que ces phrases puissent paraître, rien n'y semble particulièrement déformé. Pour confirmer cette évaluation, le Bias Prism a été utilisé sur ces articles pour savoir s'il y avait des différences marquées, comme nous l'avons fait avec les mots “économie”, “immigration” et “immigrant.” Les résultats sont apparus similaires pour les trois.

Mais avec un peu de recul, tout le cadrage du problème dans le premier article diffère nettement comparé avec les deux autres. Il suffit dans ce cas de regarder les titres : le sujet était-il que les gens immigraient au ou émigraient du Royaume-Uni ?

Article 1 : Titre

Net immigration RISES to 244,000 a year and is still more than DOUBLE the PM's target but numbers from the EU drop below 100,000 for first time since 2013” (L'immigration nette AUGMENTE à 244.000 par an et reste plus du DOUBLE de l'objectif du Premier Ministre mais le nombre en provenance de l'UE descend sous les 100.000 pour la première fois depuis 2013)
The Daily Mail

Article 2 : Titre

Migration figures: Highest number of EU nationals leaving UK in a decade” (Chiffres de l'immigration : le nombre le plus élevé de ressortissants de l'UE quittant le Royaume-Uni depuis dix ans)
–  BBC

Article 3 : Title

Net migration from Europe falls below 100,000 for first time since 2012” (La migration nette depuis l'Europe tombe en-dessous de 100.000 pour la première fois depuis 2012)
The Telegraph

Le sens plus large des articles est défini par les titres mêmes. Dans le cas du Daily Mail ,orienté à droite, le titre se demande si le gouvernement en fait assez pour réaliser ses objectifs sur l'immigration au Royaume-Uni, et tenir sa promesse liée au Brexit de restreindre les mouvements de population. Alors que, dans les cas de la BBC et duTelegraph plus centriste, la question est de savoir si les craintes des résidents de l'UE relatives au Brexit ont déjà un impact ou non.

Pour un avis sur ces deux interprétations, nous nous sommes tournés vers l'Observatoire des Migrations de l'Université d'Oxford, un projet universitaire de recherche qui fournit “une analyse impartiale, indépendante, faisant autorité et basée sur des preuves des données sur la migration et les migrants au Royaume-Uni.”

Leur position est que les chiffres ne sont pas concluants. L'Observatoire écrit que “ces chiffres des titres ne nous disent rien en substance quant à savoir si les changements dans la migration avec l'UE depuis le référendum sont une bonne ou une mauvaise chose pour le Royaume-Uni.” Ils pointent l'absence d'informations données par ces chiffres : ni sur les compétences, ni sur les revenus ou activités des immigrants, sans compter les facteurs d'intégration tels que l'apprentissage de l'anglais.

Au cœur du cadrage de l'immigration se trouvent deux questions plus vastes. La première est : la migration est-elle économiquement bénéfique pour un pays. C'est une question qui a produit son lot d'études concluant qu'une migration nette positive est en général positive (dont les plus récentes de Breugel ou de la Harvard Business Review).

Ce tableau d'un impact économique globalement positif de l'immigration étonnera peut-être certains participants aux discussions sur le Brexit. Mais même s'il existe un consensus sur les effets économiques d'ensemble, il reste un espace de désaccord sur la valeur de la migration. C'est ce qui est au centre de la deuxième question : qu'est-ce qui provoque tant de négativité autour des immigrants si ce n'est pas l'économie ?

Le ‘genre d'endroit où nous voulons vivre’

Selon les mots d’une autre analyse de l'Observatoire des migrations,

Economic estimates are important, but limited in that they cannot resolve important judgements about the type of society people want. These preferences over the ‘sort of place we want to live in’ can drive people’s views and choices on migration just as much as the ‘pure’ economic factors.

Les calculs économiques ont leur importance, dont la limite est cependant leur incapacité à résoudre les jugements essentiels sur le type de société voulue par les gens. Ces préférences sur la ‘sorte d'endroit où l'on veut vivre’ peut décider des idées et choix des gens sur la migration au moins autant que les facteurs ‘purement’ économiques.

Pour le dire peut-être autrement, le débat autour des immigrants concerne aussi les valeurs. Et certes, les valeurs ont aussi compté parmi les thèmes dominants s'agissant d'écrire sur les immigrants et le Brexit.

Termes dominants autour d’ ‘immigrant’ dans les résultats sur le sujet du Brexit. Source : Media Cloud

Un des articles avec le plus de liens dans les résultats de Media Cloud sur le thème des valeurs et des immigrants était le discours Plan For Britain (plan pour la Grande-Bretagne] de Theresa May le 17 janvier, dans lequel elle fixait les 12 priorités du gouvernement à propos du Brexit.

Dans son message à l'Europe, May a mentionné les valeurs à plusieurs reprises, ainsi :

So to our friends across Europe, let me say this. Our vote to leave the European Union was no rejection of the values we share. … For all these reasons – and because of our shared values and the spirit of goodwill that exists on both sides – I am confident that we will follow a better path. I am confident that a positive agreement can be reached. [emphasis added]

À nos amis dans toute l'Europe, je dirai donc ceci. Notre vote pour quitter l'Union européenne n'était nullement un rejet de nos valeurs communes… Pour toutes ces raisons – et à cause de nos valeurs partagées et de l'esprit de bienveillance qui existe des deux côtés – j'ai confiance que nous suivrons un meilleur chemin. J'ai confiance qu'un accord positif pourra être atteint. [mots soulignés par l'auteur]

Dans le même temps, May évoquait la question de l’immigration :

Britain is an open and tolerant country. We will always want immigration, especially high-skilled immigration, we will always want immigration from Europe, and we will always welcome individual migrants as friends. But the message from the public before and during the referendum campaign was clear: Brexit must mean control of the number of people who come to Britain from Europe. And that is what we will deliver. [emphasis added]

La Grande-Bretagne est un pays ouvert et tolérant. Nous voudrons toujours une immigration, notamment une immigration hautement qualifiée, nous voudrons toujours une immigration d'Europe, et nous accueillerons toujours les migrants individuels comme des amis. Mais le message de l'opinion avant et après la campagne du référendum était clair : le Brexit doit signifier le contrôle du nombre de personnes venant en Grande-Bretagne depuis l'Europe. Et c'est ce que nous réaliserons. [mots soulignés par l'auteur]

Cependant, pour nous faire une idée des interactions entre valeurs et immigration (du moins, autant que cela peut ressortir des informations en général), Media Cloud nous a permis d'explorer les combinaisons de mots apparaissant le plus fréquemment avant et après “valeurs” dans les sources médiatiques.

Le mot “values” (valeurs) en contexte dans les articles sur les immigrants dans la requête sur le sujet du Brexit dans Media Cloud. Les mots les plus souvent associés à “valeurs” à gauche et à droite, provenant d'un échantillon de 1.000 fragments de phrases sont représentés. (Agrandir l'image)

De nombreuses conversations apparaissent ci-dessus, mais des termes à souligner sont “threat (menace)”, “destroying (détruisent)”, et “white western (occidental blanc)” d'une part ,contre “openness (ouverture)”, “tolerance”, et “respect”. Il ne semble pas que ces tensions concernent uniquement l'immigration depuis l'UE vers le Royaume-Uni. Il est important de noter qu'une partie de la tonalité générale des articles sur le Brexit et l'immigration provient des auteurs américains et du point de vue des USA, prenant en compte les problématiques similaires qui ont émergé autour de l'élection de Donald Trump à la présidence des USA.

Mais au Royaume-Uni, selon le plus récent rapport gouvernemental sur les nationalités, les entrées sont à la fois d'origine UE et non-UE. Le premier pays de naissance hors Royaume-Uni est la Pologne, membre de l'UE. L'Inde et le Pakistan, anciennes colonies dans le cadre de l'Empire britannique, viennent ensuite.

Les cinq premiers pays de naissance et les cinq premières nationalités hors Royaume-Uni du rapport 2016 de l'ONS.

Quoi qu'il en soit, s'il y a une dissonance de valeurs et d'attentes entre anciens et nouveaux citoyens, quelles sont au juste les valeurs introduites par les immigrants ?

Elles n'étaient pas disponibles en tant que telles du moins dans les 1047 articles et commentaires d'articles avec des phrases sur les immigrants et valeurs présentées pour examen par Media Cloud. Nous avons donc dû aller au-delà de l'information proprement dite, pour trouver des dimensions approfondies sur les immigrants grâce à des opérations comme celle d'#IamAnImmigrant (Je suis un(e) immigrant(e) lancée en 2015 (image en tête de cet article).

Quelles “images” d'immigrants existent aujourd'hui dans les médias, est une question importante, puisque un jeune de 15 ans sur quatre est un immigrant ou lié à des immigrants dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). D'après cette étude, l'intégration dans les sociétés d'accueil peut être difficile pour les enfants immigrants à cause de leur histoire. Mais un des apports de ces derniers a été une motivation générale plus grande de réussir – une valeur plutôt positive.

Presque un élève de 15 ans sur quatre a indiqué être soit né à l'étranger soitavoir au moins un parent né à l'étranger. Source: OCDE (Agrandir l'image)

Mais tandis que la question de l'intégration en elle-même semble faire l'actualité, une bonne compréhension de ceux qui tentent de s'intégrer ne paraît pas prédominer dans la couverture médiatique. Du moins à en juger par le point de vue général qui ressort des données examinées ici.

Biais et cadrage, manipulation et compréhension

Le problème ici est moins le biais dans le traitement de l'information que le cadrage. Quand les journalistes britanniques et américains ont relayé les tensions liées à l'immigration et aux immigrants en rapport avec le Brexit, ils ont certainement apporté leurs interprétations et points de vues. Mais savoir si certains articles étaient plus biaisés n'est pas la question à laquelle nous essayons de répondre.

Le cadrage peut être une réponse humaine naturelle pour interpréter des situations complexes. La lutte pour comprendre la question de l'immigration est en partie le résultat de la lutte pour une intégration à grande échelle, qui inclut des déplacements majeurs de population à travers le monde en général et au Royaume-Uni en particulier. Si le nombre d'immigrants a doublé dans les 25 dernières années, alors l'augmentation des rencontres avec les nouveaux citoyens et les nouvelles idées génèrent naturellement des discussions sur ce qui constitue la culture britannique.

Il ne faut pas oublier non plus que les citoyens du Royaume-Uni migrent eux aussi et font l'objet des discussions sur l'intégration ailleurs. De fait, le Royaume-Uni a compté en 2015 parmi les 10 premiers pays fournissant des migrants au reste du monde.

La question ici est celle de l'élargissement du cadre, dans le cas présent, la teneur générale autour des immigrants dans les média, qui s'avère plutôt négative. Les cadres sont nécessaires mais peuvent aussi jouer des tours. Même s'il relaie avec exactitude les peurs de l'Autre, le poids du cadrage dans les médias sur les articles au sujet de l'immigration peut amplifier par inadvertance les opinions rapportées.

Les craintes de manipulation générées par le récent scandale Cambridge Analytica nous rappellent en effet que les campagnes de désinformation peuvent être bâties non seulement sur des informations fausses, mais aussi sur des interprétations humaines de faits ou des croyances politiques.

Que peuvent faire les organes de médias dignes de confiance pour encourager des débats sains sur les valeurs autour de l'immigration, et faire connaître plus de faits sur les immigrants et leurs valeurs ? C'est peut-être la réponse à cette question, et la réflexion sur le cadrage, qui peuvent aller dans le sens de la construction du genre d'endroit où nous voulons tous vivre.

Merci à C.J. Hutto pour ses retours sur cet article.
* Les data relatives à cet articles se trouvent ici.

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